Chapitre 4 : Une drôle de rencontre

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Après m'être préparée, je ramassai mes affaires. En rejoignant ma voiture, je ne trouvai personne à l'accueil, j'y déposai cependant la clé de la chambre. Il faisait plutôt frais et j'étais contente d'avoir mis un pull sous ma veste ainsi qu'une écharpe. J'en avais toute une collection, allant de la plus chaude à la plus décorative. Leur utilité principale étant de camoufler mes atours. Histoire que l'on me regarde dans les yeux !

Je cherchais rapidement un endroit pour prendre le petit déjeuner, j'avais besoin d'un grand latte pour commencer la journée. A quelques kilomètres de là se trouvait un diner. Je salivais déjà à l'idée de manger des pancakes tout chauds. Je suis une vraie gourmande lorsqu'il s'agit du petit déjeuner!

Je trouvais sans problème le restaurant, il était encore tôt cela ne devait pas faire plus d'une heure qu'il était ouvert. Il y avait deux serveuses qui passaient parmi les clients, la patronne qui officiait derrière le comptoir et un homme aux fourneaux que l'on apercevait à travers le passe-plats. L'ambiance était calme, comme un matin tranquille et que l'on se réveille à la maison, où chacun mange paisiblement. Je fus accueillie par un sourire de la patronne et de bonjours joviaux de la part des serveuses.

Je m'installai sur une banquette, contre la vitre extérieure, j'aime observer la vie dehors qui s'agite alors que je prends mon temps à la contempler. J'imagine la vie de ceux qui passe. Une jeune femme amoureuse qui vient de quitter son amant et qui craint d'être en retard au travail. Un patron maniaque qui attend son chauffeur en passant des coups de téléphone. L'adolescent qui ne veut pas aller en cours. Le motard sexy qui vient prendre des nouvelles.

Euh attendez ! Motard sexy ?

Je me reconnecte à la réalité et en effet, un homme d'une trentaine d'années, je dirais, plutôt bien fait de sa personne, vient d'entrer dans le diner. Blouson de cuir sur le dos, bottes de motard et pantalon moulant son joli postérieur ... Bah quoi il me tourne le dos et j'aime observer...

Je serai bien restée à saliver sur ce bel homme s'il n'avait ouvert la bouche :

- Salut Mindy, lança-t-il à la patronne, quoi de neuf aujourd'hui ?

Bon sang, sa voix !

- Hé, bonjour Spencer ! Comment vas-tu mon grand ?

C'est "Spence" alias Spencer alias le motard qui a regardé dans ma voiture cette nuit ! Ne panique pas Hanna, tout va bien !

Subitement j'ai chaud, je défais mon écharpe et me penche pour rattraper le sucrier que je viens de bousculer. C'est sans compter sur l'ouïe et le regard bionique du motard qui se retourne et qui assiste à présentation de mon décolleté. Quelle nouille je fais ! D'une main, je retiens le tissu contre mon corps, limitant la vue plongeante sur mes sous-vêtements. Mais pas assez vite, si j'en crois l'orientation de son regard. Et m**** ! Je me suis fait repérer.

- Tu as de nouvelles têtes ce matin dis moi.

- Comme cela peut arriver de temps en temps pourquoi ? Répond Mindy.

- Oh comme ça, j'aime bien savoir.

Sur ces entrefaites, l'une des serveuses vient prendre ma commande. Je lui réponds tout en lui demandant s'il est possible d'avoir un deuxième café à emporter : c'est pour la route. J'espère que par ce message subliminal, le biker comprendra que je ne fais que passer. Il sourit à la serveuse. Il a un très joli sourire. Un sourire charmeur. Rien à voir avec le rictus qu'il arborait cette nuit quand il a semblé me repérer.

Il prend la tasse que lui tend Mindy et alors que je pensais qu'il allait sortir, il se détourna et vint s'asseoir à ma table, face à moi. Si je n'étais pas aussi intimidée je lui dirais qu'il est mal poli de s'installer comme ça, sans demander l'autorisation. Mais là, j'ai un peu la trouille : ce gars, je suis sûre qu'il se fiche d'avoir l'autorisation pour faire quoique ce soit. Comme je ne dis rien, il prit la parole :

- Salut, t'es nouvelle dans le coin ?

- Euh, pas.... pas vraiment... enfin je veux dire que si... mais non...

- Ce n'est pas très clair, reprit-il, tu viens d'arriver ou pas ? Tu sais répondre à une question simple ?

Alors s'il commence à me parler comme ça, ça va pas le faire je ne suis pas débile non plus ! Bon OK, j'ai du mal à m'exprimer, là tout de suite, mais c'est lui aussi qui me met la pression !

- Je ne peux pas être nouvelle ici puisque je ne reste pas, je ne fais que passer. Lui répondis-je un peu sèchement.

- Et pour aller où ? Dis-moi.

- Pourquoi ? Tu es de la police ?

- Oula, sujet sensible ! Ne le prends pas mal, c'est juste pour faire la conversation.

Ouais, c'est ça et moi je suis la reine d'Angleterre ! Il me prend pour qui, monsieur je-veux-tout-savoir ? Ce sera quoi après mon numéro de carte bancaire ?

Je fronçai les sourcils et n'ayant pas répondu assez vite, il reprit :

- Si tu préfères ne rien dire, ça me va aussi.

- Je préfère oui, mais pour dire vrai, je ne sais pas encore où je vais, j'attends un signe.

Il parut surpris de ma réponse, et me demanda de préciser.

- J'attends les indices pour savoir où je dois me rendre.

- Et qui doit te fournir ces informations ?

- Le grand patron, qui d'autre ?

Il semblait réfléchir à ce que je lui disais et bien qu'il fut impassible, une émotion fugace traversa son regard : le doute je crois. J'avais beau chercher pour quelle raison il pourrait douter de moi, je ne voyais pas, j'étais sincère.

- J'aimerai bien te présenter le mien.

Là, j'étais complètement paumée, de quoi me parlait-il ? C'était le membre d'une sorte de secte ? Des témoins de Jéhovah ou du cercle de la lune ? Il avait l'air sérieux en plus.

- Euh bah en fait, je ne peux pas m'arrêter longtemps donc dès que j'ai mangé, je file. Désolée je ne vais pas pouvoir.

Il parut contrarié de ma réponse. Mais cela ne dura qu'une seconde. Il reprit son sourire :

- Dommage, ça aurait pu être intéressant.

- Je n'en doute pas une seconde, mais ce n'est pas possible.

Haussant les sourcils, il regarda la serveuse déposer mes pancakes sur la table et mes deux cafés. Il devait s'imaginer que je le ramenai à quelqu'un. Je lui rappelai que c'était pour tenir sur la route, je n'avais pas trop dormi.

Il me sourit, me salua en me souhaitant bonne route. Nos regards s'accrochèrent quelques secondes. Les siens me donnant une sorte d'avertissement, enfin c'est l'impression que j'en eus.

Il sortit du diner et me laissa perplexe.

Le biker et moi 1- SpencerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant