Exhalaison Cimentée

Vingt-deuxième Nuit

Quand ils descendirent du cheval, ils le flattèrent avant de quitter les lieux. Elle était apaisée, et ça se voyait sur les traits de son visage, ils n'étaient pas déformés ni par la tristesse ou la colère ou quoique ce soit d'autres. Juste de l'apaisement. C'était une phase, elle était passée.

La nuit commençait lentement à tomber, c'est qu'il commençait vraiment à être tard. Ils s'en retournèrent vers la maison de Noan, sans un semblant de détour vers celle de Calypso. Sur ce chemin elle fuma quand même, histoire de parfaire son béatitude. En entrant chez lui, tout était calme, tout le monde était déjà couché. Après un passage à la cuisine pour prendre un petit truc à grignoter, ils retournèrent s'enfermer dans la chambre bleue. Ils s'essayèrent en tailleur face à face sur le lit vert.

- Qu'est-ce que tu voudrais faire plus tard ?
- Hm, aucune idée. Déjà finir tranquillement le lycée, avoir ce foutu bac et j'irai sûrement en fac de lettres si j'en ai l'occasion. Et toi, qu'est-ce que t'aimerais ?
- Je m'avance dans la science doucement. Mais aucun métier proprement scientifique ne m'intéresse. Je pense à l'enseignement, le contact des gosses, la transmission, tout ça, j'me dis pourquoi pas.
- T'as raison, ça t'irait bien, sourit-elle.

Elle s'approcha alors de lui pour lui voler un baiser. Ils se regardèrent dans les yeux. Mais le souvenir de plus tôt dans la journée le bloqua. Il ne ferait rien juste après cet épisode fâcheux. Il l'embrassa encore avant de la prendre dans ses bras pour se coucher. Ils s'endormirent, heureux.

Au milieu de la nuit, ils se réveillèrent en sursaut.

- Tu restes là. Ne sors pas.

Elle était perdue, elle ne comprenait pas ce qu'il pouvait bien se passer. Elle finit par entendre des éclats de voix lui parvenir et d'un coup elle comprit : le père de Noan venait de rentrer complètement bourré. Et il avait l'air d'avoir l'alcool mauvais, elle avait peur. Pourquoi est-ce que Noan était parti s'interposer ? Elle ne bougea pas, attendant juste que les cris cessent et que Noan la rejoigne enfin.

Lorsqu'il revint, sa mère avait pris le relais et couché son mari. Il retourna auprès Calypso, la prit juste dans ses bras sans qu'elle puisse voir le bleu qui commençait à prendre place sur sa pommette. Elle avait assez de problèmes sans qu'il lui en rajoute, alors il lui dit de ne pas s'inquiéter, qu'il ne serait plus là demain matin.