Chapitre 3.

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J’étais ce genre de personne qui détestait les disputes et la violence mais qui poussait toujours le bouchon trop loin. Je ne m’étais jamais rendue compte qu’être têtue pouvait s’avérer être dangereux, jusqu’à ce soir du moins. J’attendais toujours que Niall dise un mot mais non, il se taisait obstinément et regardait les étoiles, à ce moment j’aurais pu jurer qu’il aimer faire cela autant que moi. Je m’allongeai aussi en faisant attention de garder mes distances avec lui et réfléchissais en observant le ciel. Comment avait-il pu savoir pour mes poèmes ? Je passais mes doigts sur mon cou, là où ses doigts froids m’avaient serrée. J’arrivais encore à voir sa mâchoire contractée et sa mèche blonde tomber devant ses yeux, ces yeux qui n’avaient plus rien d’envoutants. Ils étaient devenus aussi sombres que l’encre pouvait l’être donnant l’impression de n’être plus que des trous noirs. Je frissonnais de peur en me remémorant l’épisode où ses orbites ne lâchaient plus les miennes, il avait semblé si inhumain.

-Comment tu savais pour mes poèmes ? Soufflai-je dans un filet de voix, si faible que je me demandai s’il m’avait entendue.

Il se tourna sur le flanc et je senti son regard parcourir minutieusement mon visage comme si chaque détail importait et qu’il lui était vital de tous les connaître.

-Je t’ai dit que j’avais de l’intuition.

-Je n’en ai jamais parlé à personne tu ne pouvais pas savoir cela, dis-je en me tournant vers lui pour croiser son regard.

-Pourquoi tu n’en as jamais parlé ?

-Qui s’intéresse encore aux poèmes à notre époque ?

-Moi.

-Je n’aurais jamais cru.

-Les apparences sont trompeuses, souviens-toi de cela.

-De toutes façons, les livres n’existeront plus dans dix ans maintenant on ne jure plus que par les écrans.

-Je n’espère pas, cela briserai un monde merveilleux.

-Tu aimes les livres ?

-Surprise ?

-Oui.

Il soupira et roula sur le dos avant de reprendre :

-J’aime tourner les pages, j’aime l’odeur du papier et sa texture. As-tu remarqué que ce n’était jamais la même ?

J’acquiesçai me mettant moi aussi sur le dos pour détailler le ciel à la recherche de La Grande Ourse.

-Quel est-ton poète favori ? Demanda-t-il.

-Rimbaud sans hésiter.

L'Hymne à la Pierre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant