-Pardonnez-moi du retard. s'excusa Henry en s'asseyant en face du Marshall
-Il n'y a pas de mal, shérif, répondit John sur ton affable, Je me doute que vous avez beaucoup à faire. Moi-même je suis souvent occupé à Tucson. Et nous avons eu beaucoup de retard à cause de cette maudite tempête de poussière.
Notre homme de loi répondit par un léger sourire. Le comportement avenant du Marshall était très surprenant étant donnée sa réputation, mais le shérif décida de ne pas s'y fier. La jolie serveuse s'approcha de la table, toujours dans sa position de séduction.
-Qu'est-ce qui vous feraient plaisir, messieurs?
Avant que Henry ne puisse répondre à la demoiselle, le Marshall intervint.
-Deux whiskys, je vous prie, mademoiselle.
Il n'hésitait pas à caresser le dos de la serveuse, le sourire jusqu'aux oreilles. Visiblement satisfaite de son effet, la jeune femme s'éloigna vers le bar. Henry était surpris par la liberté que le Marshall avait pris en commandant pour lui, mais il ne dit rien.
-Donc, reprit John, racontez-moi un peu tout ça.
Alors Henry se lança dans le récit du braquage raté, il n'omit aucun détail ... sauf bien sûr la présence de Roselyn. Quand il eut fini, le Marshall semblait perplexe, il ne souriait plus et regardait le shérif les sourcils froncés.
-Dans votre télégramme, vous disiez avoir de bonnes raisons de croire que Bad Wolf ne s'était pas enfui bien loin. Pourquoi?
Le cœur du shérif rata un battement. Il devait trouver une réponse satisfaisante, et vite.
-Hum... Eh bien. Anthon a été blessé à la jambe, sans soins et en manque d'hommes, il n'a pas pu aller bien loin.
La réponse sembla convaincre le Marshall, celui-ci retrouva son sourire
-Dans ce cas, on le tient. Il est à nous, shérif. Et nous allons le faire payer pour ses crimes: Nous allons le tuer.
-Marshall ... Je ne crois pas que ce soit nécessaire. Nous ne sommes pas là pour retirer le pain de la bouche du bourreau.
-Vos principes vous honorent. Vraiment, vous m'avez l'air d'un bon garçon. Mais nôtre bon ouest américain est encore balbutiant, et il a deux problèmes majeurs qui l'empêchent de bien se porter. Vous savez lesquels?
Henry secoua la tête, le Marshall commençait à se découvrir, on pouvait entrapercevoir son vrai visage. La serveuse vint déposer les deux verres sur la table. John laissa sa question en suspens pour gratifier la jeune femme d'un regard appréciateur. Quand elle s'éloigna, il reporta son attention sur le shérif.
-Eh bien, ces deux problèmes sont les criminels comme Bad Wolf et les Mexicains. De la vermine et encore de la vermine qui nous empêche de bâtir une Amérique forte, celle que nous méritons. Et les hommes tels que vous et moi êtes là pour faire le nettoyage indispensable à la paix que nous recherchons. N'est-ce pas, Henry? Je peux vous appeler Henry?
Consterné par les paroles du Marshall, le shérif se contenta de hocher la tête une nouvelle fois. Le sourire de John s'élargit de plus belle, si c'était encore possible.
-Je suis ravi que nous soyons sur la même longueur d'onde. Donc, pour clore notre raisonnement, si nous ne nous mettons pas en position de force face à cette vermine, nous finirons par nous faire écraser, et dans quelques années, les honnêtes gens auront disparu et nous parlerons tous mexicains.
Le Marshall marqua une pause et fit une grimace de dégoût.
-Car aucun criminel ne peut être remis dans le droit chemin, reprit t-il, Car si un homme peut commettre un vol, il peut commettre un meurtre. Et aucun mexicain ne peut être digne de respect. Je ne veux pas d'un futur ou nous serrions soumis à ce genre de saloperies, pardonnez-moi l'expression. Je sais que je n'ai pas fais de belle choses, mais c'était nécessaire ...J'espère que vous me comprenez ?
-Je comprends, Marshall. mentit Henry en hochant légèrement la tête pour rendre sa fausseté plus convaincante.
Bien sûr, qu'il ne comprenait pas, il n'avait jamais rien entendu de plus aberrant. Il n'avait qu'une envie: Cogner le Marshall jusqu'à ce que ces idées merdiques lui sortent du crâne. Mais il fit mine d'être d'accord avec le discours, il devait être en bons termes avec John Moore pour le moment. Il était le genre d'homme qu'on ne veut pas avoir sur sa liste d'ennemis.
-Bien! s'exclama John en saisissant son verre. Il le leva vers le shérif, à notre bonne entente et à la justice!
À contrecœur, Henry trinqua avec le Marshall avant de boire l'alcool d'une traite.
-Avez-vous déjà participé à une chasse à l'homme, Henry? demanda le Marshall du tac au tac
-Non pas réellement.
C'était presque la seule parole honnête que le shérif avait prononcé devant John.
-Je ne connais rien de plus exaltant ... à part peut-être prendre une belle femme.
Le Marshall renversa la tête en arrière et éclata de rire, comme s'il venait de dire la plaisanterie la plus amusante de tout le temps. Henry, lui, ne riait pas mais il tâchait de sourire même s'il avait de plus en plus envie de frapper cet homme odieux.
-Excusez-moi pour cette boutade de mauvais goût. Enfin ce que j'essaie de vous dire, c'est que j'ai à l'esprit d'organiser une chasse à l'homme. Si vous me dites que Bad Wolf n'a pas pu aller loin, il doit être dans les parages. Et nous allons le trouver.
-C'est une bonne idée, Marshall.
Encore une parole au moins un peu sincère: L'idée n'était pas mauvaise en effet. John souriait tellement à présent que des sillons auraient pu se creuser dans ses joues.
-Parfait, nous discuterons de tout cela demain. Pardonnez-moi, mais le voyage m'a éreinté.
-Bien sûr, je comprends ... J'ai moi-même beaucoup à faire. répondit le shérif en se redressant.
Il déposa un billet sur la table.
-C'est pour moi. Reposez-vous bien, Marshall.
-Merci à vous, Henry. Et appelez-moi John.
Le shérif acquiesça d'un mouvement de tête et s'éloigna pour sortir du saloon. Une fois seul, notre homme de loi respira un bon coup. Cet individu était donc aussi odieux que sa réputation le laisser penser. Henry n'avait qu'une idée en tête, protéger tous de lui ... que ce soit les habitants, James ou Roselyn ...
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Desert Rose
Historical FictionÉté 1863, Arizona L'odieux criminel que l'on appelle Bad Wolf sévit dans la région, pillant et tuant impunément. Le shérif Henry Leigh tente de l'arrêter en vain depuis que l'étoile est épinglée à sa boutonnière. Lors d'un braquage raté, Henry parv...