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Enfin, disons plutôt qu'il n'a pas l'air content de se trouver en face de Matieu. Je suis à moitié perplexe et à moitié impatiente de savoir ce qui se trame. Ce n'est peut-être pas très sympa, mais c'est mon caractère. Je suis comme ça.

« Hé, le blond ! »

Matieu se retourne.

« Oui toi... »

Ils sont à présent à 1 mètre de nous.

- Tu les connais, Maylee ? me demande Matieu, inquiet pour moi – même si ça devrait plutôt être l'inverse...

- Euh... Oui. C'est des gars de ma classe.

- D'accord, dit-il, en hochant la tête. Qu'est-ce qu'il y a ? leur demande-t-il.

- On veut te parler, annonce Marin, d'entrée.

Kade n'a pourtant pas l'air d'être en état de parler, on dirait qu'il est prêt à le taper à tout moment.

- Ok.

- Attendez, dis-je enfin, c'est peut-être un malentendu.

- Un malentendu ?

C'est Kade qui a parlé.

- Un malentendu ? répète-t-il. Impossible...

- Bon, t'inquiète pas, j'y vais, tente de me rassurer Matieu. Je te rejoins après, ok ?

- Ok... dis-je en m'éloignant.

Tout ça cache quelque chose... Ce qui me turlupine quand même, c'est Kade. Alors, lui, il doit AU MOINS avoir une tendance bipolaire. Un coup il rigole avec Marin, la vie est belle, c'est le monde des bisounours, un autre il est complètement stoïque, genre « ma vie est nulle et fade, je veux mourir » et encore un ou il est carrément en rage ! Du coup, il serait plus tripolaire... Sans blague.

Je regarde de loin.

Leur situation semble s'envenimer de plus en plus, je me sens même prête à intervenir (c'est vous dire, j'ai peur des garçons, à la base), et je compte aussi un peu sur Marin, qui est disons le mec « neutre », un peu l'arbitre. Bref, je compte un peu sur lui aussi.

Sauf que là, contre toute attente, Matieu s'assied par terre et de loin, je dirais qu'il pleure mais, je n'en suis pas sûre.

Dans ma tête, on me crie de prendre parti pour Matieu, c'est mon ami d'enfance, et Kade vient de le faire chialer – ce qui n'est pas peu dire, même si il était déjà pleurnichard, à l'époque – et... Mais je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à me dire que 'Super Beau-Gosse' est un con. C'est ça qu'est con.

Il se relève, avec l'aide de Marin, pendant que Kade boude, oui parfaitement, comme un petit gamin, les bras croisés sur la poitrine qui leur fait dos. Et donc, qui me fait face.

Je sais qu'il m'a vue, mais il détourne le regard, et commence à partir. J'ai l'impression que ça va mieux, mais vous connaissez le dicton :

« Ne jamais croire que le plus gros est passé, les tornades arrivent toujours après une petite averse. »

La sonnerie retentit. Je vais me ranger et je me rends compte que le dicton est applicable ici aussi :

Le club des 4 me tombe littéralement dessus.

« Alors ? Il t'a dit quoi ? »

« Vous allez vous mettre ensemble ? »

« Il a été gentil ? »

« Vous avez bien 'discuté' ? »

« Il est beau hein ? »

« Il est sympa ? »

J'avais cessé de t'attendreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant