Quand j'ai relu ce chapitre pour en faire une énième correction avant de la poster, n'a n'ai pas pu m'empêcher de sourire face aux situations délicates dans lesquelles Alice se mettait déjà! En fait, j'ai aussi eut une petite pensée pour Paawelll avec ce qu'elle fait à Edward ! xD
Bonne lecture tout de même!
________________________________________________________________________________________________Alice regardait silencieusement le jeune homme face à elle qui avait baissé le regard sur le sol, un air stupéfait sur le visage, comme s’il était plongé dans ses pensés sans les comprendre, simplement emporté par cette vague infernale qui lui traversait sans cesse l'esprit. La jeune fille était en train de prendre de longues inspirations afin de calmer ses émotions. Il fallait qu'elle se reprenne, qu'elle se fasse violence pour reprendre du poil de la bête, surtout que comme elle le pensait si bien, le blond était particulièrement imprévisible. Elle le savait bien, il l'avait trop surprise malgré sa préparation mentale, ses épaules la lançant encore un peu après avoir subies la poigne serrée du jeune homme. Si la jeune fille se laissait avoir, il était plus que certain que ce qu'elle ne voulait absolument pas voir arriver, se réaliserait… Or, en le faisant rentrer dans cette pièce, elle s’était jurée mentalement de ne rien faire foirer, alors hors de question de perdre la face. D'accord, c’était LE Fullmetal Alchimiste que la brune avait devant elle et c’était son personnage préféré, aussi… Alors en plus de faire de gros efforts pour retrouver un état d’esprit qui lui corresponde, il lui faudrait aussi laisser vraiment une grande partie de ses sentiments de côté afin de convenablement exécuter le devoir qu'elle s’était accordée.
Alice enferma sous clé les différentes pensés émotives qui lui traversèrent l'esprit avant de reprendre une grande inspiration et de se racler légèrement la gorge afin de se donner le courage nécessaire pour arriver au bout de ce qu'elle avait commencé. Après s’être assurée que le garçon n'allait pas lui sauter dessus pour la plaquer à nouveau contre le mur, d'une œillade, elle s'approcha lentement de son étagère fétiche, faisant se relever sur elle le regard doré du jeune homme, toujours aussi perdu.
Lentement, la lycéenne passa ses doigts sur l’étoffe, puis la souleva doucement en disant, sans se tourner vers Edward, incertaine.
-« Ici, l’alchimie n'est que fiction… Et de ce fait, Fullmetal Alchimiste te désigne en tant qu'Alchimiste d’État, mais cela désigne aussi la série de livre qui compte vos aventures à toi et à ton frère. »
Edward fronça les sourcils puis observa avec des yeux grandissant les nombreux livres qui se dévoilaient à lui, cachés il y a de cela quelques instants derrière ce rideau rouge blasonné. En penchant légèrement la tête sur le côté, ses cheveux blonds se balançant autour de son visage figé dans une moue perplexe et curieuse, l'alchimiste lut parfaitement « Fullmetal Alchemist » sur les tranches de ceux-ci, confirmant leur appartenance à cette « série » comme l’avait si bien dit la jeune femme.
Celle-ci passa une main pensivement sur sa collection, murmurant plus à elle-même qu'au blond, une étrange lueur de mélancolie passant comme un voile sur ses yeux et s'évaporant aussi vite qu'il était arrivé.
-« C’était un cadeau d'une vieille dame qui habitait dans la maison d'en face… Elle était très gentille et j’aurais adoré continuer à passer du temps avec elle… »
Subitement, secouant sa tête et faisant voler ses cheveux bruns coupés courts autour d’elle, Alice se tourna brièvement vers l’aîné des Elric afin de s’assurer d'avoir toute son attention. Elle vit parfaitement son regard ambré fixé sur ses bébés. La lycéenne continua alors sur un ton détaché en pointant le premier des livres près du début.
-« Vous en êtes ici… »
Un grand intérêt était visible au fond des soleils brûlants du Fullmetal alors que la jeune fille comprit rapidement ce qui semblait tourner dans la tête de celui-ci. Son visage ne laissa cependant rien transparaître tandis qu’Alice, mécontente de ce qu'il pourrait suivre, écoutait Edward qui demanda simplement.
-« Donc… Le reste serait notre futur ?... »
Elle s'y était préparée, alors, en croisant ses bras d'un air autoritaire, la lycéenne répondit fermement.
-« C'est cela. Et avant que tu ne me poses la question, je ne te les montrerai pas ! »
Dans son mouvement, le tissu rouge avait voleté légèrement avant de retomber et de cacher à nouveau les précieux trésors de la brune.
Comme l’alchimiste ne bougeait pas d’un pouce, la jeune femme pensait avec étonnement qu'il avait parfaitement comprit ce qu'elle voulait dire par là, mais quand elle perçût cette étincelle au fond du regard du jeune homme, regard qu'il avait laissé sur l’étagère, l'intuition d'Alice lui tordit brutalement le ventre. Edward ne semblait pas vouloir l’entendre de cette oreille, elle en était plus que certaine à présent et de ce fait, la jeune fille l'attendait de pieds fermes !
La jeune fille ne souhaitait vraiment pas engager un combat entre le Fullmetal et elle, mais déjà, les premiers signes arrivèrent rapidement, se traduisant par une jambe ramenée en arrière pour se propulser, et des regards obliques dans sa direction tandis qu'elle faisait semblant d’avoir porté son attention sur les livres qui étaient rangés à sa gauche. Ainsi, quand elle vit une silhouette noire aux reflets dorés se précipiter sur sa bibliothèque tellement rapidement qu'elle avait l'impression de voir double, Alice se mordit furieusement la lèvre inférieure en balançant son bras droit vers celle-ci…
Il était impossible ! Et totalement inconscient ! Elle devait impérativement recourir à de bonnes paroles pour raisonner ce jeune homme parfaitement imbécile !
-« Hep là ! Je t'ai dit à l'instant que je ne te les montrerai pas. Tu es sourd ma parole !? » Cria-t-elle en brandissant sa main droite maintenant désormais l'oreille du garçon entre ses doigts.
Sans attendre, fébrilement et nerveusement, Edward claqua instinctivement ses deux mains entre elles et posa ensuite celle de gauche sur son automail au bras droit dans, à ce que comprit la brune, un essai de transmutation en lame. Alice paniqua un peu en s'attendant à voir surgir l'arme du jeune homme, déchirant au passage son gant blanc, qu'il utiliserait sûrement ensuite pour la menacer, probablement.
Edward fut totalement démuni en voyant que rien ne se produisait contrairement à tout à l'heure. Interloqué, il joignit une fois encore ses mains et retenta une seconde fois de transmuter son bras métallique afin de dégager cette fille qui l’entravait. Comme la première fois, aucun éclair d'alchimie ne se laissa apercevoir par les deux adolescents, ce qui permit à la lycéenne de souffler de soulagement, resserrant un peu plus son étreinte sur ce petit morceau de chair.
Mais le jeune homme ne mit pas longtemps à commencer à se débattre à main nues afin de déloger cette folle et de tenir entre ses doigts la clé qui pourrait sûrement l’aider dans sa quête. Voyant qu'elle tenait bon malgré ses assauts, il grogna en tenant à deux mains le bras droit de la brune.
-« Lâche moi ! Si je les lis je pourrais trouver un moyen pour redonner son corps à Al ! »
Alice mordit férocement ses joues en tentant de ne pas perdre son emprise sur le blondinet, lui évitant ainsi d'aller mettre le nez dans quelque chose qui allait être potentiellement désastreux pour lui et son entourage… Cependant, les dents serrées par l'effort surprenant qu'elle devait fournir afin d’éviter que l'alchimiste ne la fauche avec son pied en resserrant ses doigts fermement sur son oreille, elle demanda.
-« Peut-être, mais encore ? »
Edward s’arrêta un instant, la question de la jeune fille tournant dans sa tête. Il lui lança un regard meurtrier en essayant de décoller une à une les phalanges de la demoiselle.
-« Où veux-tu en venir ? »
Alice manqua de s’étouffer. Rageusement, elle tira l'oreille du jeune homme pour ramener son visage à la hauteur de ses yeux bleus afin de plonger ceux-ci dans les perles dorés d'Edward, qui pinça les lèvres à ce geste quelque peu douloureux. Fallait dire qu'Alice avait une de ces poignes ! Mais le blondinet ne répliqua rien à cela, la noirceur du regard de la jeune femme lui imposant le silence.
Depuis qu'il l'avait rencontrée, jamais elle n'avait fait preuve d’autant de colère, même pas quand il avait abordé malencontreusement le sujet sensible de ses parents.
-« Tu ne vois pas ce qui me dérange ? As-tu la moindre idée de ce qu'il pourrait se passer si tu connaissais ton avenir ? Non ? Alors je vais te le dire. » La voix d'Alice était tremblante de rage. « La première chose serait que tu ne réagirais plus de la même façon. La seconde serait que si jamais une personne de ton entourage était censée mourir, tu ferais tout pour lui éviter cela. »
-« Justement, raison de plus pour que j'y jette un œil ! » Lui cracha-t-il presque en retour.
-« Au contraire ! Tu ne comprends pas, tout risquerait de s’enchaîner ! Si jamais tu évitais la mort de quelqu'un, alors sûrement que d'autres mouraient à sa place et si tu ne réagissais pas de la même façon, alors les événements en seraient bouleversés ! »
Alice bouillonnait intérieurement, mais soucieuse de pincer encore l'oreille du jeune alchimiste, elle s’écarta un peu et le libéra. Cependant, quand il fit un geste en direction de sa bibliothèque, la lycéenne ne prit pas longtemps à se placer devant celle-ci et d'ouvrir les bras dans un invitation pour le blond à lui passer sur le corps s’il voulait atteindre ses livres.
Offusqué de voir qu'elle continuait malgré tout à l’empêcher de toucher ne serait-ce que l’étagère, Edward se renfrogna encore plus qu'il ne l’était déjà.
-« Et peut-être qu'il ne se passera justement rien de tout cela ! »
Le visage figé de la brune ne laissait transparaître au blond que son refus catégorique à lui accorder cette faveur, même ne serait-ce qu’à lui. Elle ouvrit encore plus ses bras et le regardait sans ciller, une lueur de détermination brillant au fond de ses yeux bleutés, bien ancrée sur ses pieds, le dos parfaitement droit.
-« Edward… Je compte en aucun cas te laisser faire quelque chose que tu risques fort de regretter par la suite. Certes, tu as raison, peut-être que je dramatise trop la chose et que rien n’en serait changé… Mais se baser uniquement sur du « hasard » et de la « chance » pourrait se retourner contre vous… Connaître son avenir n'est jamais bon ! Imagine simplement qu’après avoir changé le cours du destin, Alphonse, Winry ou même Pinako venait à en subir les conséquences ! Qu'est-ce que tu ferais, hein ?! Te connaissant, tu vas beaucoup t'en vouloir et tu vas aussi m'en vouloir parce je ne t'en aurai pas empêché ! »
Edward la regardait simplement, surpris de voir que la jeune fille était si déterminée à se battre pour ce qu'elle pensait juste. Et à l’écouter, l'alchimiste en vint à se dire qu'elle n'avait sûrement pas tord en un sens et que c’était peut-être ce qui l'aurait chiffonné s’il n'avait pas foncé tête baissée dans le tas sans réfléchir aux conséquences.
La demoiselle continua, d'une voix légèrement plus faible.
-« Je ne compte ni jouer avec l'avenir, ni jouer avec la vie des gens ! En ce moment même, je détiens peut-être celle de beaucoup entre mes mains. Je sais bien que ton frère compte beaucoup pour toi et retrouver son corps est ton but premier… Mais si c'est en échange de toute ces vies que j'ai dans la paume, alors c'est hors de question… Parce que même avec ça, il n'est pas certain que tu atteignes convenablement ton objectif… Crois-moi, votre futur est très bien comme ça, alors ne gâche pas tout… »
Alice baissa finalement ses bras, se frottant distraitement le poignet qu'Edward avait serré dans sa tentative de se soustraire à son emprise, le regard rivé vers le sol. Elle espérait que le jeune homme comprenait le fond de ses pensés, elle avait tant dit en essayant de former des phrases qui ne présageaient en rien son avenir.
Le Fullmetal était déçu de voir sous ses yeux une possibilité de rendre son corps à son frère voler en éclats. La lycéenne avait parfaitement raison… Avec son frère, ils ne pouvaient pas atteindre leur but si c’était en échange de vies humaines… Si ?
Il sentit pointer un lui ce sentiment horrible de défaite et de culpabilité. Un peu plus et effectivement, il allait sûrement faire une belle bourde… Les épaules basses, sa colère face à la jeune femme s’évapora tandis que celle-ci lui jetait un coup d'œil, étant revenue à son calme habituel après avoir laissé déborder sa frustration.
Alice était vraiment peinée pour l'alchimiste. Elle voulait vraiment aider et tout ce qu'elle arrivait à faire c’était de lui présenter un semblant d'espoir sous le nez avant de le lui retirer aussi sec. De ce fait, elle se sentait particulièrement coupable de son état d'esprit actuellement et de son air légèrement abattu.
-« Tu vas devoir apprendre des choses, en découvrir certaines et devoir en accepter d'autres. Tout ne sera pas rose et joyeux, mais ça, tu le savais déjà je pense… » Tenta-t-elle avant de se mettre une claque mentale pour sa débilité.
Cependant, Edward ne fît qu'acquiescer ses dires. Et voyant qu'un silence gênant s'installait entre eux, Alice ne tint plus et s’empara d'un de ses précieux livres. Ainsi, elle lui tendit le premier tome de la série en déviant le regard, mâchant nerveusement ses joues.
-« Tiens ! Celui-ci, tu peux le lire, puisque ça c'est déjà passé. J'aimerai juste que tu me confirmes que ce qu'il s'y passe vous soit véritablement arrivé, mot pour mot ! »
Lentement, Edward étendit son bras droit pour s'emparer délicatement du livre. Après tout, il était presque certain qu'Alice tenait beaucoup à ceux-ci, il n'y avait qu’à se souvenir de la moue qu'elle lui avait donné sans s'en rendre compte en les lui dévoilant, pour le prouver. En fixant consciencieusement les dessins sur les couvertures de celui-ci, qui le représentait avec Alphonse, le jeune homme lui demanda tout de même, bien qu'il se doutait de la réponse que la jeune femme lui donnerait.
-« Si ça diffère, tu me laisserais lire la suite ? »
La brune croisa à nouveau ses bras en répondant instantanément.
-« Bien tenté, mais non ! »
Edward poussa un long soupire avant de poursuivre en faisant passer le livre entre ses doigts, le regard fuyant et sur un ton un peu boudeur.
-« Bon… Au moins tu as répondu à mes questions… Et aussi, je m'excuse pour… ma brusquerie… »
Alice tomba légèrement des nues face aux excuses du blondinet qu'elle avait l'habitude de voir si… réactif ? Cependant, elle se reprit rapidement et c’était un peu gênée qu'elle lui dit en bougeant frénétiquement sa main gauche de haut en bas, le poignet de la droite étant encore un peu douloureux.
-« Ah mais c'est pas grave, te connaissant, je m'y attendais un peu ! J'aurai sûrement réagi de la même façon ! Et puis j'ai eu ma vengeance ! »
En terminant sur ces paroles, la jeune fille baissa son regard vers ses deux doigts fautifs qu’elle joignit ensemble à plusieurs reprises, ce qui procura à Edward l'envie subite de porter sa main à son oreille endolorie. Quand il vit un petit sourire fleurir sur le visage de la demoiselle, il se mit à grogner.
-« Hé mais tu sais que ça fait mal en plus ?! »
En contrepartie, il reçut un regard surprit de la lycéenne.
-« Parce que j'aurai fait ça sans raison ? »
-« Hum… »
Il grommela quelque chose dans sa barbe inexistante concernant on ne savait trop quoi sur les agissements d’Alice avant de se retourner et de se diriger vers le lit qui trônait dans l’autre partie de la chambre de la jeune fille. Celle-ci le regardait simplement s'installer en tailleur sur le drap avant d'ouvrir avec intérêt le bouquin qu'il tenait entre ses mains.
Alice observait silencieusement ce tableau. Jamais elle n'aurait cru avoir la chance d'assister à cela, de voir le Fullmetal Alchimiste assit en tailleur sur les couvertures bleus pastel de son lit, les bras sur les genoux, les yeux courant sur le papier comme s’il cherchait à plonger dans sa lecture tête la première. La jeune fille n'en voulait absolument pas au jeune homme pour sa réaction brutale d'il y avait quelques instants, puisqu'elle la comprenait parfaitement. Se sentir impuissant face à la situation de quelqu'un a qui on tient, Alice en avait déjà fait les frais...
La lycéenne alla se vautrer sur la deuxième partie de son lit, puisque le blond s'était assis non loin de ses oreillers. Les tremblements qu'elle causa au matelas ne sembla en aucun cas déranger le jeune homme puisqu'il n'eut aucune réaction. La brune attendit un instant, sur le dos, en regardant fixement le plafond de la pièce.
Elle ne pensait pas que tous ces souvenirs se rappelleraient aussi rapidement à sa mémoire. Pourtant, bien que cela faisait un bout de temps que ces livres étaient en sa possession, elle avait l'impression que c'était hier encore que du haut de ses dix ans, elle se baladait dans ce même quartier qui était visible par sa fenêtre, un sourire enfantin collé aux lèvres. La jeune fille sentait encore ses petits doigts fins enserrer la poignée de cette porte et l'ouvrir en criant joyeusement à cette vieille dame habitant dans la maison de l'autre côté de la route, qu'elle était présente à nouveau, et qu'elle rentrait. Alice ne se souvenait plus de l'intérieur de cette maison, et encore moins de l'emplacement des pièces... Mais le souvenir du sourire radieux de cette dame quand elle arrivait à sa hauteur afin d'embrasser ses deux joues était ancré au fond de son cœur.
La brune n'était pas naïve, petite, elle avait bien remarqué que chaque jour, les tremblements qui parcouraient le corps maigre de cette vieille dame devenaient de plus en plus violents, l'obligeant souvent à s'asseoir pour éviter de perdre l'équilibre.
À plusieurs reprises, elle se souvenait de lui avoir demander comment elle allait, mais à chaque fois celle-ci parvenait à détourner la conversation afin que ce soit à Alice de se confesser. Ainsi, cette grand-mère qu'elle était devenue pour la fillette à cette époque, la consolait quand la brune sentait son cœur se serrer face à l'inintérêt que lui portaient ses géniteurs et elle séchait ses larmes quand elles creusaient des sillons dans ses joues.
Alice ne se souvenait pas avoir vu d'autres personnes qu'elle et cette dame dans cette maison. Aucunes photos de famille n'avaient été gravées dans sa mémoire, et au fil des années passées, la lycéenne en était venue à la conclusion que la doyenne était un peu comme elle au fond, qu'elle était seule. C'était la seule fois pour laquelle la jeune fille avait senti qu'elle était importante pour quelqu'un...
Or, quand ce jour était arrivé...
Alors que gamine, elle rentrait de l'école élémentaire, la jeune Alice avait fait une halte chez la voisine, parce que son état avait tellement empiré que la veille, la vieille avait été alitée dans son lit sans pouvoir en bouger, ce qui l'avait beaucoup inquiétée.
Mais en entrant dans la maison, le souvenir fulgurant et encore tout frais de cette atmosphère lourde lui revint en mémoire, alors qu'elle l'avait prise en grippe. Alice se rappelait parfaitement bien que la maison fût totalement vide ce jour là... Plus aucuns meubles, leurs seule présence ayant été confirmée par quelques marques sur le sol et murs en papiers peints. Rien... Hormis ce carton solitaire, au milieu d'une grande pièce vide, qui l'attendait, une enveloppe posée sur le dessus, simplement.
C'était une lettre qui lui était destinée... La vieille s'excusait de ne pouvoir rester plus longtemps à ses côtés et qu'elle espérait beaucoup qu'Alice lui pardonne son impossibilité à les lui donner en main propre pour son anniversaire prochain... Elle lui demandait aussi de garder la tête haute et de continuer à vivre.
La gamine avait alors ouvert le carton, laissant paraître sous ses yeux, une multitude de bouquin, tous du même nom mais de volumes différents...
Cadeau d'anniversaire...
Cadeau d'adieu...
Son petit cœur d'enfant lui avait fait atrocement mal ce jour là et Alice avait pleuré toutes les larmes de son corps... Elle n'avait pas pu lui dire au revoir, ni lui redemander une fois encore comment elle s'appelait car cela lui était sortit de la tête.
Depuis lors, plus aucunes perles salées n'avaient dévalé ses joues... Plus de picotements aux yeux... Juste... un vide horrible et une douleur sourde quand elle y pensait... C'était tout.
Quand un pincement au cœur se fit ressentir, Alice passa une main sur son visage et roula sur le flanc en ramenant légèrement ses genoux contre sa poitrine, regardant l'alchimiste blond assis devant elle.
Ses pensés s'éclaircirent quand elle vit pointer sous ses yeux un bout métallique. Comme Edward avait retiré ses chaussures, son automail au pied était parfaitement visible pour la brune qui, très curieuse, ne put s'empêcher de lever lentement un doigt pour aller l'effleurer. Elle le retira instantanément de peur que le blond ait sentit son toucher. Cependant, quand elle leva ses yeux bleus vers lui, la jeune fille le retrouva encore enfoncé dans sa lecture, tournant seulement les pages unes à unes. Alors, elle retenta une fois encore, poussée par cette curiosité qui la torturait et déposa ledit doigt sur le pied métallique. La lycéenne fit glisser délicatement son index de haut en bas à deux reprises avant de sentir un malaise.
Tournant son regard vers le garçon, elle sursauta de surprise en croisant ses iris dorées qui l'observaient avec une lueur interrogative. Elle tressaillit et en se redressant au passage, Alice bégaya quelques secondes, très embrassée, avant de secouer fébrilement ses mains devant elle en disant.
-« Ah ! Pardon, c'est juste que j'ai eu tellement l'habitude de voir ça en image que le voir en vrai m'intrigue plus que je ne le pensais… »
Il devait bien se l'avouer, mais cette fille pouvait parfois avoir des réactions étranges. La preuve, elle n'avait en aucun cas dû se sentir obligée de lui donner une quelconque explication puisqu'il avait parfaitement comprit ses pensés quand le jeune homme avait intercepté son regard curieux sur son pied gauche. Edward était un peu habitué à cet intérêt qu'on lui portait pour ses automails, Winry, son amie d'enfance, étant la première à s'en intéresser.
Silencieusement, l'alchimiste blond observait la jeune lycéenne aux cheveux courts qui avait laissé dériver une énième fois ses yeux bleus sur ses prothèses métalliques, sûrement sans s'en apercevoir. L’envie qui semblait titiller la jeune fille était palpable et l’aîné des Elric ne mit pas longtemps à y céder. En lâchant un soupire, la tête baissée de résignation, il releva un peu le bas de son pantalon et se tourna en quelques mouvements vers la brune pour lui tendre légèrement sa jambe. Cependant, il plongea immédiatement sa tête dans les pages du livre, ne ressentant aucunement le besoin de devoir croiser une seconde fois les océans bleus de la fillette. Ah ! Il ne se souvenait plus avoir dit autant de chose sur « Dieu » devant Rose dans l’église !
Voyant que le jeune alchimiste ne prêtait plus attention à elle, Alice déposa son regard sur le métal brillant de la jambe gauche de celui-ci. Il semblait lui permettre de le manipuler à sa guise, mais craintive, la jeune fille le toucha simple du doigt. C’était dur… Ironiquement, la lycéenne pensa alors que c’était tout à fait normal, et que de ce fait, cela aurait été problématique si la prothèse avait été aussi molle que de la guimauve…
Mais la curiosité de la jeune femme prit totalement le dessus sur la raison de celle-ci et très rapidement elle s'empara du pied pour l'examiner plus consciencieusement, fixant son regard sur les vis qui étaient visibles. Edward ne lui lança qu'une œillade rapide tandis qu'elle était en train de faire coulisser les articulations métalliques lentement, émerveillée d’apercevoir quelques petites pièces bouger en même temps.
Ce n'est qu’après un petit moment qu’Alice s’aperçut qu'elle levait peut-être un peu trop la prothèse d'Edward alors qu'elle cherchait à regarder le dessous de celle-ci, poussant son possesseur à légèrement s'allonger un peu plus à chaque fois sur le lit. Paniquée, la jeune lycéenne la lâcha précipitamment, la laissant retomber (lourdement) sur le lit. Sans pression, Edward tourna une page. S’installant sur ses genoux, la brune préféra s'abstenir de réitérer l’expérience de manipuler l’automail du jeune homme, embarrassée de s’être laissée aller comme cela. De ce fait, les poings soigneusement placés sur ses jambes repliées sous elle, Alice observait les réactions de l'alchimiste blond. Sauf qu'il semblait avoir un self-control impressionnant puisque son visage ne reflétait absolument rien… Alors la brune suivit des yeux la chevelure blonde du garçon avant de lui demander d'une voix particulièrement faible, comme si elle craignait de déranger quelque chose.
-« Alors ? Verdict ? »
Edward se rassit convenablement en lâchant un énième soupire pour la journée, mettant son index métallique entre les pages afin d’éviter de s'y perdre. Il passa négligemment son autre main dans sa tignasse dorée en ronchonnant avant de souffler.
-« Totalement pareil… Mot pour mot… »
-« Je vois… »
Un ange passa avant que le jeune alchimiste ne pose sa tête dans sa main en grognant.
-« Tout de même, ça fait bizarre de se voir en images… »
La jeune fille se décrispa d'un coup et se mit à rire doucement. Le blond la regardait se marrer dans son coin avec une légère moue sur le visage. Il n'y avait pas vraiment de quoi se moquer… C’était très embarrassant pour lui d’être spectateur de ce qui leurs était arrivé il y avait de cela quelques jours…
Alice prit de grandes inspirations afin de calmer son éclat de rire et de ralentir les battements frénétiques de son cœur, une main sur la poitrine avant de regarder sa montre à son poignet gauche. Ouvrant grand les yeux et sautant littéralement sur ses pieds, la jeune fille pensa à voix haute.
-« Mince, il est déjà 17h15 ?! Faut absolument que je me grouille d'aller faire à manger sinon on n’aura rien dans l’estomac et comme il est hors de question que je descende après que mes parents soient revenus de leurs boulots ! »
Vive comme l’éclair, la jeune fille avait rejoint la porte de sa chambre et déposait déjà la main sur la poignée quand finalement, elle s’arrêta dans sa lancée pour se retourner vers l’aîné des Elric qui la fixait, l'air un peu perplexe de sa réaction. Au fond des prunelle de celle-ci, l’alchimiste pouvait clairement y voir défiler d'innombrables questionnements, mais son silence créait une ambiance particulièrement dérangeante pour le jeune homme. Il s’apprêtait à lui demander ce qui n'allait pas quand la brune le devança pour l’interroger, le regard un peu fuyant et le bras droit frottant frénétiquement le gauche.
-« Edward, que comptes-tu faire… Maintenant ? »
Pendant un instant, le blond se plongea dans ses pensés, les sourcils froncés, cherchant où la jeune fille voulait en venir et de quoi elle parlait. Quand le souvenir de lui donner une réponse pour son hébergement chez elle après ses explications lui revint en mémoire, il s’appuya sur ses mains pour se balancer un peu en arrière, réfléchissant à sa situation. Étant un « personnage » connu dans ce monde, sortir lui était effectivement particulièrement imprudent, alors trouver de quoi se loger le temps de réussir à rentrer chez lui, c’était presque du suicide. Et puis… Il n'avait pas mangé depuis il ne savait combien de temps, et entendre la brune parler de cuisine commençait à faire remonter son appétit. Comme pour le confirmer, il sentit son ventre grogner légèrement.
Se redressant et plaçant ses bras derrière sa tête de façon désintéressé, il lui répondit, priant pour que son ventre ne lui fasse pas le coup de gémir son mal être à la fin de sa phrase.
-« Je crois que je vais rester ici pour la nuit… »
Alice joignit ses deux mains en abordant un sourire plus que lumineux.
-« D'accord, heureuse que tu ais accepté ! » Elle se retourna une nouvelle fois vers lui tandis qu'elle s'apprêtait à définitivement sortir de la chambre et pointa son livre du doigt. « Quand tu auras fini de le lire, tu voudras bien aller chercher la table basse qu'il y a dans la pièce juste en face de ma chambre ? Elle nous servira pour manger ici. Merci ! »
Qu’est-ce que ? Edward se leva rapidement pour répliquer, mais la lycéenne s’était déjà envolée par la porte qui s’était refermée derrière elle. Les marches de l’escalier poussèrent des couinements quand la jeune fille les dévala à toute vitesse pour rejoindre le plus rapidement possible la cuisine. En s’emparant du tablier accroché à côté du four, Alice se demandait bien ce qu'elle pourrait faire pour satisfaire son appétit et celui du Fullmetal. Puis, ayant une idée dans la tête, elle sortit plusieurs ustensiles de cuisine tantôt de tiroirs, tantôt de placards, et se lança dans la préparation du repas après avoir préalablement enfilé le vêtement.
Edward resta bêtement quelques secondes à regarder la porte close de la chambre de cette jeune fille, qu'il ne connaissait pas tant que cela outre son prénom, mais qui semblait avoir une confiance presque aveugle en lui… Lentement, il tourna son regard vers la bibliothèque de la demoiselle et fixa intensément le tissu rouge qui cachait sa précieuse étagère… Oui, définitivement, elle lui faisait trop confiance…
Il se replongea dans sa lecture en poussant un soupire.
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Alice trempa délicatement son index dans sa casserole et le mena jusqu’à ses lèvres pour y goûter les vestiges de sa purée qui s'y était accrochée, les yeux fermés dans un effort de concentration intense. Un sourire de satisfaction fleurit sur son visage alors qu'elle acquiesça lentement. Décidément, heureusement pour elle que la purée était simple à réaliser, parce qu'elle ne la ratait presque jamais !
La jeune fille aux cheveux bruns s'empara de la crème liquide posée sur le plan de travail à sa droite et se déplaça rapidement vers la gazinière afin d’examiner les escalopes qu'elle faisait cuire dans une poêle. Escalopes qu'elle avait piquées sans ménagement dans le réfrigérateur puisque ses parents achetaient tout de même le nécessaire afin qu'elle puisse se faire à manger. La lycéenne s'assura qu'elles étaient bien cuites avant de verser un peu de crème fraîche et de rajouter les champignons. L'odeur qui se dégageait de sa préparation la faisait saliver d'avance ! Qu'est-ce qu'elle adorait l'escalope de veau à la crème et aux champignons avec un peu de purée faite maison ! D’ailleurs, elle espérait franchement que l'alchimiste n'allait pas faire la fine bouche niveau nourriture… Alice savait bien qu'il avait le lait en horreur… Peut-être devrait-elle lui faire goûter avant de le servir, histoire de voir si elle devait préparer autre chose pour lui...
Se questionnant intérieurement, la brune rangea rapidement sa crème dans le frigo et s'empara de la purée, se retournant avec l’idée de déposer la casserole sur la table derrière elle afin de faire un peu plus de place dans cette cuisine presque trop petite.
-« Alice, la chambre d'en face est… »
-« Aahh ! »
Sous la surprise, Alice sursauta violemment et manqua de laisser tomber le repas, renfermant sa prise sur les poignées de l’ustensile pour s'assurer que cela ne devienne pas le cas et le posant brutalement sur un sous-plat qu'elle avait préalablement déposé sur ladite table. Les jambes tremblantes, elle reprit son souffle en tentant de se persuader que sa purée ne s’étalerait pas sur le carrelage cette fois-ci, puis la jeune femme leva les yeux vers celui qui avait manqué de faire faire une terrible bêtise. Devant elle, Edward, les yeux écarquillés, la bouche à demi ouverte et le corps dépassant légèrement de l’embrasure de la porte la regardait avec stupéfaction. Fallait dire qu'elle avait dû avoir l'air parfaitement idiote à tourner sur elle-même pendant quelques secondes afin d’éviter le massacre, sa purée ayant été entre la vie et la mort pendant ce laps de temps.
Elle avait été tellement plongée dans ses pensés que la jeune lycéenne ne s’était même pas aperçue de sa présence et avait encore moins entendu les marches de l'escalier grincer… Alice ronchonna après l’alchimiste en se passant une main sur le front et soupirant de soulagement.
-« Tu m'as fait une de ces peurs ! Ne recommence plus jamais sinon je ne serais pas certaine d'assurer la survie de notre repas ! »
Le blond se remit de sa surprise et grommela une excuse en se passant nerveusement la main dans les cheveux. Il était parfaitement conscient qu'il avait faillit causer une catastrophe et voir de la nourriture qui sentait aussi bon gâchée par ses bêtises l'aurait mit dans le mal. Et dire que le jeune homme était descendu à la fois parce qu’il avait fini sa lecture mais surtout parce que l'odeur qui montait jusqu’à la chambre de la jeune fille était devenue trop tentante.
-« Pardon. »
La brune s'en retourna à sa cuisinière en haussant légèrement les épaules, puis lui dit ensuite.
-« Et pour répondre à ta question, oui la pièce d'en face est une chambre d'ami et non tu ne dormiras pas là-bas puisqu'il y a plus de chance que mes parents ouvrent cette porte que de rentrer dans mon espace vital… »
Edward parut particulièrement perplexe de cette réponse. Les parents d'Alice semblaient très étranges… Mais il ne s'y attarda pas longtemps et comme elle avait répondu à sa question, il enchaîna sur une autre qui lui trottait dans la tête depuis un petit bout de temps, mais qu'il avait laissé de côté parce que cela ne lui semblait pas très important sur le moment.
-« Hum… Au fait, tu pourrais m'expliquer comment tu as fait pour être certaine que c’était moi dès le début ? »
La jeune fille s’apprêtait à remuer lentement la crème dans sa poêle, mais elle suspendit son geste pour se retourner afin de faire face au garçon, les yeux scintillant d’intérêt et un petit sourire sur le visage.
-« Je n'ai peut-être pas ton cerveau, mais j'ai un très bon instinct ! Et j'ai appris à très souvent l’écouter !»
Le Fullmetal se prit le menton dans un réflexe qui signifiait clairement à la brune qu'il était en train de réfléchir et de décortiquer sa phrase. Silencieusement, elle le laissait faire, ne s’apercevant pas que son sourire avait une légère connotation énigmatique. Finalement, quand il fut convaincu de sa prochaine interrogation, l’alchimiste blond lui demanda, s'appuyant négligemment sur le mur à côté de la porte de la cuisine, croisant son regard doré avec le sien.
-« Ça a un lien avec ce que tu disais tout à l'heure concernant mon temps de séjour ici ? »
Le sourire de la lycéenne s’agrandit un peu plus en lui répondant, écoutant son tiraillement dans le ventre.
-« Exactement ! Avec un peu de chance, demain tu seras de retour chez toi ! » Elle coupa court à la discussion en changeant totalement de sujet après avoir jeté un coup d’œil à sa poêle. « Tu pourrais prendre cette casserole et la monter dans la chambre, s’il te plait ? J'arrive tout de suite avec le reste ! »
Alice désigna du doigt sa purée avant de se retourner et d’éteindre le feu.
Edward s’apprêtait à répliquer autre chose, n'ayant pas trop envie de terminer sur cette indication particulièrement étrange selon lui, mais il se fit violence afin de se taire. La jeune fille ne semblait pas très encline à lui en avouer plus et n'ayant pas très envie de la forcer, le jeune homme ne lâcha qu'un simple grognement. De plus, son ventre allait sûrement se faire le plaisir de montrer son mécontentement alors résolu, il s’empara de la casserole que la lycéenne lui avait montrée et se dirigea vers les escaliers menant à l’étage. Alors qu'il y posait un pied, l’alchimiste entendit clairement les réprimandes d’Alice provenant de la cuisine.
-« Et je t'interdis d'y mettre ne serait-ce qu'un doigt ! »
En montant les marches, l'odeur de la préparation de la jeune femme, qu'il tenait entre les mains, fît sourire le jeune homme tandis que son estomac se mettait à gémir. Après tout, elle ne le verrait pas s’il était assez rapide, non ? Mué d'une détermination à toute épreuve, l’aîné des Elric gravit l'escalier en sautant des marches.
En entendant le boucan que produisait l'alchimiste blond ainsi que la porte de sa chambre claquer derrière lui, Alice haussa un sourcil avec une petite moue d'appréhension. Elle se dépêcha d'empiler assiettes, verres et couverts sur un plateau et d'y déposer sa poêle ainsi que des sous-plats avant de se dépêcher de suivre le chemin qu'il venait d'emprunter. En s’arrêtant devant la porte, la jeune fille frappa à celle-ci à l'aide de son pied, mais voyant que Monsieur l’alchimiste ne venait pas la lui ouvrir, elle le soupçonna d'avoir déjà le nez dans sa purée. Avec une cette même moue, la brune s'écarta d'un pas avant de lever au maximum son pied et de l’abaisser sur la poignée. Comme une fleur, la porte s’ouvrit, dévoilant alors à la lycéenne un Edward ravi, l'index de sa main gauche levé et sa langue passant sur ses lèvres avec satisfaction.
-« C'est aussi bon que l'odeur en est alléchante ! »
-« Edward !! » Réprimanda Alice en se rapprochant du fautif qui avait clairement laissé une trace de doigt dans la purée.
Faisant comme si de rien n’était, le concerné aida simplement la jeune fille à déposer tout ce qu'elle avait ramené sur la table. Face à cette réaction particulièrement enfantine, Alice n'eut pas le courage de lui passer un savon… Et puis, il venait de lui confirmer que ça rentrait dans ses goûts en plus de lui avoir fait un compliment, alors elle lui devait bien ça.
-« On dîne maintenant ? » Interrogea le blond en posant des couverts à côté de chaque assiette sur la petite table de fortune qu'Alice lui avait demandé de ramener de la chambre d'ami.
-« Oui, tu as mis bien plus de temps que je ne le croyais pour lire le livre. La nuit est déjà tombée depuis un bon moment ! »
Pour confirmer ses dires, la jeune fille fît un bref mouvement de la tête en direction de la seule fenêtre de la pièce, juste derrière lui, qui dévoilait un ciel tout noir. Si l'on pouvait circuler dans la ruelle juste devant la maison, c’était uniquement grâce aux nombreux lampadaires qui éclairaient celle-ci de leurs lumières jaunâtres. La lune n’était même pas visible cette nuit-là, cachée par les nuages gris.
Un puissant grondement emplit alors l’espace, faisant légèrement rire la lycéenne tandis qu'Edward, rouge de gêne, détournait le regard en croisant ses bras. Elle lui dit sur un ton amusé, en s’emparant d'une cuillère déposée sur le plateau.
-« Et il faut croire que ton ventre ne serait pas d'accord pour attendre plus longtemps ! »
Le Fullmetal grogna quelque chose dans sa barbe toujours inexistante, mais vint tout de même s’installer en face de la brune tandis que celle-ci le servait.
Après un repas plus que copieux pour la jeune femme et complet pour le jeune homme, ils avaient mit de côté la vaisselle sale, Alice ayant prétexté qu'elle irait la descendre plus tard. La jeune lycéenne avait alors sortit plusieurs feuilles blanches qu'elle avait déposées sur la table basse, suivies du croquis du cercle d'alchimie qu'elle avait recopié avec l'aide d'Edward dans le parc. Ainsi, tous les deux, ils se mirent à se pencher sur la compréhension de celui-ci et sur la symbolique des nombreux signes alchimiques inscrits dedans. Écrivant toute sorte de choses avec nervosité sur le papier, l'alchimiste blond passait en revu tout ce qu'il avait appris afin de tenter de donner une signification à tout cela, passant à plusieurs reprises son regard doré du dessin à ses écrits. Il en était même venu à sortir son petit carnet de voyage, qui était en fait un cahier qu'il remplissait de tout ce qui touchait de près ou de loin à l’alchimie mais de façon codée afin d’éviter de dévoiler des informations qui pourraient être confidentielles si jamais il le perdait par mégarde.
Alice, quand à elle, avait prit place non loin du jeune homme afin d'examiner par-dessus son épaule ce qu'il écrivait. Après tout, elle n'en savait pas grand-chose sur l'alchimie en elle-même et elle ne se voyait vraiment pas écrire sur sa feuille « cercle de transmutation humaine »… La jeune fille avait tenté cependant de déchiffrer le carnet de bord du Fullmetal mais après avoir seulement réussit à comprendre ce qu'il y avait écrit, elle abandonna rapidement, ne voyant pas comment il avait put mettre ne serait-ce que quelques informations concernant leur trouvaille d'une pierre philosophale factice chez le père Cornello dans la liste de ce qu'il avait mangé la veille… Et puis, elle devait bien se l'avouer, mais quand on disait que le jeune homme avait une écriture presque illisible, ce n’était vraiment pas une blague. Si la lycéenne n'avait pas été agacée d'avoir pris cinq minutes pour déchiffrer le gribouillage qu'elle avait traduit par le mot « menu », elle en aurait bien ri…
Les heures défilèrent…
Alice, qui sentait lentement ses paupières se fermer sous la fatigue qui assombrissait ses pensés, sursauta de peur quand Edward se mit à se tirer brutalement les cheveux en grognant avant de reposer les yeux sur les nombreuses feuilles parcourues d’inscriptions, qu'il envoya valser dans les airs en s’exclamant.
-« Rah ! Ça mène à rien… Aucune piste et ces deux cercles sont toujours indéchiffrables ! »
La jeune fille vit son dessin voler sous ses yeux et se poser non loin. S'étirant légèrement, elle se leva pour récupérer les écrits de l'alchimiste éparpillés dans la pièce et les remettre en tas bien rangé qu'elle déposa ensuite délicatement sur la table en murmurant au jeune homme d'une voix douce.
-« Arrêtons nous pour aujourd’hui et allons dormir, la nuit porte conseil dit-on ! »
-« Humph ! » Laissa-t-il juste partir en croisant ses bras, un stylo de la jeune femme entre les lèvres et fixant d'un air hargneux le cercle d'alchimie dessiné sur le papier.
Alice laissa un sourire s'installer sur son visage tandis qu'elle récupérait le plateau empli de vaisselle attendant seulement d’être lavée et s'apprêta à sortir de la chambre. Cependant, avant de refermer la porte derrière elle avec son pied, elle jeta un regard à Edward en lui disant simplement.
-« Prends mon lit, je vais aller me changer et récupérer le nécessaire pour dormir sur le sol. Pas de négociation possible ! »
-« Hé ! »
Une seconde fois dans la même journée, le jeune homme se retrouva face à une porte close, l'air béat. Finalement, il soupira et se leva en entendant l’escalier grincer. Il profita de l'absence de la jeune femme pour défaire ses cheveux avant de retirer sa veste noir et son pantalon et de filer entre les draps du lit de la demoiselle. Jamais le garçon n'aurait cru qu'il dormirai un jour dans la même chambre qu'une jeune fille, bien que ce soit dans des lits différents… Les joues rouges, il secoua sa tête de gauche à droite avant de se laisser tomber lourdement sur les oreillers moelleux du lit avec un soupire… Ça ne pourrait pas être pire, sûrement…
Alice était rapidement allée faire un tour dans la cuisine pour y déposer le plateau et la vaisselle sale dans l’évier, ayant en esprit qu'elle la ferait demain. Bien entendu, la jeune fille avait parfaitement perçut les dialogues hasardeux de ses géniteurs dans le salon, la télévision allumée en bruit de fond. Ainsi, quand elle repassa dans le vestibule aussi silencieusement qu'une ombre, elle vit rapidement la deuxième paire de chaussure de son père installée à l'endroit précis que la lycéenne avait montré à Edward il y a de cela quelques heures, avant qu'elle le fasse rentrer dans la maison.
Décidant que ce n’était pas le moment de se cacher tout près du salon afin d’écouter la conversation de ses parents, qui conversaient habituellement de tout ce qu'ils auraient pu faire dans leur journée plus qu'ennuyeuse, la brune remonta rapidement les marches en essayant de les faire grincer le moins possible et se dirigea au fond du couloir pour entrer dans la salle de bain. Ainsi, elle retira sa chemise blanche et son pantalon noir pour les troquer contre un long tee-shirt noir et un minishort de la même couleur, qui lui servaient de pyjamas. Après s’être consciencieusement lavées les dents, la jeune fille ressortit de la salle d'eau pour ouvrir la pièce fourre-tout et en retirer une pile de couvertures. N'ayant aucun matelas en plus dans la maison et sachant pertinemment que ses parents trouveraient étrange le fait que leur fille dorme dans la chambre d'ami, Alice préférait s'endormir dans sa chambre, sur le sol, laissant son lit douillet à l'alchimiste. Elle en était certaine, il avait besoin de repos après cette journée pleine d'émotions.
Edward entendit la porte s’ouvrit doucement et ne put s’empêcher de se relever légèrement afin de regarder la brune rentrer dans la pièce, cachée sous une montagne de couvertures. De toute façon, comme il était en train de ressasser sa journée rocambolesque, il n’était pas près de s’endormir de sitôt… Et encore moins quand il se savait dans le lit d'une fille dans lequel il pourrait clairement sentir une odeur délicate d’échapper des draps s'il y prêtait un peu plus attention, chose auquel le jeune homme ne voulait absolument pas penser. Cependant, il eut un moment d’absence quand Alice déposa sa charge, la dévoilant dans son « pyjamas » du soir...
-« Mais qu'est ce que c'est que ça ?! » S'écria-t-il en la pointant du doigt tandis qu'elle était en train de préparer sa couche, s'empourprant encore plus qu’il ne l’était déjà.
Ni une, ni deux, Alice se tourna vers lui en soufflant activement entre ses dents, un index sur ses lèvres.
-« Chut ! Mes parents sont en bas et puis je dors comme ça, pas de commentaire ! »
Grognant un semblant de réponse, le garçon se laissa à nouveau retomber sur le dos et se détourna presque instantanément, préférant avoir une vision directe sur le mur à sa droite. Désormais, il ne pouvait qu’entendre le froissement des couvertures que la brune déposait sur le sol afin de se préparer un matelas de fortune. Quand enfin la jeune fille éteignit les lumières et rejoignit son « lit », le retour sombre de la nuit dans la pièce fit remonter les craintes du blond.
Comment allait son frère ? S'inquiétait-il pour lui ? Sûrement, le connaissant… Serait-il vraiment possible qu'il puisse rentrer dans son monde ? Allait-il pouvoir retrouver Alphonse ?
Alice coupa court aux réflexions du jeune homme en murmurant d'une voix fatiguée.
-« Bonne nuit Edward. »
-« ‘Nuit… » Lui répondit-il d'une air las et dans un soupire.
Ainsi, la jeune fille se mit à bailler à s'en décrocher la mâchoire, sentant définitivement ses paupières s'abaisser doucement et se fermer. Elle repensa un instant à cette journée particulière qui lui était tombée dessus et eut un sourire avant de voir un voile noir s’étendre lentement sur sa raison et ses pensés. Le sommeil venait à elle aussi délicatement qu'une boule de coton et elle s'enroula chaudement dans ses couvertures avant de se laisser aller.
La nuit portait conseil, disait-on… Sauf que dans le cas d'Alice, c’était plus que des conseils qu'elle lui donnerait…
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Au prix des Souvenirs
AventuraAlice, une jeune fille âgée d'une quinzaine d'années et ayant une vie tout à fait banale, monotone même, va faire une rencontre au delà de l'imaginable. Et la jeune fille est encore loin de pouvoir juste concevoir ce qui allait lui arriver part la s...