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Accoudé à son chevet, je me suis laissé allé à mes pensés. Mon esprit s'est mis à divaguer le long de l'immense fleuve de mes souvenirs. En effet, vu le temps que j'avais passé ici bas, des souvenirs j'en avais.

Été 1830, Jackon, dans le Mississippi, sur une plantation de coton. Chaque jour, j'étais un plus témoin de la cruauté de l'humain. De l'horreur qu'il faisait vivre à son semblable. Mes visites étaient fréquentes, maladies, mauvais traitements et tentatives de fuite échouées.

Parmi les travailleurs aux dos courbés dans les champs, une enfant,un regard vif, une chevelure sauvage. Une couleur de peaux chocolat, semblable à celle de l'inconnue étendue en face de moi.

Elle souffrait de dysenterie. L'affection l'accablait et je me souvient l'avoir longtemps observé, conscient de la vie qui l'attendait si jamais elle survivait à la maladie. Conscient du fait que je la revisiterait sans doute sous peu.

« - Son état semble s'être stabilisé

Le médecin, dans sa blouse blanche a fait irruption dans la petite salle. Il semblait être encore surpris de la rapidité avec la qu'elle se rétablissait sa patiente.

Derrière lui, un homme, la trentaine, pas très grand,les épaules larges. Il semblait tout boulversé face au spectacle de la jeune femme inconsciente étendue sur le lit d'hôpital. Il s'est précipité à ses côtés.

J'ai d'abord pensé que c'était une connaissance, un collègue, un parent, un ami peut être. Mais la façon dont il a remercié le ciel, la façon dont il a embrassé ses mains, son front, son cou, m'a rapidement fait changé d'avis.

- Votre compagne a eu beaucoup de chance »

Les mots m'ont foudroyés.

Je suis resté là, figé. Ne comprenant pas ce déchirement qui naissait à présent au fond de moi.

Au bout d'un moment, j'ai eu besoin d'air frais. Je me suis alors précipité à l'extérieur du bâtiment et je me suis mis à errer dans les rues.

J'ai compris que quelque chose n'allait pas quand je me suis mis à ressentir le froid. Ce froid givrant d'une fin de décembre autrichienne.

Je suis rentré dans une sorte de pub anglais
histoire de me réchauffer et c'est là que cette jeune femme m'a abordé, elle cherchait son chemin.

- Tout va bien monsieur ?

A t-elle finit par me demander face à mon air ahuri et mon silence béat.

- Euh, oui... tout va bien

Comment cela était possible ? Pourquoi cette femme me voyait-elle ?

Plusieurs phénomènes se sont déroulés par la suite.
J'ai été attiré par une odeur de gâteau frit, si bien que j'ai du passer une commande,puis, lorsque je me suis remis à errer dans les ruelles, mes paupières se sont soudainement alourdies, j'ai eu envi de... dormir? chose que jamais au paravant je n'avais ressenti.
Je suis resté perplexe face à tous ces événements, le froid, la faim, la fatigue...

Qu'est ce qui m'arrivait ?

MOù les histoires vivent. Découvrez maintenant