Chapitre III: Father and daughter

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Quelque kilomètres plus loin, dans le désert...

Ian Anthon était confortablement assis près du feu. Enfin, c'était un confort tout relatif. Une simple pierre en guise de repose-dos et une couverture pour se protéger de la fraîcheur de la nuit. Mais pour un criminel toujours en cavale, c'était le grand luxe. L'homme tendit une flasque d'alcool à la jeune femme assise près de lui.

-Tiens, Rosie. Ça va te réchauffer. Dit-il de sa voix rauque. Surement un effet de l'âge et du cigare.

Il savait que garder la chaleur du corps était une chose importante, car si dans désert de l'Arizona il faisait une chaleur étouffante le jour, les nuits étaient glaciales. Glaciales à vous tuer un canasson. Ladite Rosie prit la flasque sans un mot et en bue quelque gorgée. Bad Wolf la considéra quelques instants, un léger sourire flottant sur ses lèvres à moitié dévorées par sa moustache proéminente.

-Tu ne sais pas à quel point tu me rends fier, Roselyn. Quand je ne serais plus là, tu reprendras mon flambeau, n'est ce pas? 

La jeune femme essuya sa bouche d'un revers de la main et reboucha la flasque. Elle leva son regard brun vers son père, elle demeura silencieuse pendant quelques instants. Elle avait souvent droit à cette question, presque quotidiennement. Et sa réponse était toujours la même

-Tu sais bien que oui, papa.

Et à chaque fois, le soulagement se lisait dans les yeux dans Ian. Il souriait franchement maintenant, ce qui étirait un peu plus les rides de son visage. L'homme posa sa grande main calleuse sur celle de Roselyn.

-J'ai bâti quelque chose de grand, fillette. Murmura-t-il tout bas. 

Il craignait surement d'être entendu par les nombreux hommes non loin d'eux. La jeune femme le compris et se pencha un peu plus pour mieux entendre son père.-

-Et j'peux dire sans rougir que j'ai laissé un marque au fer rouge, repris t-il, la fierté perçait dans sa voix, Je suis partis de rien, et regarde où j'en suis? Je suis riche et tous connaissent mon nom.

Roselyn fronça légèrement les sourcils, mais son visage était surtout soucieux. Elle referma ses doigts fins autour de la main de Ian. 

-Pas pour les bonnes raisons, papa. Tu le sais, comme moi.

L'homme arqua un des ses sourcils broussailleux. Il brandit un doigt sous le nez de sa fille. Exactement comme il faisait quand elle était enfant et qu'il voulait la disputer.

-Souviens-toi de ce que je dis toujours, Rosie. Répliqua-t-il avec une fausse sévérité

Roselyn leva les yeux au ciel, mais elle esquissa un sourire amusé. Elle prit une voix grave et récita:

-"Peu importe pourquoi les gens se souviennent de toi, pourvu que ton nom sonne aussi familier que la cloche de l'église."

Bad Wolf éclata d'un rire franc, rugueux comme si deux feuilles de papier de verre étaient frottées l'une contre l'autre. Il ne souciait plus vraiment des hommes endormis ou somnolant autour d'eux. Il se mit à tousser violemment pendant quelques instants, inquiétant Roselyn, mais il se reprit vite, il tapota affectueusement la petite main de sa fille avant de déclarer fièrement 

-C'est bien ma fille, ça!

La jeune femme souriait, mais la sensation qu'elle éprouvait était douce amer. Elle aimait son père, du plus profond de son cœur, mais elle ne pouvait pas, elle ne voulait pas le suivre dans cette voie. Non, elle ne voulait pas devenir un tueur froid comme lui. Mais elle voulait qu'il quitte ce monde avec la certitude que la chair de sa chair suivrait son chemin. Même après une vie de cruauté et de débauche, il mourrait heureux, et c'est tout ce que Roselyn voulait. 

-Demain, on verra de quoi tu es capable, fillette, fit-il avec un clin d'œil, tu seras même peut-être meilleure que ton vieux père.

Roselyn rit doucement, mais toujours avec cette amertume au fond du cœur.

-Tu ressembles à ta mère. Tu as une beauté hors du commun. Sers toi en comme une arme. 

 Roselyn hocha doucement la tête, touchée par les paroles de son père. Elle aimait son père, même si elle savait à quel point il pouvait être monstrueux. Mais avec elle il était un tout autre homme. Du loup, il passait à l'agneau. Après un moment de silence, il dit soudain:

-Desert Rose. Ce sera ton surnom. Promets-le-moi, Roselyn.

La jeune femme pensa d'abord à une autre plaisanterie, mais Ian la regardait avec sérieux, droit dans les yeux. Il semblait presque la supplier. Attendrie, la jeune femme murmura:

-C'est promis, papa.

Desert RoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant