Secret de Famille

Epilogue

Kirua se leva ce matin-là avec le coeur serré. On était lundi, et il allait revoir Gon, et il allait devoir à nouveau se retenir de lui parler, de lui sourire, de le toucher, de le regarder. Il espérait que Gon avait bien trouvé sa lettere et qu'il allait suivre son conseil, et partir d'ici, bientôt, afin qu'il puisse dépérir en paix, sans plus aucun espoir pour le tourmenter. Il se lava, s'habilla, et mangea machinalement le petit déjeuner qu'on lui avait apporté. Puis il prit son sac sur ses épaules, sortit de sa chambre, marcha jusqu'à l'aérodrome et monta dans l'avion qui l'attendait, comme tous les matins, comme toujours. Rien n'avait changé ici depuis des années, et pourtant Kirua voyait tout avec un regard neuf. Gon l'avait changé, et en si peu de temps. Cela faisait juste deux semaines qu'il était entré dans sa vie. L'avion le déposa devant la sortie de la prison, la sortie de Kukuru Mountain. Comme d'habitude. Tout le monde autour de lui agissait comme si rien n'était arrivé. Était-il possible que le monde n'est pas changé ? Que tous le monde agisse comme si rien ne s'était passé ? Que son amour ne bouleverne rien ? Il sortit dehors. Une nouvelle journée l'attendait. Une journée comme toutes les autres, pour tous les autres. Mais pour lui, cette journée était unique, irremplaçable, comme toutes ses journées depuis qu'un adorable petit brun avait fait irruption dans son coeur.

Gon l'attendait devant la porte. Kirua écarquilla les yeux. N'avait- il donc pas compris ? Les caméras avaient dû le repérer. Son père serait bientôt au courant. Pourquoi avait-il fait ça ?

« Gon. »

Mais Gon s'était jeté à son cou, et avait posé ses lèvres sur les siennes. Chaud. Humide. Cela faisait tellement longtemps qu'ils n'avaient pas eu de moments privilégiés comme cela. Mais Kirua refusa de céder à l'attraction que Gon exerçait sur lui, et se détacha en douceur des lèvres de son amour.

« Gon, qu'est-ce que tu fais ? C'est du suicide !

- Je sais. »

Kirua regarda Gon. Il avait un regard brillant, déterminé, dans lequel on ne lisait aucune peur de la mort. Alors Kirua comprit. Et il vit ce qu'il s'était caché à lui-même, ce qu'il avait refusé de voir. Ils n'avaient pas le choix. Il n'existait pas d'autre alternative. C'était le seul moyen qu'ils restent ensemble, tous les deux. Après tout, c'était ainsi que finissaitent toujours le grandes histoires d'amour, non ? Il posa à nouveau ses lèvres sur celles de Gon, dans un baiser ardent, désespéré. Un baiser d'approbation. Puis il l'entraîna à l'intérieur de la propriété des Zoldiks, et monta à nouveau dans l'avion. Avec Gon. Les domestiques furent un peu surpris du retour si soudain du fils de la famille. Mais ils avaient été dressés à obéir sans poser de questions. Gon et Kirua s'assirent dans l'avion, étroitement enlacés. Rien ne pourra plus jamais les séparer. Et ils allaient bientôt pouvoir le certifier.

L'avion les déposa dans l'aérodrome. Toujours enlacés, Kirua guida Gon à travers les couloirs jusqu'à sa chambre. À cette heure-ci, ils étaient certains de ne croiser personne. Gon regarda, impressionné, la demeure où vivait Kirua, s'exclamant de ravisssement. Ils entrèrent dans la chambre de Kirua, et celui-ci ferma la porte derrière eux. Ils se retrouvaient seuls enfin. Ils s'embrassèrent encore, avec fougue. Les yeux de Gon brillaient intensément, de folie et de fièvre. Il s'écarta un peu de Kirua, et prit dans sa poche un sachet de papier, d'où il sortit une alliance. Kirua le regarda, débordant d'amour. Gon. Gon le regarda, lui sourit, lui prit la main, ôta la bague qui avait mise Anita et fit glisser son alliance à la place. Kirua le prit dans ses bras, et le serra fortement contre lui, et l'embrassa à nouveau, avec passion. Puis il ramassa la bague offerte par Anita, qui était tombée sur le sol lors de leur étreinte, et la passa, à son tour, au doigt de Gon. Ils étaient fiancés. Pas officiellement, mais ils s'étaient fiancés. Anita n'était plus entre eux-deux. Ils échangèrent un regard plein de tendresse, se prirent par la main et sortirent ensemble sur le balcon. Puis ils s'enlacèrent une fois encore, et leur baiser contenait toute l'ardeur et la détresse des séparations. Puis ils enjambèrent la rambarde, ensemble, et se maintinrent au dessus du vide, au dessus de l'immense falaise sur laquelle donnait la terrasse. Ils se regardèrent une fois encore, d'un regard d'adieu et de retrouvailles.

« Tu as peur ?

- Non. Tu m'as promis une seconde vie où nous serons tous les deux, sans rien entre nous, et je veux y croire.

- Nous ne serons plus jamais séparés, plus jamais. Je te le promets. »

Ils se sourirent à nouveau, se prirent par la main, et lâchèrent la rambarde. Alors qu'ils tombaient dans le vide, ils s'enlacèrent à nouveau le plus fortement possible, pour un dernier baiser. L'Eternité les accueillerait ensemble.

/ Tu vas t'asseoir à côté de Kirua Zoldik. /

/ Tout va bien, Kirua. Dors, je suis là. /

/ J'aimerais devenir ton ami. /

/ Ah ! Tu es là ! J'avais peur de m'être trompé de vestiaire. /

/ Kirua, on mange ensemble ? /

/ Je suis content de pouvoir discuter comme ça avec toi. /

/ Maintenant dis-moi. qui est cette fille ? /

/ Je t'attendais, Kirua. /

/ Dis-moi, Kirua. Qui est Gon, pour toi ? /

/ Tu n'es pas mon ami, Kirua, je t'aime, tu es tout pour moi ! /

/ Kirua, tu. tu es venu ! /

/ Je t'aime. /

/ Je suis si contente que cela aille mieux entre vous ! /

/ Oui. oui, j'ai envie de le faire avec toi. /

/ Tu ne dois pas me toucher, Gon ! /

/ Si c'était moi qui étais dans ta situation, est-ce que tu m'abandonnerais ? /

/ Je me verrai dans l'obligation de parler à ton père de ton. 'amitié' avec Gon. /

/ Je l'aime, je l'aime plus que tout, et c'est avec lui que je désire passer ma vie ! /

/ Sois assuré, Gon, mon amour, mon ange, que je t'aimerais toujours. /

/ Et ne te crois jamais seul au monde. /

/ Je t'aime, et t'offre ma vie, mon coeur, mon corps et mon âme, pour toutes tes vies futures /

/ Tu m'as promis une seconde vie /

/ Nous ne serons plus jamais séparés, plus jamais. Je te le pro. /

END