Dix-Huitième Nuit

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Cette nuit de craquage complet l'avait éreintée, elle s'était effondrée de fatigue au petit matin. Noan s'étant couché tôt, se leva tout aussi tôt et la trouva allongée là avant que quiconque ne la voit. Il se doutait bien qu'elle avait passé la nuit là et s'en voulait de l'avoir tant peinée. Il s'approcha lentement d'elle et vu son visage baigné de larmes, évidemment qu'elle était fragile et que la ligne était toujours proche d'être franchie. Elle avait une main agrippée au grillage et son nez le frôlait, il étendit les doigts et caressa sa joue du bout de ceux-ci, dans le but d'effacer les traces de sa peine et d'éveiller la jeune fille. Elle grogna un peu et papillonna fébrilement des yeux avant de s'apercevoir que la seule personne qu'elle voulait voir était là, devant elle.

- C'est un rêve ? demanda-t-elle innocemment.
- Non, pouffa-t-il. Tu veux pas rentrer finir ta nuit dans un lit ? On se revoit cette nuit.
- Je ne... Tu seras là ?
- Je te le promet.
- D'accord, à ce soir.

Elle alla finir, et surtout commencer, sa nuit dans un lit libéré par le début de journée qui s'annonçait.


Dès le début de soirée, il zieutait le coin où ils avaient l'habitude de se retrouver. Il avait hâte de son arrivée, il se devait de la faire sourire à nouveau. Ils avaient créer ce besoin mutuel de l'autre, relation passionnelle et donc forcément destructrice. Mais il s'en sortirait.

À peine avait-il vu le bout de son nez, qu'il était parti la rejoindre précipitamment, si vite qu'il n'avait vu le bref regard affectueux de sa mère sur ce jeune couple.

- Je suis désolé pour la nuit dernière, mais j'ai tout expliqué à ma mère et je serai là, toujours.
- C'est pas bien grave.

Elle minimisait, il le savait, les traces de ces pleurs de ce matin marquait bel et bien la gravité et l'ampleur que cela pouvait prendre pour la jeune fille mais il n'en fit cure.

- Je suis contente que tu sois là.

Il était rare qu'elle expose un sentiment. Le coeur du jeune homme se gonfla de contentement, ou d'un sentiment plus fort qu'il n'avouerait qu'à demi-mot. Et plus encore, elle lui fit une proposition :

- Ça te dirait de sortir demain ?
- Bien sûr ! Quoi, que, où ?
- Attends, pouffa-t-elle, je ne m'attendais pas à un tel enthousiasme !
- Depuis le temps que j'attends ça et que cette foutue barrière ne soit plus qu'un souvenir, tu n'as pas idée.

La sincérité et la spontanéité de Noan étaient frappantes et touchantes. Un sourire attendri étirait les lèvres de Calypso.

- Aussi. Alors, demain matin pour promener Wolf, ça te dit ?
- Absolument. He, dis, je peux t'embrasser ?

Elle ne répondit pas. Elle ne s'y attendait pas. Pas qu'elle ne voulait pas, mais la gêne s'emparait d'elle. Elle s'approcha juste sans piper mot, il comprit et se pencha vers elle, scellant leurs lèvres rapidement.

- On se voit demain matin.

Elle partit aussi vite qu'il était arrivé, sur un petit nuage. Le profond désespoir de la veille ne faisait qu'augmenter le sentiment de bonheur qu'elle ressentait.

Elle était toujours au bord de la ligne, borderline.

Exhalaison CimentéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant