Chapitre X

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Quand je sors de la pièce, je me sens déjà mieux. Je me rends bien compte que je suis chez Jimin et tente de me rappeler le chemin du salon. J'arrive à déboucher dans la cuisine alors que l'appartement n'est pas bien grand.

Le jeune homme s'affaire autour de l'évier et je me demande ce qu'il trafique, jusqu'à-ce qu'il se retourne, avec de la glace emballée dans un torchon. Il me rejoint à grands pas, la mine grave, et presse le tissu froid sur mon front. Ça pique un peu.

Il me conduit jusqu'à la salle principale que je n'ai pas su retrouver et je m'affale dans le canapé marron défoncé.

Jimin s'assoit à côté de moi, maintenant le torchon.

« Je suis désolé, murmure-t-il, peiné. Je n'aurais jamais du te forcer à boire. »

Son visage est tout près du mien et je me perds dans ses yeux sombres.

« Tu n'es pas habituée à l'alcool, parce que tu n'en as jamais bu avant, c'est pour cela que tu as craqué avant nous, continue-t-il. On était inquiets, tu étais sous notre responsabilité. Sous ma responsabilité, plutôt, corrige-t-il. »

Il baisse la tête.

« Et j'ai merdé. »

Je n'ai pas la force de parler. Alors je relève son menton, d'un geste hésitant, pour le fixer à nouveau. Il a l'air de retenir son souffle. J'essaye de lui faire comprendre que je ne lui en veux pas.

Il voulait juste s'amuser, comme moi. Personne n'est parfait. Et puis on ne peut pas dire que je me sois opposée franchement à ces verres. Cela me fera une expérience.

J'écarte sa main et la glace et me tortille pour le prendre dans mes bras. Il a un petit gémissement confus.

On s'écarte et je croise son regard flamboyant. On est si près... j'ai soudainement envie de l'embrasser. Mais je sais que je ne suis pas totalement consciente de mes actes et j'ai peur de le regretter le lendemain, ou qu'il pense que ce baiser n'est pas vrai et dû au trop-plein d'alcool...

Est-ce l'ivresse de l'amour ou celle de l'alcool qui m'anime ?

Je baisse les yeux, incapable de le regarder encore plus longtemps, puis les élancements reprennent dans mon crâne. Jimin replace le tissu froid contre mes tempes.

Quelques minutes passent tandis que je combats mes émotions.

« Ça va aller ? s'enquit le garçon, la main toujours sur le torchon. »

Je hoche faiblement la tête et appuie moi-même sur la glace. Il se relève et je ferme les paupières.

J'entends quelques bruissements de tissus tandis que je respire lentement, savourant le calme, le confort et le froid atténuant mes douleurs.

Jimin rassemble quelques coussins en bout du canapé, puis s'absente le temps de ramener le fameux plaid blanc.

Je n'attendais que de m'allonger, épuisée. Le jeune homme déplie la couverture sur mon corps et saisit la glace pour la remettre dans la cuisine.

Je découvre qu'il s'est aménagé un matelas de fortune au pied du canapé avec des couvertures et des oreillers.

« C'est pour rester à côté de toi si tu as un problème, explique-t-il, en réapparaissant dans le cadre de la porte. »

Je souris. Je n'avais pas envie de dormir toute seule.

Jimin s'installe entre les draps improvisés et se retourne pour me regarder.

« Pourquoi tu ne m'en veux pas ? murmure-t-il, le poing sur le menton, pensif. »

Je rassemble mes forces pour lui répondre :

« Parce que ça arrive à tout le monde de faire des erreurs. »

Ma voix tremble plus que je ne l'aurais voulu. Jimin fronce les sourcils, puis son regard se perd au loin. Il n'a pas l'air convaincu. Mais quand il m'observe à nouveau, et qu'il se rend compte à quel point mon sourire est sincère, il paraît relâcher la pression, ses épaules s'affaissant.

« Merci, souffle-t-il. »

J'acquiesce avant de laisser retomber ma tête lourde sur les coussins. Je me concentre sur ma respiration, puis capte soudain la sienne, paisible. Je cale mes inspirations et expirations à son rythme.

Mais je n'arrive pas à me calmer. Je m'agite dans mon plaid, car les courants d'air me gênent.

Et j'ai envie de m'allonger à côté de Jimin.

Il a éteint la lumière mais je devine sa silhouette dans l'obscurité.

« J'ai froid, dis-je, et je le vois relever la tête à-demi.

-C'est sûrement un effet de la fatigue, commente-t-il. »

Oui, peut-être. Ou l'envie irrépressible de chaleur humaine.

J'hésite, puis les mots sortent tout seuls :

« Je peux dormir avec toi ? »

Il se fige.

« Ouais, si tu veux, répond-t-il un peu trop vite. »

Je devine le sourire dans sa voix et me hâte de descendre le rejoindre. Enfin, aussi vite que mon état le permet.

Jimin soulève les couvertures et je me blottis contre son corps, une main sur son torse. Il respire fort et moi je suis écarlate. Pourquoi j'ai fait ça, déjà ?

Il écarte le bras pour entourer mes épaules et je pose la tête contre sa poitrine. Les battements de son cœur sont très rapides, et les miens le seraient sans doute autant, voir plus, si je n'étais pas aussi engourdie.

Son odeur que j'aime tant m'enveloppe quand je bascule dans le sommeil.

Salut! Cette suite vous a-t-elle plu ? J'ai bien aimé l'écrire en tout cas. On se retrouve bientôt, chers lecteurs ;)

DERRIERE LES OMBRESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant