Action ! (SOUS CONTRAT D'ÉDITION)

Chapitre 1 (partie 1). Le blond au sourire ravageur.

" Notre vie est définie par des opportunités, même celles qu'on manque. " - L'Étrange histoire de Benjamin Button, David Fincher.

Point de vue de Daria.

Séville, Espagne.

Le 5 octobre 2017.

Cette matinée est semblable à toutes les autres, comme une rengaine qui se répète inlassablement depuis un mois. Assise sur l'un des nombreux bancs en marbre qui longent l'école, je fixe le vide, écouteurs aux oreilles, luttant contre cette fatigue tenace qui fait vaciller mes paupières. La chaleur espagnole frappe délicieusement ma peau et réchauffe mon âme. Dans le but de combler mon ennui, je laisse mes yeux parcourir l'imposant édifice face à moi et instinctivement, je ressens une certaine fierté m'envahir. Qui m'aurait pensé capable d'en être là aujourd'hui ? Certainement pas moi ni même ce manque excessif de confiance que je traîne comme un boulet à la cheville.  Subitement, je sors de mes rêveries en me rendant compte qu'une voix familière se pose sur les Rolling Stones qui hurlent dans mes tympans.

— Daria ? Oh, tu m'entends ? s'impatiente Camila en retirant l'un de mes écouteurs.

Le sourire étincelant de ma meilleure amie me passe toute envie de grogner. Ses longs cheveux dorés virevoltent au gré du vent et le soleil éblouit ses iris vert émeraude qui paraissent translucides. Camila et moi, c'est une longue histoire singulière. Nées de deux pères espagnols et cousins, nous avons toujours fièrement prôné à qui veut bien l'entendre, ce lien familial et si particulier qui nous unit. Notre duo est ma force, mon pilier et un appui solide sur lequel je me repose, bien souvent. Nos caractères sont foncièrement différents et pourtant, sa douceur et sa sagesse s'entremêlent parfaitement à mon impulsivité et mon tempérament volcanique.

Le cinéma a toujours été une passion redondante pour nous, hantant nos esprits comme un véritable leitmotiv. Un rêve commun de devenir actrice, nourri par un espoir grandissant qui ne nous a jamais lâché. Alors après le lycée, les échecs d'orientation et les petits jobs sans importance, l'école d'art dramatique s'est révélée être une véritable évidence. Après avoir quitté pères et mères, nous voilà en Espagne pour réaliser nos projets et suivre les origines de nos ancêtres sévillans. Loin des obligations parentales et de la grisaille parisienne, nous vivons dans un charmant appartement au beau milieu du centre-ville animé, à quelques pas du Real Alcázar.

— Oui, ça va, ça va, je t'ai vue.

Je soupire avant de me décaler sur le banc pour lui laisser davantage de place. Son visage s'approche du mien pour venir me claquer un baiser sur la joue, comme tous les matins. Fort heureusement, mon mauvais caractère ne l'a jamais rebutée, je crois même qu'il a fini par l'attendrir.

— Tu es partie bien vite de l'appartement. Quelque chose ne va pas ? me questionne-t-elle, inquiète.

Elle fronce légèrement le regard et replace correctement l'une de mes mèches de cheveux derrière l'oreille, à la manière d'une mère poule. Je sens la présence de son minois angélique venir aborder mon visage froid. Elle semble analyser mes réactions comme une psychothérapeute.

— Tout va bien, je suis juste un peu fatiguée, ne t'en fais pas.

Camila grimace automatiquement et semble ne pas avaler le mensonge que je viens de lui sortir. Évidemment. Elle me connaît trop bien pour que je puisse m'en sortir aussi facilement. Je l'évite du regard, faisant mine d'admirer l'incroyable végétation qui borde l'établissement.