C'était quelques jours avant la semaine de noël, je venais de sortir d'une maison de retraite à Wieden, à quelque encablures du centre-ville de Vienne. Les températures avaient incroyablement chuté et un petit vieux n'avait pas résisté. Il s'était difficilement éteint au petit matin.
L'agonie avait été longue. Je me suis installé sur le rebord de la fenêtre, les bras croisés, et je l'ai regardé lutter une toute dernière fois pour la vie. J'aurais aimé lui dire que je finissais toujours par gagner, quoi qu'il arrive, et que cela ne servait à rien, mais il semblait beaucoup trop obstiné à livrer bataille.
Je me suis alors demandé encore une fois qu'est ce qui pouvait être si exaltant pour qu'ils se débattent à ce point.
A quoi ressemblait ces "vies" pour que tant d'entre eux me redoutent autant?
Cependant j'étais conscient qu'elles ne devaient pas être si reluisantes qu'elles ne le paraissaient vu le nombre de personnes qui écourtaient leurs jours et qui se jetaient dans mes bras avant même que leur heure ait sonnée. Me causant au passage de pénibles heures de travail supplémentaire.
Le petit vieux a finalement lâché prise. J'ai regardé l'heure sur ma montre. Sept heure trente-quatre. Un petit médaillon a alors chuté de sa main à présent inerte. Dans sa chute, le médaillon s'était ouvert, révélant la photo d'une femme. Une petite rousse avec le visage maculé de taches de rousseurs. Je me suis alors demandé à quoi sa vie avait ressemblé. Avait-il été assez bon pour espérer que la chapelle ou se tiendrait ses obsèques soit pleine ? Avait-il eu une épouse ? Etait-ce elle sur la photo ? Des enfants ?
J'ignore pour quelle raison exactement mais m'a curiosité m'a surprise. Je me suis mis à me questionner sur la vie que ce petit vieux avait pu mener. Et cela, si bien que je me suis surpris à attendre que quelqu'un se manifeste.
Je n'étais pas curieux et la vie des gens dont je m'occupais ne m'intéressait guère d'habitude.
L'infirmière a été la première à découvrir le corps inerte du septuagénaire une trentaine de minute plus tard. Après quelques coups de fils de cette dernière, une bonne femme a fait irruption dans la pièce. Elle était sobrement vêtue et malgré ses cheveux grisonnants et son visage marqué par le temps, j'ai quand même réussi à distinguer quelques mèches couleur feu et des taches de rousseurs qui parsemaient ses joues. C'était elle, la femme de la photo.
Elle s'est agenouillée au près du mort et lui a chuchoté des mots dans l'oreille. Elle semblait dévastée, comme si elle venait de perdre une partie d'elle-même. Elle semblait si ravagée par cette perte que pour la première fois, j'ai trouvé ma tâche bien cruelle.
C'est donc avec l'esprit tout confus que j'ai quitté cette maison de retraite, en direction de ma prochaine visite.
C'était à quelques kilomètres de là, sur une grande autoroute en direction du nord .J'ai été témoin d'un accident grave comme j'ai l'habitude d'en voir : adolescents éméchés, chauffards imprudents, chevreuil intrépide.
Cette fois ci un chauffeur de camion avait perdu le contrôle de son véhicule à cause du verglas et était entrée en collision avec une autre voiture. Le chauffeur du camion s'en était sorti avec de nombreuse fractures mais la conductrice de l'autre véhicule semblait ne pas avoir autant de chance, oscillant de façon dangereuse entre la vie et moi.
Je me suis rapproché du véhicule, les main dans les poches, slalomant entre les brancardiers, pour pouvoir apercevoir la mourante. Et c'est là que je l'ai vu.
VOUS LISEZ
M
RomanceTôt ou tard, tous autant que nous sommes, nous serons amenés à rencontrer M. Mais qui est-il vraiment?