30 : « Fatigue. »

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Quand je relève la tête pour la regarder, les larmes dévalent ses joues, et je me sens aussitôt coupable

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Quand je relève la tête pour la regarder, les larmes dévalent ses joues, et je me sens aussitôt coupable. Je savais qu'elle n'allait pas aimer cette question, mais est-ce qu'elle a commencé à pleurer avant que je la pose, ou après ? Est-ce que c'est moi, qui, indirectement, l'ai fait pleurer ?

Elle ferme les yeux et une nouvelle vague de larmes coulent.

-Oui, elle dit, et je pense que la surprise est visible sur mon visage. J'attrape son visage et essuie ses larmes avec mes pouces du mieux que je peux. Samuel m'a expliqué un jour dans l'avion que les larmes sont bonnes pour la peau, alors je me sens un peu moins coupable d'être littéralement en train de lui étaler ses larmes sur les joues tellement je ne suis pas doué.

-Victoria ?

Elle renifle avant de plonger ses yeux dans les miens, et c'est à cet instant que je sais qu'elle me fait vraiment confiance. L'ancienne Victoria aurait fui mon regard. Elle aurait fui tout court. Elle m'aurait sûrement dit d'arrêter d'utiliser son prénom à outrance comme ça d'un air cinglant. Mais cette Victoria me regarde dans les yeux. Et je sais qu'après avoir prononcé les mots que je m'apprête à prononcer, rien ne sera jamais comme avant. Mais n'est-ce pas déjà le cas ?

Je prends une grande inspiration avant de dire :

-Laisse-moi être ta maison.

Son visage se décompose, et des larmes silencieuses continuent de couler. Je repense à la première fois qu'on s'est embrassé, il y a quelques jours. À ces mots exacts qu'elle a utilisé. "Je veux pas de maison." Et je m'attends à ce qu'elle refuse, à ce qu'elle me rappelle cette même scène. À ce qu'elle me rappelle qu'elle ne veut pas qu'une autre maison qui finira par partir, de quelque manière que ce soit.

Mais elle ne dit rien de tout ça. Au lieu de ça, elle rit.

-Mais qu'est-ce que tu racontes Pavard ? T'es déjà ma maison.

-Oh, Vic, je souffle, la prenant dans mes bras, et elle s'y blottit sans broncher. Et on reste là, sans parler, juste l'un avec l'autre dans le couloir.

 Et on reste là, sans parler, juste l'un avec l'autre dans le couloir

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Quand je rentre chez Pavard le lendemain, je ressemble à un zombie. Mes yeux sont toujours un peu gonflés à cause des litres d'eau que j'ai pleurés hier, à quoi s'ajoute la fatigue de ma journée. Et comme si ce n'était pas assez, je suis un peu angoissée de le revoir après ce que j'ai dit hier. Peut-être qu'il ne veut déjà plus être ma maison et je ne suis pas sûre d'être capable de supporter ça.

-Hey, il sourit en me voyant entrer, et je ne peux pas m'empêcher de lui rendre son sourire. Il attrape ma main et me tire vers lui, et je me glisse dans ses bras sans discuter, un sourire niais aux lèvres.

Mais qu'est-ce qui m'arrive ? Quand est-ce que je suis devenue comme ça ?

-Pavard, je relève la tête pour lui poser la question, mais je n'ai pas le temps de le faire puisqu'il pose ses lèvres sur les miennes. Je ferme les yeux, décidant qu'en effet, me plonger la tête baissée dans nos baisers et faire l'autruche est une solution qui fonctionne aussi. Sauf que Pavard décolle déjà nos lèvres, et me demande comme si de rien n'était :

-Tu veux qu'on mange maintenant ?

-Tu veux plus m'embrasser ? je demande d'une petite voix sans réfléchir, et je regrette instantanément.

Apparemment, la Victoria agacée par Pavard a complètement disparu. Celle-là en arrive même au point où elle réclame qu'il l'embrasse. Génial.

-Vic, il me sourit, passant son index sur ma joue, t'es épuisée. La preuve, tu viens de me demander de t'embrasser. Je vais pas profiter de ta fatigue comme ça.

Je ne comprends pas ce que j'ai fait pour le mériter. Je pense que je ne le mérite pas, tout simplement. Et ce depuis qu'on s'est rencontré.

-J'ai appris à faire les baguettes, aujourd'hui, je me mets à sourire, et il sourit à son tour.

-C'est vrai ? Ça t'a plu ?

Je hoche vivement la tête. Ce n'est pas tant de savoir faire du pain qui me plaît, c'est simplement de savoir faire quelque chose. D'avoir la compétence de le faire. Et de me sentir utile et responsable à mon travail. J'ai enfin un vrai boulot où on compte sur moi.
-Je suis tellement fier de toi, Victoria, il secoue la tête, et je peux voir cette fierté dans ses yeux.

Je sais que beaucoup de personnes qui sont à la rue n'arrivent jamais à reprendre une vie normale. Je sais que beaucoup se retrouvent incapables d'occuper un poste, de rester dans un logement. Mais je sais aussi que ma force mentale m'a permis de me débrouiller durant toutes ses années et que ce n'est pas aujourd'hui qu'elle va flancher. Je n'ai jamais touché une goutte d'alcool, je ne me suis jamais drogué ; et ce n'est pas comme si les offres ne s'étaient pas présentées. À tous les coins de rue, on m'a proposé de m'adonner à ces pratiques bien connues pour noyer notre peine et nos problèmes. Mais j'ai résisté parce que le feu qui brûle à l'intérieur de moi est plus fort que toutes ces propositions.

Et je suis fière d'avoir rendu Pavard fier.

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Heyy je viens de voir qu'on a passé les 10k de vues, merci ♡ du coup sachez qu'il y aura 38 chap + épilogue, on se rapproche de la fiiin (mais pas trop non plus)

CONFIANCE » PAVARD ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant