Si un jour quelqu'un m'avait dit que j'emmènerai chez moi une guérisseuse traumatisée et une ex - princesse en fuite après la destruction d'un village par un riche seigneur, je lui aurais probablement ri au nez.
Et pourtant, force est de constater que c'était exactement ce qui était en train de se passer.Nous étions en effet en train de suivre une piste verglacée qui serpentait dans la montagne sur des dizaines de kilomètres. Un chemin assez spécial pour moi, puisqu'il conduit tout droit au lieu où j'ai passé l'essentiel de ma vie : mon refuge.
Jusqu'à présent, la seule et unique personne à y avoir accédé était Rouge aussi j'étais quelque peu tendu à l'idée de dévoiler l'emplacement de mon repaire à de totales inconnues. Méfiant, je profitais que la pente s'adoucissait pour observer mes compagnons d'un peu plus près.
Idriss (la jeune femme qui m'avait guéri) était âgée d'environ 18 ans. De long cheveux argentés encadraient un visage long et régulier aux courbes dures. Son teint plus pâle que la normale et ses paupières doulereusement sérées laissaient entrevoir la fatigue immense qui l'habitait. Aussitôt installée sur le dos d'Altaïr, Al pour les intimes (chose que je ne serais jamais avec un monstre pareil), elle avait sombré dans un sommeil agité, se réveillant régulièrement en sursaut pour se rendormir tout aussi rapidement.
Sa blessure à la cuisse droite devait la faisait beaucoup souffrir parce que des grimaces apparaissaient de temps à autre sur son visage, lorsque le a bête remuait.
Je déglutis péniblement. Il faut dire qu'avec ses deux mètres au garrot, griffes acérées, cros en poignard et ses pattes grosses comme celles d'un ours, Altaïr avait de quoi impressionner. En comparaison, la frêle jeune fille qui avançait péniblement à ses côtés paraissait bien petite, silhouette souple et agile sous une épaisse mante de laine.
Ses quelques maîches rouge vif qui s'échappaient du bord rabattu de la capuche détonnaient dans le paysage blanc uni. Son expression déterminée, marquée par un nez volontaire et une paire d'yeux souriants se dessinait sous les plis du tissus. À en juger par ses mains et la qualité du tissus de ses vêtements, elle ne devait pas voyager depuis longtemps car bien que présentant de multiples cicatrices, ses mains n'étaient ni rouges ni enflées. De plus, les os de ses phalanges étaient bien alignés sans bosses ni déformations, signe d'un travail manuel à répétition.
Mais est - elle celle qu'elle prétend être pour autant? J'évittai un tronc, songeur. La fameuse princesse exilée, hein ? Les récits des villageois la présente plutôt comme un monstre difforme, assoiffé de vengeance qui erre aux frontières du royaume pour rallier les autres pays à sa cause et ainsi provoquer la chute du Royaume d'Eden. Et accessoirement venir manger les gosses casse pieds. Comme quoi, il ne faut pas croire tout ce qu'on raconte.
Au bout de pénibles heures de marche, le sentier déboucha sur une petite clairière au centre de laquelle se tenait fièrement un hutte de branchages. La princesse s'arrêta quelques instants, l'air troublée.
"C'est vraiment ce..euh...cette chose qui vous sert de logis ?"demanda - t -elle. Je lui répondit que oui et que si elle n'était pas satisfaite, elle pouvait toujours dormir dehors. Elle trouva soudain la cabane très à son goût.Franchement, si son altesse se révélait aussi pénible que ce qu'elle en avait l'air, je n'aimais pas tarder à la foutre à la porte à grand renfort de coups de pieds au derrière, princesse ou pas.
Je pénétrai en soupirant à sa suite dans l'abris, quand soudain une secousse digne d'un séisme agita les murs et le toits.C'était le tigre qui tentait tant bien que mal de passer par la porte, à peu près deux fois plus petite que lui. Je me retournais en jurant vers la bête. La princesse éclatta d'un rire joyeux, qui détonnait avec toute sa personne.
"Vous ça drôle, peut-être ?
- Oh oui, si vous voyiez votre tête !"rit - elle en se tenant les côtes.
Le tigre tourna vers moi sa grosse tête trempée, blasé. Je lui rendis son regard sans crainte.
"Désolé, ma maîtresse est un peu neuneu, soupira - t - il.
Je me sentis un brin de compation pour la pauvre bête. La princesse ne réagit pas. Soudain je réalisai que la voix avait résonné directement dans ma tête. Je demeurai muet quelques secondes.Circeï, s'étant calmée à grand peine, s'avança à l'intérieur de l'abris. "Je t'avais promis des réponses à ce sujet et je vais te les fournir. Mais avant..." Elle fit asseoir Altaïr dan un coin et décendit avec précaution le corps inanimé d'Idriss. Son visage était d'une pâleur cadavérique.
J'alumais un feu et ajouta quelques brindilles. Les provisions commençaient à se faire rares, et en Hiver, tout devient sujet à économies.
Nous nous regroupâmes en cercle autour du foyer. On entendait le vent qui sifflait au travers des pins et tous se taisaient, écoutant avec inquiétude ce souffle calme qui annonçait la tempête.Le silence était seulement troublé par le doux crépitement des flammes. Mille petites étincelles voletaient joyeusement dans l'air glacé, seules marques de vie au milieu des ténèbres.
Circeï prit la parole : "Tu as dit que tu voulais en savoir plus, alors vas-y, je t'écoute."Je pris quelques secondes pour peser mes mots. J'allais ouvrir la bouche quand une voix irritée s'incrusta dans mon esprit :
"Bien sûr que Circeï est véritablement la llleme princesse. Réfléchis, seuls les nobles, ont la possibilité d'invoquer et de passer un pacte avec un gardien. Et moi, je suis l'un des meilleurs qu'il puisse exister - sans vouloir me vanter-."
Je notais au passage l'égo surdimensionné de la peluche.
"Je n'aurais jamais accepter de me lier à une sous - branche", ajouta - t - il avec dédain."Qu'est - ce qui se passe ?" demanda alors une voix enrouée.
C'était Idriss qui venait à peine de revenir à elle.
Aussitôt, Circeï se précipite vers elle avec un cris de joie. Un peu surprise par la réaction de la princesse, la guérisseuse tourne vers moi un regard étonné, auquelle je répondis par un vague mouvement d'épaules.Sentant la foule de questions muettes, Altaïr se mis en devoir de clarifier quelques points : "Les hommes qui vous ont attaqués sont à nos trousses depuis un peu plus de six mois. Le meneur est un noble de la famille Lintenquer. Ils cherchent à capturer la princesse pour l'offrir en cadeau au prince.
- S'il veut les bonnes grâces du prince, il ferait mieux de s'abstenir, marmmonais - je.
- Et pourquoi donc, je te prie?!
- Simple intuition".
Choquée, la princesse rougit comme une tomate.
- Je ne te permet pas de mettre en doute mon comportement à la fois responsable et ...- Bref, l'interrompit Idriss, une chose m'échappe. Pourquoi un noble d'une région aussi isolée que le Pôle souhaiterai rentrer dans les petits papiers de la famille royale ? Il veut une place à la cours ou quoi?
- On peut voir ça comme ça. En fait il veut former une alliance avec l'une des cinq familles primaires, les Bohort, en mariant son fils Godefroy avec la comtesse Laudine.
- Mais pour cela, il faut qu'il obtiennent le consentement de mon frère, c'est obligatoire, intervint Circeï. Ce système a pour but d'éviter que les familles puissante fassent de l'ombre à la couronne."Un profond silence s'installa autour du feu. Une foule de questions trottaient dans ma tête. Pourquoi Lintenquer chercherait-il l'appui d'une famille aussi puissante que les Bohort ? Comment comptait-il s'y prendre et comment la princesse avait eu accès à ses informations ? Mais plus que tout, pourquoi nous parlait - elle de tout cela?
La princesse Circeï avait été bannie du Royaume d'Eden pendant 8 longues années. Elle avait eut tout le temps de voir le monde et sa misère. Lorsque l'on est à seul, la première chose que l'on apprend est de ne faire confiance à personne, pas même soit. Pourquoi une fugitive recherchée allait expliquer à deux inconnus qui elle était ?
"Pourquoi nous raconte - tu tout cela ?"
Circeï se contenta de fixer le feu sans répondre. Derrière elle, Idriss l'observait intensément attendant sa réaction. La princesse releva lentement les yeux et planta son regard dans le mien. Ses iris orangées brillaient dans la pénombre."C'est très simple. Je veux passer une alliance."
***
Merci à vous qui êtest arrivés jusqu'ici parcequ'entre les publications irrégulières et les chapitres un peu courts, c'était pas gagné 😥
J'espère juste que vous allez continuer à suivre les aventures du Royaume d'Eden parceque la partie d'intro est terminée et qu'on va pouvoir passer aux choses sérieuses (c'est pas trop tôt ! 😌).
À la semaine prochaine !!
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La Légende d'Eden
FantasyCïrce était la princesse héritière de l'Empire d'Eden avant son bannissement. Derek était un braconnier des forêts du Nord avant qu'il voit la mort en face. Idris était la guérisseuse dans un petit village de montagne avant qu'une rencontre ne boule...