Apprivoise-moi T1 (Terminé)

Chapitre 56

 Après le mariage, Liliu nous avait promis qu'il hébergeait une partie de ma famille et je n'avais pas manqué de le remercier chaleureusement. Peter m'avait glissé à l'oreille, juste avant de partir de la salle des fêtes, qu'il avait l'intention de m'emmener en lune de miel dès le lendemain matin. J'avais essayé de lui soutirer des informations mais il m'avait à chaque fois répondu par un petit sourire énigmatique.

Alors que je pensais que toute ma famille était sortie, je refermais la porte derrière moi en sortant de la salle. Les garçons étaient partis accompagner mes proches et ranger les chaises et tables. Une fois dehors, je respirais un grand coup l'air frais tout en souriant bêtement. Un raclement de gorge me faisait sursauter, je me retournais alors vers celui-ci.

- Eliott, tu es encore là ?

Il était adossé au mur et fumait une cigarette tout en regardant parterre. Sans se tourner vers moi il me demandait :

- Pourquoi t'es partie ?

- Pardon ?

- Pourquoi t'es partie sans rien dire, hein ? Pourquoi ?

Je fronçais les sourcils.

- Je te l'ai dit, j'ai eu des problèmes familiaux et...

- Oui, je sais que tes parents sont morts, tout le monde le sait. Mais ce n'est pas que pour ça, je me trompe ?

Je déglutissais.

- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

- Ton regard.

- Mon regard ?

- Celui que t'avais après la mort de tes parents. T'étais absente les trois quarts du temps et lorsque quelqu'un t'approchait, on pouvait lire de la peur dans tes yeux.

Je tentais de rester stoïque mais il me connaissait, ce n'était pas mon meilleur ami auparavant pour rien.

- J'ai attendu, Laura. Je me suis dit que tu m'en parlerais un jour où l'autre mais tu as juste disparu sans donner de tes nouvelles. Et un jour, je reçois par hasard une lettre qui m'invite à ton mariage alors que tu n'es partie que depuis, quoi ? Un an ? Un an et demi ?

Je croisais les bras sur ma poitrine.

- Qu'est-ce que tu attends de moi, Eliott ?

Il jetait sa cigarette parterre et se retournait vers moi violemment en serrant les poings.

- Que tu t'expliques, putain ! Comment t'as pu partir comme ça ? J'ai du consoler Kristina alors que moi-même j'étais anéanti ! Tu nous as tous délaissé !

A l'entente de son prénom, une vague de colère me submergeait. Il s'approchait dangereusement de moi en fronçant les sourcils.

- T'as perdu ta langue ?

- Écoute, c'est le jour de mon mariage, ne gâche pas tout s'il-te-plaît.

- Mais je suis obligé de te poser ces questions ! Quand est-ce qu'on se reverra, dis-moi ? Ce sera sûrement la dernière fois et je veux des réponses ! Je veux pouvoir faire une croix sur toi une bonne fois pour toutes !

Je baissais la tête. Fallait-il vraiment que je le lui dise ? Il me plaquait contre le mur, s'énervant à cause de mon silence. Sa mâchoire était contractée, il devait serrer les dents pour ne pas m'insulter. A son contact, des frissons désagréables parcouraient les endroits où il me maintenait contre la façade. Je ne reconnaissais plus mon meilleur ami... Jamais, avant, il n'aurait osé me traiter comme ça.