Chapitre 25

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Depuis que le papier s'était, presque, innocemment infiltré par ma fenêtre, je me triturais les méninges dessus. J'étais, certes, celle qui avait rédigé ces mots mais pour moi, ils étaient loin d'avoir un sens en rapport avec les vampires. Si j'avais écrit ça, c'était avant tout suite à un amoncellement d'émotions trop vivaces et violentes. Me vint alors à l'esprit que Louis devait parfaitement savoir décrypter ce poème, d'ailleurs c'était même certain sinon jamais il me l'aurait transféré. Si c'était effectivement lui qui avait pris cette licence. « Le cœur Zeus »... Oui... Génial... J'étais particulièrement avancée avec ça. Là encore, ça pouvait correspondre à plusieurs personnes. Avec le fait de ne pas être « si imposant » ça pouvait être Louis. Il devait bien avoir une faille dans toute sa puissante puissance ? Ou alors, ça pouvait être Niall. La première partie du poème lui correspondant bien mieux... Ou alors le « cœur Zeus » n'est pas le « Zeus » du poème ? Pourquoi j'avais écrit ça... J'aurais pu être plus explicite. Et j'avais encore toute cette partie météorologique à comprendre dans les quatre premiers vers. C'était totalement un supplice. Cette pensée me fit soudain sourire avant de singer à pleurer. Peut-être que ce poème était en fait ce qui me permettrait de sauver Niall et là était ma punition tandis qu'il se faisait maltraiter. Lui, c'était physique. Moi, mental. Louis était loin d'être naïf. Il fatiguait Niall physiquement de sorte de ne rien craindre de lui et psychologiquement il m'épuisait pour une raison qui m'échappait. Je n'étais pas assez renseignée à leur compte pour pouvoir être une véritable menace, mon seul atout était cet étrange titre qui leur semblait si important et incroyable. Mais de nouveau, j'étais désavantagée par mon manque de connaissances. Ces heures passées penchée sur ce morceau de papier plus nuit que jour me valait de nouveaux cernes et une peau translucide, ce qui était loin d'être un gage de rétablissement ni pour ma mère ni pour mon père. J'avais peur qu'ils finissent par me porter par la peau du cou vers un psychologue. Ca finirait bien par arriver de toute façon mais pour le moment je prenais soin de fermer la porte à clé et de me nourrir de nuit pour éviter de croiser un membre familiale et/ou amical. J'avais besoin d'être seule face à ce problème. J'avais une vie entre mes mains si ce que j'avais supposé s'avérait véridique et même si après trois longs jours à cogiter je n'avais pas avancé sur le problème, je ne voulais pas abandonner. Si je causais la perte de Niall, jamais je ne m'en remettrais c'était humainement impossible. Peut-être que justement je réfléchissais trop, que je devrais le laisser plus couler dans mon esprit puis y revenir quelques temps plus tard. Sans y penser, sous le coup de la réflexion, j'effleurai mon collier. Une chaine en or avec comme pendentif, une petite étoile de mer. Un élancement dans le crane me fit geindre. Sujette aux malaises, je pivotais de ma chaise de bureau pour atteindre mon lit mais les maux se firent de plus en plus violents et loin d'être un signe de vertige. C'était autre chose. Je mis ma tête dans mes bras, recroquevillée et paralysée sur ma chaise. Je me retenais de hurler tant la douleur était atroce. Il était plus d'une heure du matin, réveiller la maisonnée serait plutôt une mauvaise chose et, là, pour le coup, j'atterrirais vraiment chez un psy après les urgences. Mais c'était si douloureux, si fort. C'était comme une puissante rage, une haine sans condition, qui broyait tout l'intérieur de mon être. J'avais besoin de frapper ma tête contre un mur, ces vagues de douleur devaient cesser. Les larmes dégoulinaient sur mes joues sans barrage assez puissant pour les retenir. Je n'avais même pas senti qu'elles étaient montées à mes paupières. Je tapais mon poing contre mon bureau et me mordais l'intérieur de la joue dans l'espoir de concentrer la douleur à un autre endroit mais rien à faire. Je ne comprenais plus rien. Je pleurais comme jamais, sanglots sur sanglots réussissaient à me couper la respiration et à me faire tousser. La peau de mes bras était trempée comme après une douche, la plateforme du bureau était une flaque. Et plus j'avais mal, plus je pleurais. Et justement, le mal ne semblait pas décidé à s'arrêter. Il me rongeait de l'intérieur comme de l'acide. Mon poing continuait de frapper pour une cause perdue. J'avais si mal que j'avais l'impression d'être devenu le mal en lui-même. C'était comme si j'étais devenue une masse noire, pleine d'ombres qui vomissait, crachait, rejetais, son propre être. Je mourrais. Pas une mort habituelle parce que mon corps, en ressentant que quelque chose n'allait pas, en ayant mal, me rappelait que j'étais en vie. Mais une mort de l'âme, comme si le but était de me l'arracher. J'étais sourde, muette, incapable de penser, je savais juste que j'avais mal et que ce n'étais pas normal. Je ne bougeais plus, mon poing s'était enfin résigné et avait cessé de battre l'air et le bureau. Mes réserves d'eau semblaient épuisées, ma gorge était un désert des plus arides. Ça n'allait toujours pas. Soudain, comme un rien, la douleur se tue. Craignant de la relancée avec un mouvement, je restais dans ma position, cheveux collés sur mes joues, doigts crispés, joues humides. Et au moment où j'allais finalement me redresser, tout me revient en pleine gueule :

L'Hymne à la Pierre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant