I'm in love with Lou [BXB]

Chapitre Trente-Sept

Je posais mes affaires sur mon lit avant d'ouvrir ma fenêtre. Une pluie fine avait commencé à tomber, donnant cette odeur de béton humide ambiante. J'aimais cette odeur. Je rassurais Lucas que j'étais bien rentré et n'attendais plus que lui. Il me répondit que tout était presque réglé déjà.

Le temps de prendre une douche et d'enfiler un bas de jogging et je trouvais ma mère penchée sur la machine à laver, la bourrant de mes vêtements.

« Tu aurais dut les laisser maman. J'aurais put le faire. »

Elle haussa les épaules.

« Laisse-moi faire la maman un peu. Juste encore un peu. »

Je posais une main sur son épaule pour qu'elle relève la tête afin d'embrasser sa joue.

« Ça ne change rien maman. Tu restes ma mère. »

Je rangeais rapidement ma chambre, essayant de m'habituer au fait d'être rentré. Je posais ma valise dans un coin, cachais le tee-shirt que j'avais piqué à Lucas sous mon oreiller. Bientôt il serait avec moi pourtant. Je jetais un coup d'œil à ma chambre entière, vide de mes cahiers et de mes livres de cours. Je pris conscience que l'année était terminée, que j'allais entrer au lycée, et que pour la première fois j'étais engagé dans une relation qui comptait pour moi. Quelque chose que je n'aurais pas cru possible il y a quelques mois.

Un coup fut frappé à ma porte ; je me tournais vers Léo, épaulé contre le chambranle de ma porte.

« Tu admires le vide de ta chambre ? Cette douce déco épurée ? Très scandinave.

- T'es con. »

Il se laissa tomber sur mon lit, les mains croisées derrière la nuque.

« Alors ?

-Alors quoi ? »

Je m'assis en tailleur à côté de lui, maintenant malgré tout une certaine distance. Il leva un sourcil, m'offrit un demi sourire.

« Fais pas l'innocent ! C'était bien ?!

- Super. »

Il frappa mon genou avec force.

« Sérieux ! Raconte-moi, vous avez fait quoi ?

- On a ... Parlé ? Vu ses amis, sa famille. C'était cool.

- Et vous avez... »

Ce fut mon tour de laisser mon poing s'abattre, sur son épaule.

« Léo putain !

- Quoi ? »

L'innocence aurait presque pu se peindre sur son visage qui ne l'était absolument pas. Il se redressa, dans la même position que moi, se penchant même un peu plus vers mon visage.

« On se dit tout, non ?

-M'ouais.

- Tu veux que je te dise quelque chose ? Un secret contre un secret ? »

Ça le faisait rire ce con.

« Non mais sérieusement, reprit-il, je veux être sûr que ça va, qu'il se fout pas de toi.

- Je te jure que ça va. Il est génial avec moi et...

- Oui ?

- C'était une super première fois. Et une super seconde fois. »

Il ne rit pas comme je m'y attendais, mais il sourit, sincère. Il posa sa main sur mon bras dans un genre de contact nouveau pour nous.

« Je suis content pour toi Mel. Vraiment.

- Et toi avec pauline ?

- Elle m'a sucé dans les chiottes du MacDo. »

Au final, ce fut moi qui me mis à rire furieusement devant son visage détendu. Je m'étendis aussi sur mon lit, les bras au-dessus de la tête.

« Des chiottes ? Sérieusement ?

- Quoi ? Tu as le droit à la pipe de compèt dans des draps de satin peut-être ?

- Dans la douche, chuchotais-je. »

L'espace de quelques heures, je retrouvais mon meilleur ami, à rire comme nous le faisions avant, et je le trouvais plus mûr qu'avant. Nous parlions librement, lui de Pauline, moi de Lucas, sans distinction. Il ne se focalisait pas sur le fait que j'évoquais un homme. 

  Nous parlâmes de mon anniversaire, de quand, de quoi faire. Nous parlâmes des autres, de ceux que nous mettions pour l'instant de côté de notre relation fragile encore. Il amena le sujet, doucement, de mon coming-out face à eux. 

« Tu veux leur dire comment ?

- J'en sais rien Léo, sérieux, j'ai juste peur que ça se barre en couilles quand ils vont le savoir. Soit au moment de leur dire, soit après, qu'ils fassent des sales blagues, ou que... Je ne sais pas, ils n'osent plus m'approcher, qu'ils m'excluent ?

- Je ne les laisserais pas faire ça.

- J'ai confiance en toi mec, mais eux...

- Tu avais peur aussi, pour moi. Mais au final je ne t'ai pas tourné le dos. S'il y en a un qui veux te lâcher, crois-moi, je le lâcherai le premier. »

J'opinais, assis sur le bord de ma fenêtre, en accès direct sur le trottoir. Jusqu'ici, je n'avais fait face qu'à de bonnes réactions. Personne, du moins, face à moi, n'avais oser faire de remarques désobligeantes ou déplacées. Mais je savais pertinemment, que même dans mon entourage proche, ce ne serait pas toujours le cas.

Léo se leva du lit sur lequel il se tenait toujours, vint poser une main amie sur mon épaule.

« Je serai toujours là Melvyn. Et si lui, ou n'importe qui te faite du mal, je lui pète la gueule. »

Il fut convenu que je dirai la vérité aux autres demain, lors d'une soirée chez Léo. Ma mère, comme mon meilleur ami, m'encouragea et me soutint, tout comme Lucas que j'appelais avant de dormir. Sa voix m'apaisa, sa respiration seule avait un pouvoir absolu sur mes doutes, les dissipant en un souffle. Sa mère appellerait la mienne le lendemain, pour convenir d'une date où il pourrait venir, et cela plus qu'autre chose me réconforta. Quoi qu'il advienne, aussi angoissé que j'étais à l'idée d'en parler aux autres, bientôt il serait là, avec moi. Je ne serai plus seul.

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