6 : « Prénom. »

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Les trois jours suivants passent beaucoup trop vite

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Les trois jours suivants passent beaucoup trop vite.

Je rends visite à tout le monde. Les joueurs de foot de la ville, l'hôpital, la maison de retraite, les centres aérés. Je donne un peu d'argent à tout le monde malgré les protestations. Mes parents et moi sommes d'accord pour dire que j'ai gagné bien trop d'argent en un mois, alors je m'en débarrasse de la meilleure des manières : en en faisant profiter les autres.

Le quatrième jour, je me lève de nouveau à l'aurore pour aller courir, et quand je passe par le parc, je souris en voyant que la jeune femme dort toujours sous son arbre. Elle utilise son sac à dos comme un oreiller et ses cheveux sont étalés sur son visage, mais je sais que c'est elle.

Je décide de ne pas la déranger dans son sommeil, et continue de courir. Je repasse au même endroit vingt minutes plus tard, et cette fois, elle a la tête plongée dans des feuilles.

-C'est quoi ?

Elle relève la tête et semble surprise de me voir.

-J'ai cru que tu m'avais enfin oublié.

-Raté, je souris, m'asseyant en tailleur face à elle.

-C'est mon CV. Personne ne m'a encore recontactée, alors...elle souffle. Je sais que mon CV est merdique.

-Je peux ? je demande en posant ma main sur une des feuilles qui est par terre, et si je m'attendais à un « non, c'est pas tes oignons », elle acquiesce.

À ma grande surprise, la partie expérience du CV est bien remplie. Elle a eu plusieurs petits boulots, qui certes n'ont pas duré longtemps, mais qui quand même, lui font de l'expérience.

-Victoria, je dis en voyant son prénom en haut du CV, et elle redresse la tête.

-C'est pas mon prénom.

Je hausse un sourcil.

-C'est écrit juste là. Victoria Lenneke.

-C'est un pseudonyme. Ne m'appelle pas comme ça.

-Comment je dois t'appeler, alors ?

-Tu m'appelles pas.

-Puisque tu m'appelles Pavard, je devrais t'appelle par ton nom de famille. Lenneke. Comment ça se prononce ? je demande, pas sûr de moi, et je crois que c'est la première fois qu'elle me regarde avant tant de haine. Jusqu'à maintenant, elle était agacée dès que je faisais quelque chose qui la contrariait--c'est-à-dire, tout--mais là, c'est quelque chose de beaucoup plus fort.

-S'il te plaît, n'utilise pas mon nom de famille.

Je n'ai pas besoin de plus pour acquiescer et oublier son nom de famille.

-Désolé.

-C'est bon, elle reprend de son petit air agacé qu'elle avait auparavant, et ça me fait sourire.

-C'est bon, elle reprend de son petit air agacé qu'elle avait auparavant, et ça me fait sourire

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Je ne dors pas au pied de mon arbre pendant deux nuits.

Je me suis trop éloignée du parc pour faire ma distribution de CV, alors je m'assoupis un peu où je peux dans la ville. Le problème, c'est qu'il fait de plus en plus chaud, que j'ai besoin d'aller au gymnase prendre une douche et que j'ai faim.

Il me reste trois boutiques où je dois déposer mon CV, mais l'une est une boutique de maquillage et l'autre de bijoux plutôt chers. Pas sûre que mon apparence leur donne envie de m'embaucher, mais je n'ai pas le choix. Si je le dépose dans leur boîte aux lettres, ils jetteront à peine un œil à la feuille de papier avant de la jeter comme un torchon.

Je prends mon courage à deux mains et entre dans la boutique de maquillage. C'est tellement coloré et les vendeuses ont l'air tellement enjoué que je fais tâche dans ce décor. Pour certaines filles, c'est le Paradis, et j'essaie de me projeter à leur place, en vain. Je n'ai jamais porté de maquillage de ma vie, et même si j'en avais les moyens, j'aurais l'impression de me déguiser.

Finalement, une des employées vient me demander « si elle peut m'aider », et c'est à elle que je confie mon CV. Sans savoir si j'ai réellement envie de bosser ici ou si je préfère la torture Pavard.

Ce train-train se répète dans la boutique de bijoux, même si après tout, ça me dérangerait moins d'y travailler. Peut-être que je pourrais mieux aider mon prochain dans ce domaine-là. J'ai des boucles d'oreilles--des perles de culture--et évidemment, ma broche bien-aimée qui n'est pas ressortie de mon sac depuis son malheureux incident.

Après ça, je me sens enfin libre. Je repars du côté de la ville que je connais et que j'affectionne tout particulièrement, contente de savoir que je vais enfin retrouver mon parc, ma fontaine, mon gymnase. Mais si j'avais déjà chaud avant, après avoir fait le trajet, c'est encore pire. En voyant le parc au loin, je suis soulagée, et me dépêche de traverser les quelques mètres qui me restent quand j'entends :

-Victoria ?

Je ferme les yeux. Tout, sauf ça.

Alors je décide de l'ignorer et de continuer à marcher. Mais je me sens tellement mal que des tâches noires et blanches apparaissent devant mes yeux, et Pavard arrive à me rattraper sans aucune difficulté.

-Victoria ? Ça va ? Assieds-toi, il me dit, posant une main sur mon bras, et je me dégage immédiatement. Pardon, excuse-moi, je te touche plus. Mais Il faut que tu t'assieds.

CONFIANCE » PAVARD ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant