Au prix des Souvenirs

Chapitre 5

Alice poursuivait sa route, marchant droit devant elle en essayant de faire abstraction de la présence de l’alchimiste blond à sa droite. Se sentir aussi démunie en sa présence la dérangeait beaucoup et elle n'arrivait absolument pas à se reprendre, ce qui l’irritait un peu au fond… Elle aimait beaucoup essayer de lire les gens, mais la sensation était on peu plus désagréable quand au contraire, c’était elle qui se faisait lire. Pourtant, la jeune fille pensait vraiment avoir réussi après toutes ces années à dissimuler convenablement le fond de ses pensées. Il fallait croire que le masque qu'elle avait forgé avec soin dans ce monde n'avait aucun impact sur lui. Quoiqu'elle fasse, il arrivait parfaitement à le lui briser sans effort et sûrement sans même s’en apercevoir, dévoilant la faiblesse de son âme… Dévoilant sa détresse.

Le silence qui avait prit l'habitude de cheminer à leurs côtés ne la dérangeait pas, puisqu'il lui permettait de grandement faire un tri dans ses pensées afin d'enfin retrouver le caractère qu'elle s’était façonnée. Un air détaché… Voilà ce qui l'avait aidé depuis tout ce temps…

En un coup d’œil, la jeune lycéenne s’aperçut rapidement qu'ils n’étaient plus très loin de chez elle. Alors, elle se permit de poser la question qui eut le pouvoir insoupçonné de figer le blond une fois encore dans la journée.

-« Dis-moi… As-tu une idée pour où tu logerais le temps de trouver une solution pour te ramener chez toi ? »

En fait, Edward devait une fois encore se l'avouer, cette jeune fille avait le don de toujours toucher ce à quoi il ne pensait presque jamais. Si Alice ne le lui avait pas rappelé, le jeune homme aurait sûrement fait comme d'habitude et irait trouver de quoi dormir et manger. Or… Comment faire dans un monde auquel on appartient pas ? De plus, en fonction de ce que lui dévoilerait celle-ci, il se pourrait que la tâche de trouver un hôtel au moins pour dormir une nuit s'avèrerait peut-être totalement impossible…

Il passa négligemment sa main derrière sa tête, abaissant légèrement sans le faire exprès la capuche toujours rabattue sur ses cheveux pour les cacher au yeux de tous, en levant les yeux. Les sourcils un peu froncés, Edward semblait maudire intérieurement à la fois la brune, l'alchimiste qui l'avait envoyé ici et ce monde qui commençait franchement à l’agacer.

Alice, suffisamment observatrice pour s’apercevoir du trouble de l’Alchimiste d'Etat à ses côtés, ne put empêcher le sourire désolé qui franchit la barrière qu'elle avait préalablement replacée sur son visage. Elle ne tourna pas son regard vers le jeune homme et continua de marcher tout en disant simplement.

-« Je me disais aussi… En fait, je pensais te faire dormir chez moi, histoire que tu ne t’emmêle pas dans les problèmes. Et puis, ce serait le temps que l'on trouve une solution à tout ça ! »

Etait-elle en train de prétendre qu’il serait un aimant à problèmes ? Ce n’était tout de même pas sa faute si ils venaient à lui comme des vautours sur une charogne, si ? Bon, certes, il avait couru après cet alchimiste cinglé et alors ? Oui, il avait mis les pieds dans un cercle de transmutation géant, mais encore ? Son frère était toujours de l'autre côté alors qu'il était ici et… Bon d'accord ! Il était vrai qu'il aimait bien foncer dans le tas et poser les questions après, mais tout de même, c’était un peu gros de le comparer à un « attire-problèmes »…

Alice semblait bien hospitalière malgré qu'elle vienne de « le rencontrer ». Sauf qu'Edward ne comptait pas cracher sur une proposition si gentiment offerte bien qu'il y ait tout de même un ombre dans ce tableau si lumineux. La jeune fille devait avoir facilement son âge… Il semblait presque impensable qu'elle ait une maison ou un endroit où dormir à elle toute seule. Pour lui et son frère, il ne disait rien, mais le sac qu'elle portait constamment sur son épaule lui disait clairement qu'elle allait encore à l’école et il était certain que trop peu de gens pouvait se trouver dans leur situation à Alphonse et lui.