Quatrième Nuit

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Ce jour-ci, ça allait plutôt bien, une petite demi-heure serait suffisante au calme qu'elle recherche. Son loup l'avait suivi, il se tenait sur ses gardes, il la protégeait, même si dès qu'elle allumerait son cylindre empoisonné il s'en irait. Elle réfléchissait à sa journée : elle n'avait juste rien fait. Littéralement, rien. La seule chose qu'elle avait faite était d'enclencher sa musique et de presque fermer les volets roulants, juste un raie de lumière parvenait à s'insinuer dans la pièce. C'était tout. Elle se concentrait de toutes ses forces sur la musique, faisant abstraction de tout le reste, autant qu'elle le pouvait. Un moment d'inattention et tout lui revenait en mémoire, impossible d'oublier, tout était gravé dans son esprit. Rien de bien grave, mais tout juste assez pour lui faire mal, pour ralentir tout son sytème, pour l'empêcher de vivre. Le poison s'infiltrant dans ses poumons déjà malmenés, elle revivait un peu.

Il était arrivé avant même qu'elle ne pointe le bout de son nez, il ne voulait surtout pas la rater. Il avait vu arriver le chien avant de pouvoir la percevoir et le chien s'était approché de lui. Il s'était reculé plus loin encore dans la noirceur, il ne voulait pas se faire repérer. Lorsqu'elle finit par allumer sa cigarette, il ne resta pas à ses côté, il en profita donc pour se rapprocher d'elle. Mais en se faisant, il fit craquer une brindille ou une quelconque branche similaire, mince. Il garda les yeux rivés au sol sur cet objet qu'il ne pouvait identifier distinctement. Elle l'avait tout de suite vu, ce bruit l'ayant alertée. Heureusement qu'elle n'avait pas encore lancé sa musique. Elle ne savait pas vraiment si elle devait fuir, éteindre sa cigarette et fuir. Pour une fois, elle ne voulait pas être comme ça, à toujours éviter les autres. Elle allait être sociable. Tout nouveau pour cette solitaire endurcie. Sa faible voix non habituée à parler sonna dans ce sombre silence :

- Viens t'asseoir avec moi.

Il ne se fit pas prier. Il s'assit face à elle, à une bonne quinzaine de centimètres du grillage. Elle reprit sa contemplation du ciel et tira sur sa clope en prenant soin de ne pas lui souffler au visage sa fumée. Elle ne faisait déjà plus attention à lui, ses pensées étaient reparties avec les étoiles. Alors, il prit le temps de la détailler plus qu'il n'avait pu le faire précédemment. Elle était plutôt jolie, un visage rond mais fin, des joues un peu creuses surplombées par des pommettes prononcées. Ses yeux étaient de la même couleur que son tabac, où la lune faisait apparaître des paillettes émeraudes, camouflés derrière une paire de lunettes épaisses. Sa bouche pleine et légèrement entrouverte dû à sa cigarette était terriblement sexy. La clope s'éloigne de sa bouche, la fumée s'évanouit doucement autour de son visage, il en percevait une odeur dont il n'avait pas l'habitude. Lorsqu'elle écrasa sa clope, il comprit : elle s'en allait.

- Demain. Même heure.

Elle ne savait même pas quelle heure il était, mais ils se retrouveraient bien.

Exhalaison CimentéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant