Edward, qui n'en pouvait plus d'attendre que les réponses viennent à lui sans qu'il ait à trop forcer, craqua littéralement quand la jeune fille qui se débattait toujours avec sa tignasse abandonna le combat et s'affaissa en soupirant, sans pour autant lui donner une quelconque explication potable.
-« Nan mais dit donc ! Je pourrais savoir ce qu'il se passe à la fin ?! »
Il eut enfin le plaisir de voir que son cri avait réveillé la fillette car celle-ci se redressa en paniquant encore plus qu'elle ne l’était déjà.
-« Mais arrête de gueuler ! C’est déjà un miracle si tu es arrivé ici indemne et sans personne à tes trousses alors c'est vraiment pas le moment pour attirer l’attention sur nous ! Crétin ! »
-« Qui c'est le crétin ?! » S'emporta-t-il encore une fois alors que la jeune fille se taisait avec une moue agacée sur le visage.
Edward plissa les yeux en la regardant fixement avant de s’apercevoir avec horreur d'un détail de la plus haute importance ! Sous le regard ahuri de la demoiselle, il éclata une troisième fois en la pointant d’un doigt tremblant de colère.
-« Mais… Mais en plus, t'es plus grande que moi ! »
Effectivement, quand Alice eut compris les vociférations de l'alchimiste, elle remarqua rapidement que le haut de sa tête atteignait facilement la « hauteur totale » du garçon, c’est-à-dire, la taille de celui-ci si on comptait en plus les semelles compensées et la mèche rebelle qui ornait le dessus de sa touffe de cheveux blonds. Avec un soupire de désespoir, elle pensait que ce serait un miracle si les gens du parc n’entendaient pas clairement toutes ses gueulantes. Vu comme c’était parti, en peu de temps il y aurait une émeute à leur emplacement et ce serait la fin des haricots, enfin, surtout pour lui en fait…
Vaincue, pour réussir enfin à faire taire au moins deux secondes le jeune homme, Alice lui mit avec hâte ses chaussures tenues dans sa main droite sous le nez. Abasourdi, Edward arrêta tout déchaînement de sa part pour examiner sans comprendre la paire qu'il avait sous les yeux. C’était des bottines noirs toutes simples et… Non, attendez ! Ces chaussures avaient des semelles aussi hautes que les siennes et des talons. Il ne s'en était même pas aperçut !
Fière de son effet, Alice posa ses bottes au sol à côté de ses pieds. Elle était en chaussette, sans pression, alors qu'il faisait un froid de canard ! Edward en devint muet de stupéfaction.
-« Avec ça, normal que je sois grande ! Autrement, j'ai la même taille que toi, et malheureusement, je ne grandirai plus… Ça doit faire un an que je n’ai pas pris un millimètre… C'est bon, toi et ton orgueil vous êtes redescendus ? Non parce que si quelqu'un d’autre s’apercevait de ta présence, tu serais vraiment dans la merde ! »
Attentif à ce qu'elle venait de dire, le jeune homme rebondit.
-« En quoi ma présence serait-elle un problème pour moi ? »
Avec un sourire, Alice se réinstalla sur le banc afin de remettre convenablement ses chaussures tout en lui répondant sincèrement.
-« Je serai heureuse de pouvoir éclaircir tes interrogations, mais ce n'est ni le moment, ni l'endroit pour que je réponde à cette question. »
Elle se redressa en souriant plus franchement alors que le jeune homme fronçait les sourcils, guère content de sa réponse. S'apercevant cette moue, le sourire d'Alice fondit comme de la neige au soleil pour prendre un air parfaitement sérieux en continuant.
-« J’aimerai t’aider, mais il va falloir que tu me fasses un minimum confiance, sinon je ne pourrai rien pour toi… »
En pleine réflexion, Edward avait baissé la tête avec un air concentré sur le visage. Au moins, se rassura Alice, il n'avait plus cette face coléreuse à son encontre, c’était déjà ça.
Le jeune homme se demandait intérieurement si c’était une bonne idée de lui faire confiance. Après tout, elle n’avait répondu à aucune de ses questions pour le moment et ce qu'elle avait pu lui dire était particulièrement étrange selon lui. Mais malgré sa panique initiale, elle ne semblait pas mauvaise et ne lui inspirait pas autant de méfiance que ce sentiment qu'il avait pu déjà avoir en rencontrant d'autres personnes.
Alors qu'il réfléchissait, Alice, savourant ce silence, se baissa pour ramasser le livre toujours au sol avec un soupire. Elle en retira la poussière qui avait pu s’accumuler entre les pages, replaça distraitement le marque-pages en fuite au hasard et le rangea dans son sac en réfléchissant à la marche à suivre si jamais Edward acceptait un minimum de l’écouter. Il faudrait en premier lieu le rendre moins visible, ce qui allait être difficile car il faisait… trop lui… avec ses cheveux blonds tressés, ses yeux dorés, ses vêtements noirs et son manteau rouge blasonné de l'insigne désignant son maître d’alchimie. Alice s'attendait déjà au prochain déchaînement de celui-ci quand elle allait lui annoncer ce qu'elle voulait qu'il fasse pour le rendre moins voyant.
-« D'accord… » Répondit-il finalement en relevant le regard vers elle. « Mais j’aimerai savoir pourquoi tu as réagi comme si c’était la fin de monde quand tu m'as vu. »
Face au regard appuyé que la jeune fille brune lui lançait par-dessus son épaule droite, ses mains farfouillant toujours dans son sac, Edward soupira.
-« Tu ne peux pas répondre, c'est ça ?... »
Alice était peinée, elle ne pouvait rien lui avouer pour le moment, ce serait jouer avec le feu. Elle n’était jamais certaine qu'il n'y ait vraiment personne dans les parages qui les écoutait.
Se rappelant d'un léger petit détail, elle se retourna pour faire face à l'alchimiste.
-« Il est vrai qu'il y a des question auxquelles je ne peux répondre maintenant et j'en suis désolée… Quand tu sauras le fin mot de l'histoire, tu vas comprendre pourquoi j'ai réagi et pourquoi j’agis ainsi. Au fait, je m'appelle Alice, et je suis enchantée d'enfin pouvoir faire ta connaissance Edward ! »
Le blond ne fît qu'acquiescer à la présentation de la jeune fille et la regardait silencieusement mettre ses mains sur ses hanches en reprenant sérieusement, dardant son regard bleuté dans le sien sans ciller.
-« Tout d'abord, tu pourrais te faire remarquer trop facilement ! Il faut arranger ça rapidement sinon nous serions dans la mouise ! Enfile ça ! »
Sous son regard estomaqué, Alice défit la fermeture éclaire de son manteau noir, l’enleva et le tendit d'un air parfaitement naturel au blondinet. Celui-ci n'en menait pas large…
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Au prix des Souvenirs
AdventureAlice, une jeune fille âgée d'une quinzaine d'années et ayant une vie tout à fait banale, monotone même, va faire une rencontre au delà de l'imaginable. Et la jeune fille est encore loin de pouvoir juste concevoir ce qui allait lui arriver part la s...