I'm in love with Lou [BXB]

Chapitre Quarante-et-un

Le vouloir, le vouloir plus que tout. Le désirer à en devenir fou, le voir partout, le sentir sur ma peau brûlante ; me réveiller seul. Maman était parti au travail, je me sentis con, debout au milieu de la cuisine, en caleçon, à fixer la table vide.

Tout était propre, rangé. Mon lit était fait ; j'étais propre, coiffé, habillé. J'étais rasé, parfumé, tendu. Je m'assis, me relevais, allumais la télé, mon PC, écoutais de la musique, me mit à faire des pompes. Le tout en dix minutes, et il n'était que dix heures du matin. Maman ne devait arriver avec lui que vers dix-neuf heures, soit neuf longues, très longues heures à attendre.

Incapable de rester seul, j'envoyais un message à Léo pour l'inviter. Il ne répondit pas, mais vingt minutes plus tard, un coup fut frappé à ma fenêtre. Celle-ci donnait sur le trottoir, côté rue. Je lui ouvris, pour qu'il escalade le mur à peine haut. Il atterrit dans ma chambre, tout sourire, ébouriffant mes cheveux coiffés.

« Bah alors, tu vois que tu ne peux pas résister à ma présence ! »

Il jeta un coup d'œil à ma chambre, constata à quel point tout était en ordre, rangé, tiré, plié.

« Wow. Quelle heure ?

- Dix-neuf heures. Dix-neuf heures, répétais-je.

- C'est pour ça que je suis là c'est ça ? Pour t'éviter de devenir fou ?

- Un peu. »

Il rit, s'asseyant sur ma chaise de bureau, se balançant dans un couinement agaçant.

« Ça, et il faut que tu saches un truc.

- Oh putain, t'es enceinte !

- Mais t'es con. »

Je pouffais, le ventre tendu malgré tout. Lui dire pour Lucas avait déjà été une étape, maintenant il fallait lui dire que je partais pour lui, vers lui. Que je partais loin. Que je le quittais, lui qui essayait de tout faire pour me garder près de lui, qui faisait des efforts pour tout et sur tout.

« Ma mère va être mutée !

- Quoi ? Où ça ?! »

Il avait arrêté de se balancer, les deux pieds bien posés à terre.

« A Berlin.

- Quoi ? »

Son visage était parfaitement de marbre, ses lèvres serrées, ses yeux rivés sur moi.

« A Berlin, ma mère m'en a parlé hier et...

- C'est à cause de lui hein ?!

- Quoi ? murmurais-je à mon tour. »

Son visage n'avait pas changé d'expression et le mien sans aucun doute était en train de se décomposer.

« C'est pour lui que tu pars ?! Putain mais Melvyn j'essaye de te défendre auprès des autres ! Je fais de mon mieux, et toi tu te casses ?! Putain ! »

Il s'était redressé, la tête entre ses mains abimées, tirant ses mèches brunes entre ses doigts.

« Mais merde Léo, de quoi tu me parles ?! T'es con ou t'en fais exprès ! Je ne pars pas pour Lucas, même pas pour moi, mais pour ma mère abruti ! Elle a eu une super offre de boulot et merde Léo ! Tu le sais que c'est la merde ici, l'appartement est minuscule, elle n'a même pas une chambre à elle, la voiture est dans un état déplorable, elle galère pour tout, travail à plus d'une heure d'ici, dans un poste en dessous de ce qu'elle peut faire. Elle a accepté, parce que oui, c'est à Berlin et que maintenant, j'ai une raison de bien vouloir partir. Mais ça n'a rien à voir avec Lucas, il ne sait rien ! »