Chapitre 7 - Derek

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Cela fait longtemps maintenant que je me pose la question, mais je me demandais qu'est-ce que j'avais bien pû faire au bon Dieu pour m'être fait embarqué dans une aventure pareille.

Le même jour, je m'étais transformé en proie pour un fauve de deux mètres, fait à moitié saigné à blanc par cette charmante créature, sauvé par une gamine puis traîné sur des kilomètres dans la neige pour me réveiller allongé dans un lit que je ne connaissais pas, à moitié momifié par des bandages.

Lorsque je rouvris les yeux pour la première fois, j'étais dans une maisonnette semblable à un petit chalet.
Le feu de bois apportait une chaleur diffuse et agréable, donnant au logis un je-ne-sais-quoi de joyeux et apaisant.
La pièce où je me trouvais étais séparée de la salle commune par une teinture blanche comme celle des hospices, en plus propre. Des voix féminines étouffées me parviennent de la pièce d'à côté.
Cette atmosphère calme, l'odeur douceâtre des plantes séchées, le bruit silencieux des flocons derrière la fenêtre... Tout cela ne m'étais pas inconnu...

Soudain, un sentiment de profond malaise m'étreingnit le cœur, confus, indéfinissable.
Je me crispai instantanément, en proie à une monté d'angoisse. Le vide, toujours, et pourtant... .
J'avais la sensation d'être sur le point de me souvenir, me rappeler.

"Mais qu'est-ce que..."
Je commençais à m'agiter sur la couche en proie à une peur vieille comme le monde, celle de l'oubli car plus je tentais de mettre un image précise, un son, plus la sensation m'échappait, se perdant invariablement dans les méandres de ma mémoire.

Pris de panique, je me mis à aletter. L'air se bloquait dans ma gorge, changeant me respiration en un sifflement à peine perceptible.
La crise était arrivée.
Je me débats, tente de me libérer des bandes de tissus qui étouffent ma poitrine en vain.
La pièce vacille autour de moi. Deux taches noires brouillent mon champ de vision, engloutissant tout.
Le sang pulse doulereusement à mes tempe accompagné d'un bourdonnement sourd.
Je suis en train de mourir, asphyxié.

Conscient du danger, je tentai de reprendre le contrôle dans un ultime effort.
"Calme-toi, Derek, ne panique pas, inspire - expire, calmement. Voilà, c'est bien."
Progressivement, mes poumons se décrispèrent et se remplirent d'air à nouveau. Ma respiration redevint régulière puis ma vision se rétablit. Tout mon corps se détendit et je cessais de m'agiter sur le matelas.
Peu à peu, la crise passa, me laissant avec une mélancolie profonde et une tristesse sans nom, comme un chagrin oublié.

Toujours immobile, je contemplais le plafond pendant de longues minutes, conscient d'être passé à deux doigts d'enfin retrouver un souvenir et - évènement non moins important - d'un décès par asphyxie.

Après réflexion, cela aurait quelque chose de franchement ironique. Avoir frôlé la mort un nombre incalculable de fois pour mourir étouffé par soi-même, ça ne manque pas d'un certain humour.
Comme quoi, le destin aussi sait plaisanter..

Absorbé par l'étude des poutres du plafond et de l'humour du Créateur, je repassais en boucle les impressions à l'origine de la crise.
Ce n'était pas tant la maison que l'esprit tranquille qui y régnait qui m'avais laissé un curieux sentiment de sécurité.
Néanmoins, malgré tous mes efforts, je me retrouvais incapable de mettre le doigt sur l'image qui me venait à l'esprit. Il me semblait que dès que je parvenais à m'en approcher, elle s'évaporait toujours plus loin dans l'inconscient.
Épuisé, je fermais les yeux et finit par sombrer dans un sommeil de plomb.

C'est un claquement de porte suivit de cris qui met réveilla pour la deuxième fois, mettant fin à un repos réparateur.
Je m'assis sur le lit en râlant, mécontent de ce réveil forcé et imprévu.
C'est alors que je m'aperçus que mes bandages avaient été changés, me permettant plus de liberté de mouvements. Les plaies récentes dues à mon "duel" avec le fauve avaient été nettoyées, séchées, recouvertes de bandages avec soin, ainsi que d'anciennes blessures qui n'avaient pas encore cicatrisées.
Je restais un petit moment à admirer le travail minutieux accompli.
Qui que soit la personne qui l'avait réalisé, il faudrait que je songe à la remercier comme il se doit.

La Légende d'EdenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant