Apprivoise-moi T1 (Terminé)

Chapitre 26

J'hésitais quelques secondes puis pris sa main dans la mienne. Il me fit un large sourire puis m'entraîna au bord du bateau, contre les barrières. Il se mit derrière moi et encercla ma taille de ses deux grandes mains froides. Il posa son menton sur mon crâne puis inspira un grand coup :

- Avant d'être un vampire, j'étais un humain assez solitaire et plutôt renfermé. Je n'avais pas d'amis, un peu comme toi. A l'époque, je vivais avec mon père qui était alcoolique et qui me battait. Je séchais l'école pour ne pas alerter les gens de mon état. En même temps, c'était difficile de cacher des bleus et des plaies, surtout au visage. Mon père a toujours été violent, mais pas toujours accro à l'alcool. Un jour, il a frappé trop fort ma mère et l'a tué, et c'est à partir de là qu'il a commencer à boire... Il m'a obligé à l'aider à cacher le corps avec lui. Enterrer ma mère au fond d'une forêt a été le moment le plus traumatisant de mon existence, je crois. Ensuite, je n'ai plus jamais adressé un mot à mon père et ça le mettait dans une colère folle. Il avait peur que je dévoile son meurtre, alors pour me faire taire, il utilisait la violence et la pression psychologique. Il me disait souvent que j'irai la rejoindre si je parlais.

Il déglutis, et serra son emprise sur mes hanches.

- Et j'avais envie de la rejoindre. Ma vie était minable, j'avais dissimulé le meurtre de ma propre mère, et je laissais mon père me battre encore et encore. Quand mon père a apprit que je séchais les cours, il m'a battu bien plus que les autres fois et j'ai vraiment cru mourir ce jour-là. Il disait que si je n'allais pas en cours, ça allait éveiller les soupçons sur nous. Il devenait parano, et ma santé mentale tenait à un fils avec lui.

Il ferma les yeux.

- Et un soir, j'ai craqué. Il me battait, comme tous les jours, mais cette fois-ci, je ne me suis pas laissé faire. Il avait dit du mal de ma mère, et ça a été l'élément déclencheur... On s'est battu lui et moi, et l'inévitable est arrivé... Je l'ai tué. Et le pire, c'est que je me sentais soulagé !

Il ravala des larmes.

- Je me suis enfuit de la maison, j'ai laissé son corps pourrir en plein milieu du salon, parce que c'est tout ce qu'il méritait. Mais pendant qu'on s'était battu, j'avais été salement amoché et je ne me suis pas enfuit très loin. J'avais prit l'arme que cachait mon père avant de partir, et une fois bien enfoncé dans la forêt, j'ai voulu mettre fin à mes jours juste à côté de l'endroit où on avait enterré ma mère. Au moment où j'ai pressé sur la détente, Viktor est apparu. Il avait l'arme dans les mains et m'a empêché de me tuer. Je n'ai pas tout de suite compris qui il était et ce qu'il me voulait. J'ai compris plus tard qu'il avait simplement été attiré par l'odeur de mon sang. Et c'est là que l'enfer a commencé.

Il me lâcha et se plaça à côté de moi.

- Je souhaitais simplement mourir mais lui en avait décidé autrement. Il a essayé de me briser, par tous les moyens possibles et inimaginables. J'ai été torturé, violé, humilié... Mais rien n'y faisait, il n'a pas réussi. Je pense que c'est parce que j'étais déjà brisé depuis longtemps. Simplement, je n'arrivais pas à ne plus rien ressentir.

Je croisais les bras, j'étais remplies de frissons.

- Et tu connais la suite...

Je me retournais face à lui mais il évitait mon regard.

- Je suis un monstre...

Je secouais la tête et approchais ma main de son visage mais il se recula.

- Tu n'es pas un monstre, Peter.

- J'ai dissimulé le meurtre de ma mère avec son assassin, je l'ai même enterré avec lui et j'ai moi-même tué un homme !

- Mais tu étais jeune et ton père abusait de sa force pour que tu gardes le silence... Et crois-moi, le fait que tu ais tué ton père n'est pas une mauvaise chose, en soit. C'était toi, ou lui.

Il secoua la tête.

- Tu ne comprends pas... J'ai aussi continué à tuer une fois transformé. J'ai eu énormément de mal à m'adapter à ma condition de vampire. Le vide que je ressentais avant au creux de ma poitrine était devenu un trou béant et et j'étais inconsolable. Je refusais de croire que je ne pourrai jamais rejoindre ma mère... Et cette soif qui me brûlait sans cesse les entrailles... Je suis devenu fou. J'oubliais ma tristesse que quand je buvais du sang humain. Alors...

Il serra les poings.

- Je suis un monstre.

Je prenais son visage au creux de mes mains et posais tendrement mes lèvres sur les siennes. Des larmes coulaient le long de ses joues et je m'empressais de les essuyer avec mon pouce.

-Peter... Je te le répète, tu n'es pas un monstre. Toute cette histoire appartient au passé. Tu sais dompter tes pulsions vampiriques maintenant, et tu bois le sang d'animaux. Tu es quelqu'un d'incroyablement gentil, tendre, adorable et doux. On a tous nos faiblesses et nos erreurs, moi aussi j'en ai. Mais le principal c'est que maintenant, tu sois celui que tu es, mon beau et gentil vampire.

Il posa sa main sur la mienne.

- Mais j'ai peur de redevenir celui que j'étais. Quand tu es près de moi, toutes mes pulsions se réveillent et j'ai l'impression de perdre la tête...

- Je serai là pour t'aider à les surmonter. On sera fort ensemble.

Il me fit un sourire triste puis posa ses lèvres sur les miennes tendrement.

- Laura... Si tu savais à quel point je t'aime...

Je lui rendis son baiser.

- Maintenant, ne me fuis plus, d'accord ?

Il secoua la tête.

- J'ai du mal à croire que tu veuilles encore de moi, après tout ce que je t'ai dit...

- Je te veux toi et pas un autre. Ton passé n'est pas important pour moi.

Je mordais ma lèvre inférieure ce qui le fit arquer un sourcil.

- Tu as peur de moi ?

- J'ai simplement peur de te perdre, peur que tu me repousses de nouveau.

Il m'entoura de ses bras musclés, et j'en profitais pour poser ma tête contre son torse.

- Plus jamais.

Je ne pus m'empêcher de sourire contre lui. Il avait enfin déballé son sac, il me faisait enfin confiance. Après toutes les épreuves que nous avions vécus ensemble, j'étais maintenant sûre qu'on pourrait aller de l'avant. On allait survivre ensemble, lui et moi et nous battre pour que Viktor ne nous retrouve jamais. J'étais déterminée. Avec tout l'amour que je ressentais pour cet homme devant moi, je me mis sur la pointe des pieds et sellais nos lèvres d'un baiser passionné. Ce baiser était langoureux et profond, et il marquait le début d'un nouveau départ pour Peter et moi. Je sentais ses mains se balader dans mon dos et j'eus des frissons. Entre deux baisers, il soupira :

- Je t'aime.