Chapitre Sept

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Sensations 

  Je m'installais pour la première fois véritablement entre elle et lui. Nous étions vendredi et comme la veille, j'avais décidé de paraître indifférent et détaché, mais je ne fuyais pas.

La dernière journée, la dernière fois que je m'installais dans cette classe. Meg ne dit rien, comme d'habitude, les mêmes gestes pour qu'elle sorte ses affaires une par une. Il arriva, même pas le dernier, se glissa, comme toujours, d'un mouvement félin, entre sa table et sa chaise. Il eut d'abord la même attitude que d'habitude, salua gentiment Meg, et m'évita soigneusement du regard quand il me serra la main.

Il sortit ses feuilles, joua avec son stylo comme une baguette de batterie sur la table avant que le cours ne commence. Lui aussi semblait chercher à se concentrer sur autre chose que moi, qui me tenait beaucoup plus près de lui que d'habitude, beaucoup plus près, comme hier dans le métro.

Je mis toute ma bonne volonté à me concentrer un minimum sur ce seul cours que je comprenais. Il continuait son tambourinement, plus doucement du bout de son stylo bleu. Il avait mâchouillé le bout. Je faisais pareil.

Je bougeais sur ma chaise, essayant de ne pas m'affaler tout simplement, ni sur cette-dernière, ni sur la table. Mon genou se retrouva à à peine quelques centimètres du sien. J'hésitais une seconde, avant de lui donner un coup infime, rien de plus que si j'avais eu un spasme. Un contact innocent.

"Désolé, chuchotais-je en tournant la tête vers lui."

Il ne réagit pas. Mais deux minutes plus tard, son genou cette fois vint à la rencontre du mien, quelques secondes de plus que la première fois. Il ne dit rien, se contentant de prendre sagement son cours en note. Je ne retenir le sourire, fugace, qui glissa sur mes lèvres. Je recommençais, puis lui aussi. Dix minutes plus tard, nos genoux étaient discrètement collés sous la table. Meg ne semblait rien remarquer. Jusqu'à la fin de l'heure, nous ne bougeâmes pas. Je n'aurais su dire, pourquoi ce contact me faisait autant de bien, à quel point il me donnait l'impression que tout allait bien, et que tout irait bien. 

La sonnerie me tira douloureusement de ma bulle, et il sembla qu'il revenait lui aussi à la réalité. Il secoua brusquement la tête, fourra toutes ses affaires en un seul geste dans son sac, et se leva avec brutalité; mais alors qu'il se relevait, sa main glissa fugacement sur mon genou là où le contact s'était rompu.

Je crus l'avoir rêvé, imaginé ce contact tant il était improbable, improvisé, mais sous mon jean, la trace de sa paume comme s'il m'avait brûlé. Et ça, ça me faisait peur. Mais j'aurais tout donné pour qu'il recommence. Et ça, ça faisait d'autant plus peur.

Alors que nous sortions du cours avec Meg, nous tombâmes sur une scène au milieu du couloir. Je mis un moment à analyser que l'agitation venait d'un garçon et de deux filles visiblement très énervée. J'aperçus Mme.Lecerf, au milieu de tout, semblant légèrement dépassée. Meg attrapa mon bras, désignant un point dans la foule qui s'était amassée:

- C'est Mathieu !"

A contre cœur, je descendis définitivement de mon nuage pour voir, effectivement, l'autre abruti reclu dans un coin, alors que les deux filles hurlaient en allemand, contre la prof, ou Mathieu peut-être.

"Qu'est ce qu'elles disent ? demandais je à Meg.

- Je ne sais pas trop, je n'entend pas tout et elles parlent en même temps ! Mais je crois que c'est plutôt grave."

Tandis que Mathieu, et les deux allemenades étaient emenés par notre prof et une prof de l'établissement, l'un de mes camarades nous raconta ce qu'il s'était passé.

I'm in love with Lou [BXB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant