Septième Nuit

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Elle était arrivée bien tôt ce jour-là. Elle commençait à craquer et les larmes s'étaient mises à couler d'elles-même, alors elle s'est échappée. Elle a couru dans un coin de ce si grand jardin. Elle laissa couler toutes ces perles salées une par une dans un ballet rare, elles faisaient briller ses iris si vides habituellement, rares sont les émotions qui transparaissent de ce visage masqué. Elle garda sa clope pour quand elle serait avec Noan, il trouverait ça bizarre sinon. Elle tente de garder une certaine cohérence face aux autres, alors elle doit tout calculer, le moindre de ses faits et gestes, et lorsqu'elle perd tout contrôle, elle se déteste un peu plus.

Avant de ne tomber dans ces pensées quelques peu problématiques, elle rejoignit leur petit coin sous le regard des haies. Le soleil rougeoyant décline, pour leur laisser la place. Noan était déjà installer et la cherchait des yeux, il la vit de loin. Un sourire incurva le coin de ses lèvres, elle le salua de la main en tentant un maladroit sourire.
- Comment tu vas ?
- On fait aller.
- C'est pas une réponse ça mademoiselle.
- C'est la mienne, écoutes. Et toi ?
- Ca va, ça va.
Elle ne savait pas trop comment faire la conversation, elle ne savait pas quoi dire mais elle était plutôt contente qu'il soit là, ici, avec elle. Elle apprécie ces petits moments d'évasion qu'il lui permet, elle n'est plus un membre d'une famille, elle n'est plus l'amie-fantôme, elle n'est plus qu'elle-même face à une nouvelle rencontre qui a envie de la connaître semble-t-il. Comme s'il savait qu'elle allait trop se perdre dans ses pensées, il relança distraitement :
- Et qu'est-ce que tu fais là, alors ?
- Mmh, seul endroit non visible de la maison avec vue sur le coucher de soleil.
- Ils ne sont pas au courant que tu fumes je suppose ?
- Exact.
- Tu es ici seulement pour les vacances, c'est ça ?
- Oui, malheureusement.
- Tu sais, c'est pas si dingue de vivre à la campagne. Aucun accès à la ville à pied, on peut rien faire tranquille, obligé de demander à papa-maman de nous accompagner. Pff.
- Bon, c'est vrai que c'est pas si cool. Mais je préfère. Je n'ai pas grand monde avec qui sortir de toute façon. Je préfère l'air d'ici, les chevaux, le calme. Il y a des avantages et inconvénients partout.
- Tu restes tout l'été ?
- Sûrement, oui.
- Ça serait sympa qu'on aille en ville un de ces jours, je te ferais rencontrer des potes, ça peut être sympa.
- Pourquoi pas, faut juste que je vois avec les parents, mais ça devrait le faire.

Sa cigarette commençait à décliner elle aussi. Elle s'accrocha au grillage pour se lever, Noan fit de même, leurs doigts s'effleurèrent. Les yeux de l'un dans ceux de l'autre, ils se dirent "Au revoir, à demain".

Exhalaison CimentéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant