Je soupire et appuie sur mon téléphone. Minuit dix-huit, impossible de m'endormir.
La conversation que j'ai eue plus tôt avec Corentin trotte dans ma tête. C'est lui qui m'a appelé pour « savoir si j'avais pécho », et évidemment, je n'ai pas pu m'empêcher de lui dire la vérité. Et il était fier de moi jusqu'à ce que je lui dise que depuis trois jours, c'était de nouveau le calme plat dans cette maison. Mais je campe sur les positions que j'ai défendues durant l'appel : si on doit s'embrasser de nouveau, ce ne sera pas sous mon initiative. C'est elle qui mène la danse.
Je repousse la couverture et m'assieds, les coudes sur les genoux et la tête dans les mains. Heureusement que l'entraînement de demain a lieu l'après-midi, parce que je vais être complètement claqué. Victoria ne travaille pas demain, car maintenant qu'elle a un contrat, elle a des jours de repos bien méritée. Elle fait des sacrées journées, et je ne l'ai pas encore entendue se plaindre une seule fois.
Je me fige en entendant du bruit dans la maison. J'ai le sommeil léger, alors j'entends souvent Victoria se lever pour aller boire pendant la nuit. Mais là, les pas me semblent plus rapprocher. Et mon cœur se met à battre la chamade quand je discerne des sanglots.
Ni une ni deux, je me lève et ouvre la porte, et je trouve une Victoria qui a l'air complètement perdue, les bras repliés sur elle-même, l'air complètement paniqué.
-Vic ? je m'approche d'elle, et elle me regarde comme si me voir était la meilleure chose qui lui soit arrivée aujourd'hui.
-Pavard, c'est vraiment toi, elle dit, et je n'essaie même pas de comprendre ce qu'elle raconte, la prenant dans mes bras. Tu-tu te faisais tuer, sous mes yeux et ton corps était au pied de l'arbre et je--
-C'était un cauchemar, c'était un cauchemar, je lui assure, comprenant enfin ce qui lui arrive. Viens avec moi, j'entremêle ses doigts au mien, et elle me suit sans broncher dans ma chambre. Quel côté est-ce que tu veux ?
-Celui que tu utilises pas, elle répond, essuyant ses joues, et je souris malgré la pénombre.
-Je dors au milieu.
Elle fait le tour pour se mettre à la gauche de mon lit, ce qui me surprend un peu étant donné que c'est le côté le plus éloigné de la porte. Je pensais qu'elle préparerait un plan pour pouvoir s'enfuir, mais je comprends vite son manège : elle s'allonge au bord du côté gauche, et vu la taille de mon lit, même si je suis au milieu, il reste bien cinq centimètres entre nous.
-Qu'est-ce que tu fais ? Viens ici.
-Tu m'as dit de choisir et j'ai choisi gauche.
Il soupire.
-Viens ici. Approche-toi de moi.
Je ne bouge pas d'un pouce, et évidemment, même s'il fait noir, il le sait puisqu'il n'entend pas un bruit.
-Victoria.
-T'es pas obligé de faire ça, je dis, me mordant la lèvre. De me prendre dans tes bras et de...
-Arrête de croire que me force à faire les choses, il souffle avant d'entourer ma taille de ses bras, et même si j'ai lutté jusqu'ici, je me rapproche jusqu'à ce que mon nez cogne son torse. Comme ça, je sais qu'il sent mes tremblements, mais je suis incapable de les contrôler. Ce cauchemar était tellement réel que j'ai du mal à croire que Pavard est vraiment vivant et que je suis vraiment dans ses bras. Je le revois allongé devant l'arbre, complètement mort.
Mort. Comme ma grand-mère.
Il commence à caresser mes cheveux, et je souris, les paupières lourdes. Personne n'a jamais joué avec mes cheveux, et même si je ne suis pas très objective, je décide sur-le-champ que c'est la sensation la plus agréable au monde. Sauf que Pavard lit probablement dans mes pensées, parce qu'il embrasse mes cheveux plusieurs fois avec tellement de tendresse que j'ai probablement des cœurs qui tournent au-dessus de ma tête.
-T'es en sécurité ici, je te le promets, il souffle, et sans réfléchir, je sors une de mes mains du cocon protecteur de ses bras pour caresser un de ses bras. Je le sens sourire contre mes cheveux, et mes lèvres font automatiquement la même chose.
Je ne sais pas si c'est de moi qu'il parlait au téléphone. Mais il a dit « si elle ne fait rien, je ne fais rien. » Lui caresser le bras est peut-être le geste le plus anodin du monde, mais c'est ma façon de lui faire comprendre que je suis là. Que je suis là et que bien sûr que oui, je veux regoûter à la sensation de ses lèvres sur les miennes. Mais que je me sens incapable de prendre l'initiative et que c'est à lui de le faire. C'est à lui de nous sauver de cette situation idiote ou chacun attend que l'autre face un geste.
Il ne comprend sûrement pas tout ça, mais quand je le sens frissonner, c'est moi qui comprends quelque chose.
Je suis en train de tomber amoureuse de Benjamin Pavard.
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CONFIANCE » PAVARD ✓
Fanfiction« Maintenant, autre nouvelle, et des plus...surprenantes. Une jeune femme s'est évanouie sur la terrasse d'un bar hier...en voyant Benjamin Pavard torse nu à la télé ! » août 2018┊octobre 2018.