Chapitre 22.

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J'avais toujours été indépendante des gens. S'ils voulaient partir, qu'ils s'en aillent. Non pas que je sois insensible face à la perte d'amis proches, et bien que généralement je ne les oubliais jamais, je ne les retenais pas de s'éloigner de moi pour courir face à d'autres horizons. Habituellement je passais vraiment au-dessus des gens mais pas avec lui. Il avait ce petit truc qui faisait que, s'il partait, jamais je ne réussirais à complètement m'en remettre. Je ressentais souvent cet écart entre lui et les autres. J'en venais au plus stupide des clichés mais soudainement toute hostilité envers le romantisme sous n'importe quelles formes me semblait injustifiée. Niall avait, certainement sans le vouloir, réussi à atteindre un point de non-retour dans mon cœur, il avait peut-être atteint cette vieille cicatrice qui creusait ma poitrine. Lorsque les battements de mon cœur se faisaient plus rachitiques, plus compliqués, étroitement emprisonnés par la tristesse, la colère ou toute autre forme de sentiments, je la ressentais. Elle était là, violente, étouffante et, dans un sens, personne, pas même moi, ne pouvait s'apercevoir des dégâts qu'elle causait. Et, ça, c'était flippant. Comment elle s'était incrustée là où elle était, c'était encore un autre problème.


Et voilà que Niall m'avouait avoir eu peur de me perdre. Je me rendis compte à cet instant qu'il avait autant besoin de moi que j'avais besoin de lui. Il avait senti mon souffle s'étouffer au fond de mon œsophage, il avait senti la chaleur irriguer chaque muscle de mon corps et j'étais sûre qu'il avait ressenti mon cœur s'enfoncer d'avantage dans ma poitrine pour venir cogner puissamment contre la sienne. J'aimais le fait qu'il ressente la tempête qui faisait rage dans mon être. Cette même chose qui me terrifiait, me réconfortait aussi. Niall vivait ce que je vivais. Et j'aimais cela, dieu que j'aimais ça. Et je l'aimais de toute mon âme.


Cette fois, c'était moi qui avais ressenti les forts battements du cœur de Niall. Il m'avait entendu ; ou plutôt, il m'avait écoutée. Le sang s'agglutina dans les veines de mon visage, le rendant aussi rouge qu'une fraise. Je sentis son étreinte se raffermir et son souffle réchauffer mon oreille droite. C'était agréable. Mon corps en frissonna. Je sentis ses doigts froids glisser sur les petites poignées d'amour de mon bassin. 


-Je vais peut-être... Euh... Hésita une voix oubliée derrière nous, je vais vous laisser. Je crois. Enfin oui, je vais le faire. Emma est en sureté. Euh... Bon alors... A plus tard ?


Niall grogna de mécontentement, surement dû à la coupure des évènements par celui qui l'avait déjà, un peu, agacé. Je tentais de répondre à Antoine mais j'avais la bouche très sèche, j'étais vraiment incapable de le faire. Je me contentai de lui faire un petit signe de la main qui le fit sourire. Il ouvrit la fenêtre et, après un dernier regard du coin de l'œil, sauta dans le vide. J'espérai que les voisins ne se poseraient pas trop de questions s'ils avaient vu son corps dégringoler les airs depuis le rebord de ma fenêtre de chambre. Après tout... Les mains de Niall sous mon tee-shirt m'empêchèrent de réfléchir plus. Je gigotai, tentant de me défaire de ses mains baladeuses. Il gronda. J'adorais. Il fit un minuscule pas en avant, me faisant à, à peine, reculer. Il gronda de nouveau et j'adorais plus encore. Ses doigts remontèrent dans ma gorge, suivant délicatement la veine qui la traversait. Ils glissèrent sous mon menton et le relevèrent. Ses lèvres n'étaient plus qu'à quelques centimètres, à peine, des miennes, nos souffles s'entremêlant. C'était si exaltant que je sentis mon cœur trembler. Je croisai son regard, il avait les yeux translucides. Bien au-delà de toute la blancheur dont ils avaient déjà témoignés. Son regard me transperçait, je m'y laissai noyer. Puis il ferma l'espace entre nos lèvres et m'embrassa. Il m'embrassa d'un baiser ni lent ni pressant mais lascif, langoureux, vertigineux. Mon estomac fit une pirouette de plaisir. Sa langue demanda l'accès à ma bouche que je lui donnais instinctivement et je trouvai ça fou que je sois cette personne. Je n'ai jamais été à l'aise avec toute forme d'affection et, j'étais là, dans les bras de Niall, il m'embrassait et je le laissai faire. Mieux, je lui rendais son baiser. Je ressentais à quel point le désir le consumait et combien il lui était difficile de se maîtriser et peut-être que ça lui faisait peur mais je ne voulais pas qu'il s'arrête. Bien au contraire. Le sang courrait dans mes veines comme jamais il ne lui avait été donné de le faire. Je laissai mes mains gambader sur le torse de Niall, glisser sur ses épaules et plonger sous son tee-shirt. A ce geste, il se crispa et redressa la tête, me regardant droit dans les yeux.

L'Hymne à la Pierre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant