Chapitre 16

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— Oh ! Bonjour, cliente matinale !

Hermione sourit à la femme au tablier couvert de paillettes et de traces de peinture qui se tenait près d'une étagère.

— Qu'est-ce que je peux faire vous, mademoiselle ?
— J'aurai besoin, pour un sortilège, de pinceaux usagés, de peinture utilisée et d'un pot d'Essence F, répondit Hermione.
— Pour l'Essence F, pas de soucis, mais les objets usagés ?
— Je sais, ça me paraît bizarre à moi aussi... Peut-être que vous en avez que je pourrais vous emprunter ?

La femme au tablier regarda Hermione d'un air un peu perdu puis elle grimaça.

— Non, dit-elle en disparaissant derrière un comptoir. Mais, je dois bien pouvoir vous dépanner... Ne vous inquiétez pas...

Hermione regarda autour d'elle en attendant que la femme revienne et s'approcha d'une jolie peinture d'une jeune femme qui lui souriait de toutes ses dents.

— Est-ce que vous parlez ? demanda la Gryffondor.
Bien sûr, répondit la jeune femme.
— Vous êtes un écho ?
Oh non ! Non, non, pas du tout, je suis juste une peinture.

Hermione lui sourit et allait pour ajouter quelque chose quand la vendeuse revint.

— Voilà, dit-elle en déposant ses trouvailles sur le comptoir. De vieux pinceaux et quelques tubes usagés. Est-ce que cela vous convient ? Oh ! J'ai oublié l'Essence F !

La femme fit volte-face et Hermione observa le bric-à-brac posé sur le comptoir.

Mademoiselle... l'interpella alors la jeune femme du tableau.
— Je sais, répondit Hermione en lui jetant un coup d'œil. Mais c'est une question de santé mentale... La mienne en l'occurrence.

La jeune femme du tableau fit la moue et secoua la tête.

Promettez-moi de brûler le sortilège après cela, dit-elle doucement. Notre monde est trop dangereux pour les vivants...
— C'est promis, répondit Hermione en la regardant. Dès que mes problèmes seront réglés, je brûle le parchemin et je n'en parle plus.

La jeune femme lui fit un doux sourire. Elle était assise sur une balançoire et se balançait doucement.

Puis-je vous demander qui est-ce ?

Hermione pinça la bouche et baissa le nez. Elle revint vers la peinture et la jeune femme du tableau quitta sa balançoire et s'approcha à son tour.

— Le professeur Severus Rogue, dit alors Hermione. Il est mort il y a huit mois et je suis incapable de m'en remettre. J'ai besoin de le voir une dernière fois et de lui dire au revoir.
Je sais qui c'est... dit alors la jeune femme, soudain triste. Je l'ai croisé, une fois... avec le professeur Dumbledore...

Hermione esquissa un sourire.

Il m'avait l'air tellement triste ! reprit la jeune femme du tableau en portant ses mains jointes à son cœur. J'en ai été bouleversée !

Hermione souffla par le nez puis sourit doucement et se détourna après un signe de tête. Elle retourna vers le comptoir et la vendeuse revint au même moment avec un petit flacon en verre portant un grand F sur l'étiquette.

— Voilà, dit-elle. Ça nous fera douze Mornilles pour l'Essence F.
— Et les pinceaux ?

La vendeuse la regarda de travers.

— Vous ne voulez pas que je vous fasse payer des marchandises usagées, quand même ! s'exclama-t-elle, surprise.
— Dans ce cas, je vous les ramènerai, si je peux.
— Tatata ! répliqua la vendeuse. J'allais tout jeter ! Prenez, c'est cadeau.
— Eh bien merci alors. Tenez, pour le flacon...

Hermione tendit les pièces en argent puis la vendeuse déposa ses achats dans une petite boîte en carton et la lui tendit. La Gryffondor lui sourit, lui souhaita une bonne journée et quitta la boutique. Elle transplana aussitôt chez elle et quand elle déposa ses achats sur la table de la salle à manger, elle vit que Rogue était dans son tableau.

— Bonjour, Monsieur, dit-elle en se débarrassant de sa cape et de son bonnet. Vous vous êtes réveillé tôt... Je ne vous ai pas vu quand je suis partie...
Vous aussi, il semblerait...

Hermione pinça la bouche puis se tourna vers le tableau et l'observa un moment.

— Je suis allée faire quelques emplettes. Peut-on s'y mettre ? demanda-t-elle alors. À moins que vous ayez encore une excuse pour repousser ?
Non, pas cette fois...

Hermione plissa les yeux.

— Qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis ? demanda-t-elle en allant disposer les pinceaux usagés, les tubes entamés et le flacon d'Essence F sur la table base devant la cheminée.
Vous, Miss...

Hermione haussa les sourcils et regarda le tableau.

— Mais encore ?
J'ai eu... une longue discussion avec la Directrice, avec Albus, et plusieurs autres personnages des tableaux de Poudlard, répondit alors le sombre professeur.
— Et ?

Rogue lui jeta un regard aigu et Hermione haussa un sourcil.

Et nous en parlerons quand vous serez près de moi, Hermione... acheva-t-il.

La jeune femme esquissa un sourire puis elle souffla pour se concentrer et sortit le parchemin de la poche de son pantalon. Elle le déplia sur la table, le lissa soigneusement, et disposa les objets sur trois des quatre coins, comme c'était indiqué dans les instructions. Sur le quatrième coin, elle devait déposer un objet auquel elle tenait.

— La bague que m'a offerte ma mère quand je suis entrée à Poudlard... dit Hermione en la retirant. Cela devrait suffire...

Rogue resta silencieux. La jeune femme tira alors sa baguette magique, la regarda, puis la posa sur la table et inspira profondément.

Magie sans baguette ? demanda Rogue.

Hermione sourit et opina.

— Je vous expliquerai, répondit-elle.

Rogue opina lentement. Il était résigné, il n'avait pas le choix. Cette situation torturait la Gryffondor, mais lui aussi, de plus en plus. La voir souffrir le blessait et il ne trouvait aucun moyen de s'y soustraire. Plus il s'ingéniait à ignorer tout ça, plus il y pensait et plus il en souffrait, lui aussi. Hermione avait raison, ils devaient y remédier. Au plus vite.

Reportant son attention sur sa jeune locataire, Rogue l'observa se concentrer. Quand elle commença à psalmodier l'enchantement tout en le lisant, il fronça les sourcils.
Soudain, une brume colorée s'éleva des objets qui entouraient le parchemin. Elle forma un nuage au-dessus, à quelques centimètres de la table, et Hermione l'observa avant de tourner les yeux vers Rogue. La brume enfla alors et se dirigea vers le portrait comme si le vent l'avait poussée. Quand elle entra en contact avec la toile peinte, Rogue se leva et recula derrière son siège, inquiet. La brume colorée recouvrit le portrait un instant puis se fondit dedans et Hermione se tut.

Ça a fonctionné ? demanda Rogue.
— On va le savoir tout de suite, répondit la jeune femme en quittant le canapé.

Elle s'approcha du grand tableau et leva la main. Elle l'approcha de la toile et hésita.

— Plus question de revenir en arrière, maintenant, dit-elle. Peu importe ce qui va se passer derrière cette toile, il faudra assumer, d'accord ?

Rogue opina lentement. Il ne savait pas trop de quoi elle voulait parler, mais il n'avait pas le choix. Plus question de dire non maintenant...

Prenant une profonde inspiration, Hermione fronça les sourcils puis appuya sa main contre la toile froide. Elle éprouva une résistance, comme sur une toile normale, et soudain, sa main se fondit dans la peinture. La jeune femme eut un sursaut et leva les yeux vers Rogue, mais il n'était plus dans le portait.

— Professeur ? dit-elle, soudain affolée. Monsieur... !

Elle contracta alors son bras pour retirer sa main, mais soudain, on agrippa sa main de l'autre côté et elle se sentit tirée en avant. Elle poussa un cri et plongea tête la première dans le tableau...

⏳ L'héritièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant