Chapitre XXXIII

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Heeeey !


Je vous préviens ! C'est la dépression et ce n'est que le début ! Courage !

Bonne lecture !


Hugo travaillait sur son ordinateur en essayant de faire abstraction des coups d'œil répétés de Martin à son endroit. Il s'obligeait à rester concentré sur son sujet, la politique d'Erdogan, sujet habituellement passionnant, mais qui avait aujourd'hui un arrière goût ennuyeux.

Quand Martin se leva pour ce qu'il estima être la cinquième fois afin de se resservir un café dégueulasse, Hugo ferma un peu violemment son ordinateur et le somma de se rasseoir immédiatement. Martin le regarda, un peu effrayé mais s'exécuta.

« Qu'est-ce que t'as Martin ?

- Rien pourquoi... »

Hugo l'interrompit immédiatement.

« Tu me regardes toutes les trente secondes, tu te défonces à la caféine et tu bosses à deux à l'heure ! Putain, c'est quoi ton problème ? »

Martin haussa les épaules. C'était un peu tout.

« Je croyais que c'était réglé pour Yann. » murmura Hugo.

Martin sourit amèrement.

« Tu sais bien que c'est pas Yann le soucis. »

Oui, il le savait.

« Comment je vais faire pour aller voir mes parents maintenant ? » souffla-t-il en se prenant la tête dans ses mains.

Hugo rapprocha sa chaise pour porter une main sur son épaule.

« Ne dis pas n'importe quoi. Il n'y a que ton père qui pose problème. Tu peux voir ta mère ou ta sœur, quand tu veux. »

Martin laissa tomber sa tête sur l'épaule de son meilleur ami.

« Et puis, tu ne le voyais presque jamais de toute façon, non ? »

Martin le regarda en le fusillant littéralement

« Non mais tu déconnes là ? C'est mon père putain ! Comment tu veux que je m'en foute ? Mon père !

- Calme-toi ! C'est pas comme s'il en avait quelque chose à foutre de toi ? »

Cette fois, il quitta sa chaise pour se planter devant Hugo.

« Tu ne sais rien de mon père ! »

Hugo ricana méchamment. Il voulait jouer, il allait jouer.

« Rappelle-moi, c'était qui qui était là quand t'étais au fond du trou avec Yann, quand tu finissais bourré, quand on était en garde à vue, quand tu revenais de reportage ? C'était moi ! Ça n'a jamais été ton père ! »

Martin n'en revenait pas. Comment osait-il ?

« Mais arrête de parler de ce que tu ne connais pas ! Rappelle-moi, elle est où ta famille ? » articula Martin dans une voix assassine

C'en était trop. Un coup de poignard dans le dos. Ou dans le cœur, il ne savait pas trop. Hugo eut l'impression d'avoir reçu un saut d'eau glacé sur la tête. Il n'avait plus du tout envie de se disputer, seulement de partir très loin d'ici. Il attrapa sa veste, son sac, échangea un dernier regard avec Martin. Il savait qu'il avait déjà regretté ses mots, mais c'était trop tard, il l'avait dit. Il savait très bien que c'était tout ce dont Hugo ne voulait jamais parler ni entendre parler, qu'il était presque le seul à savoir, que même Elise n'en avait aucune idée.

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