Une semaine et demie après mon retour à Stuttgart avec Victoria, une routine s'est installée.
Je dors encore quand elle part travailler, alors on ne se voit jamais le matin. Je prépare la cafetière la veille pour qu'elle n'ait plus qu'à faire couler le café, et si au début, elle n'osait pas vraiment, elle commence enfin à le faire. Je rentre le premier à l'appart, après mangé, et si un de mes coéquipiers n'est pas avec moi, j'aide ma femme de ménage à terminer ce qu'elle fait avant son départ, puis je fais une sieste. Je me lève pour le goûter, comme les enfants, et j'écoute les recettes de mon cuisinier. Victoria arrive dans les alentours de dix-neuf heures, faisant semblant de ne pas être fatiguée. Mon cuisiner s'en va--en emmenant une partie de de qu'il a cuisiné pour sa femme et lui--et Victoria me réclame les comptes de ce qu'on s'apprête à manger jusqu'à ce que je craque et lui balance un chiffre au hasard. Comme elle commence à prendre ses marques, elle a de nouveau du répondant, alors le débat peut durer un bon moment.
Mais ce soir, je ne mets pas longtemps avant de craquer, et elle fronce les sourcils.
-Pourquoi tu réponds directement ?
-J'ai un truc important à te dire.
-Oh, elle pose son stylo. T'as trouvé une copine et tu veux que je m'en aille.
-Quoi ? je rigole face à son imagination débordante.
-J'ai rêvé de ça cette nuit alors je me suis dit que c'était peut-être un rêve prémonitoire, elle hausse les épaules, et je suis un peu déçu qu'elle prenne son rêve de me voir avec une fille aussi bien.
-Où veux-tu que je rencontre quelqu'un ? T'es la seule femme que je vois de ma journée avec ma femme de ménage.
-Vous n'avez pas des médecins femmes ou quelque chose comme ça au club ?
Si. Mais pas des aussi belles que toi.
-Non. Écoute, je...on a un match à l'extérieur vendredi soir. On part demain matin et je reviendrais dans la nuit de vendredi à samedi.
-D'accord, elle me dit, et je me sens stupide d'avoir appréhendé sa réaction. Elle vivait seule jusqu'à présent, ce n'est pas deux jours sans moi qui vont la traumatiser, au contraire. Elle se sentira sûrement plus tranquille et pourra baisser la méfiance dont elle continue de faire preuve tout le temps.
-Quoi, tu croyais que j'allais être triste ? elle lit dans mes pensées, et je secoue la tête. J'ai projeté ma tristesse de devoir la laisser ici seule, alors que c'est juste moi.
Ma vie devait être vraiment ennuyeuse avant son arrivée.
Après le dîner, je pars me doucher, et je suis tellement épuisée que je m'endors directement alors que je voulais dire au revoir à Pavard.
Quand je me lève le lendemain, je prends une des feuilles blanches qu'il m'a données pour faire mes comptes et lui gribouille un petit mot.
« Bonne chance pour ton premier match de la saison. Quoiqu'il arrive, t'es champion pour plus de quatre ans.
Victoria. »
Je le pose devant la cafetière, où je suis sûre qu'il passera, et je pars travailler. Ce n'est qu'un simple mot de deux phrases, mais il occupe mes pensées toute la journée. Pourquoi j'ai écrit ça ? C'est complètement ridicule de lui rappeler qu'il est champion, je crois qu'il a bien compris. Je peux presque l'imaginer rire à la lecture de ce torchon.
Finalement, une fois que je prends mon bus du retour, je me suis fait une raison. Il était très tôt pour moi, et pour lui aussi, alors il n'a dû lire mes mots qu'en travers et il a déjà oublié tout ce que j'ai dit. D'ailleurs, quand j'arrive, le mot n'est plus là : il a dû le jeter directement après l'avoir lu. La seule preuve est donc détruite.
Le cuisinier n'est plus là--je crois que Pavard le ralentit quand il lui tourne autour, alors il a dû avancer plus vite--et je m'assieds sur le canapé.
On dit qu'il faut vingt-et-un jours pour prendre une habitude, quelconque soit-elle. Pourtant, ça n'en fait même pas quinze que je suis ici avec Pavard, et la maison me semble absolument vide sans lui.
Peut-être parce qu'elle l'est.
Je ne peux rien faire pour m'occuper, puisque la femme de ménage à déjà tout nettoyé. Je vais dans ma chambre et sors ma broche pour la garder dans mes mains, essayant de trouver du réconfort dedans. J'ai vécu seule pendant des années, alors je peux recommencer pendant deux jours. Et je recommencerai dès que j'aurai assez d'argent pour me le permettre.
Je soupire avant de faire la seule chose qui pourrait m'aider : je me mets à parler toute seule.
-Je vais quand même pas manger maintenant, il est beaucoup trop tôt. Mais qui va me dire combien ce repas va me coûter ? Pavard est pas là ! Il faudra que je lui demande quand je le verrais. Et le repas de demain soir aussi. Il rentre demain dans la nuit, de toute façon. Peut-être que je le croiserais en allant travailler, samedi matin ? Je vais prendre une douche avant de devenir folle.
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CONFIANCE » PAVARD ✓
Fanfiction« Maintenant, autre nouvelle, et des plus...surprenantes. Une jeune femme s'est évanouie sur la terrasse d'un bar hier...en voyant Benjamin Pavard torse nu à la télé ! » août 2018┊octobre 2018.