Chapitre 24

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Je fus réveillée par Nicolae qui venait changer mes pansements. Il avait sa petite mallette dans la main et en sortait des bandages. Il enleva mes pansements souillés et vérifia l'état de mes blessures.

- Ça a vraiment du mal à bien cicatriser, ça va sûrement te laisser de grosses traces...

Je grimaçais à l'idée d'avoir d'énormes cicatrices sur tout mon corps.

- C'est si moche que ça ?

Il hochait la tête et était embarrassé. Je me penchais pour inspecter mes plaies et voyais des boursouflures et des bleus sur chacune d'entre elles. Nicolae changea vite mes pansements, voyant bien que ça m'inquiétait. Il prit soin de bien les désinfecter une par une, et de me rassurer sur leurs états respectifs. Je n'étais pas encore autorisée à trop bouger, pour ne pas tirer sur les fils de mes blessures qui peinaient déjà à bien se guérir. Je n'avais pas vu Peter depuis la veille, depuis que je lui avais parlé d'une potentielle transformation et ça m'inquiétait. Comment envisageait-il notre avenir ? En restant humaine, je serai toujours une tentation et un poids pour lui, mais aussi pour nous deux. Comment ferons-nous quand j'aurai 30 ans et qu'il paraîtra toujours avoir la vingtaine ? Et quand j'en aurai 50 ? Je secouais la tête, perdue dans mes pensées. Nicolae posa une main rassurante sur mon épaule. Je savais qu'il pouvait lire dans les pensées et ça ne me rassurait pas vraiment. Mais à ma plus grande surprise, il se contenta simplement de ce geste affectif puis partit.

Je me retrouvais alors de nouveau seule avec moi-même. Je détestais ça, parce que mon cerveau prenait un malin plaisir à me faire revivre mon séjour quelque peu désagréable chez l'Originel. Savoir qu'il nous recherchait me nouait l'estomac. Pourquoi s'acharnait-il ? Pourquoi ? Pourquoi m'avait-il choisi ? Pour faire souffrir Peter ? Ou même les Bartholy ? Non, il se serait débarrassé de moi. Non, il me voulait en tant qu'esclave. Et de ce que j'avais vu de ses sous-fifres, il les choisissait tous pour une raison bien particulière. Ils étaient tous spéciaux, pas un seul ne se ressemblait. La femme qui abusait de Peter, Michaël le balafré, Alexandra avec sa belle chevelure rousse... Ils n'avaient rien de commun, ça c'était sûr ! Mais que voyait-il en moi de si original, dans ce cas ? Je n'étais qu'une simple humaine orpheline et faible.

Le bruit de la porte de ma chambre me fit sortir de mes pensées. Je vis Drogo devant moi, les mains dans les poches. Il semblait inquiet et même un petit peu énervé. Il s'approcha de moi et s'assit sur mon lit. Il regardait ses pieds, et était visiblement mal à l'aise. Je posais une main sur son bras pour l'inciter à me parler. Je savais qu'il en avait besoin. Comprenant mon geste, il commença :

- Je deviens fou, Laura...

- Pourquoi tu dis ça ?

- Regarde toutes ces plaies, tout ce sang, tout ça... Et je ne parle même pas des traumatismes qu'il t'a laissé... Ça me rend fou de savoir que tu as subi tout ça... De savoir que cette pourriture s'en est prit à toi. Et le pire, c'est qu'il ne va pas abandonner, il va te traquer jusqu'à la mort. Tout ça à cause de nous...

Il marqua une pause pour avaler sa salive.

- Et Peter qui te fuit... Non mais il est complètement con.

Il serra les poings.

- Cet abruti ne sait que fuir. Tu viens d'échapper à Viktor, et crois-moi tu es la première. Et regarde dans quel état tu es... Je t'entends la nuit, quand tu fais des cauchemars... Quand je passe devant ta porte et que je t'entends supplier et pleurer... Ça me met hors de moi...

Il prit sa tête dans ses mains. Je ne m'étais jamais rendue compte des états dans lesquels je me mettais quand je dormais. Il se tourna vers moi et ses yeux ambrés vinrent rencontrer les miens.

Apprivoise-moi T1 (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant