La demeure était située à une vingtaine de minute de l'auberge. Un immeuble moderne, tout de vitre, s'élançant gracieusement vers le ciel.
Mon cœur bâtait à tout rompre. Elle était là, dans un de ces appartements. Elle était à quelques mètres.
Assis sur un banc non loin de l'entrée principale, je guettais les allées et venues des riverains, attendant qu'elle finisse par surgir d'un moment à l'autre.
Allais- je supporter de la revoir ?
Ou comme un assoiffé qu'on abreuve trop rapidement, allais-je rendre mon dernier souffle ?Les heures défilaient. Patiemment, comblé d'avoir ne serait-ce qu'un espoir de la revoir, une chance futile, j'attendais.
Vers dix-sept heure, parmi le ballet d'inconnus qui venaient et allaient, un visage connu, bien trop connu, m'est apparu.
Mon cœur s'est contracté, décontracté. Ma respiration s'est affolée, mes jambes ont voulu bondir, mes mains ne savaient plus ou se placer, ma gorge était trop sèche, mes oreilles bourdonnaient, mes yeux me brûlaient tandis que mon estomac entamait un troisième looping.
Puis silence. Rien. Plus d'inconnus qui allaient et venaient, plus de banc, plus d'immeubles en vitre, plus de ciel, plus de sol sous mes pieds. Elle, rien d'autre.
Vêtus d'un survêtement sombre, les cheveux rassemblés dans un chignon mal fait, à la main des sacs rempli d'articles de l'épicerie du quartier, qui semblaient beaucoup trop lourds.
Maladroitement, elle s'est mise à farfouiller quelque chose dans l'un des sacs avant d'en sortir une clef. Elle à jeter un dernier regard aux alentours avant d'insérer la clef dans la serrure et de disparaître .
Les inconnus qui allaient et venaient, le banc, l'immeubles en vitre, le ciel au dessus de ma tête et le sol sous mes pieds me sont revenus trop brutalement. Je l'avais revu. Elle était bien là.
Réalisant que j'avais involontairement coupé mon souffle durant tout cet instant, je me suis mis à toussoter. Elle était là.Mon imagination a alors pris le relais. Je l'ai imaginé, rejoignant son appartement. Déposant les courses sur la paillasse en marbre clair. S'affalant gracieusement dans un sofa confortable, épuisée par le poids de la journée.
Je l'ai imaginé en train de retirer ses bottes hautes, se dirigeant nonchalamment vers la salle de bain pour se faire coulé un bain chaud.
Je l'ai imaginé en train de retirer délicatement son survêtement, De quelle couleurs étaient ses sous vêtements aujourd'hui ? Rose poudré ? Ou même jaune pâle ? Cette couleur irait à ravir avec son teint ai je pensé. Puis, le cœur au bord des yeux, le cœur au bord du gouffre, je l'ai imaginé retirer tout aussi délicatement les derniers vêtements qui lui restait.
Cette pensée m'a été accablante. Repu de ces quelques secondes de pure bonheur, je suis rentré. Impatient de revenir, impatient de la revoir.
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M
RomanceTôt ou tard, tous autant que nous sommes, nous serons amenés à rencontrer M. Mais qui est-il vraiment?