Jeu cruel

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 « Revenez les garçons ! Surtout toi Jason, ton professeur de violon est arrivé. » Dit-elle d’une voix douce. C'est cheveux blonds flottent au vent. Son visage resplendissant ne laisse paraître aucunes imperfections. Ses yeux sont d'un bleu claire si profond que n'importe quelle personne ne la connaissant pas en resterais bouche bée. « Non, je veux jouer encore un peu ! »

Le ciel est d’un bleu magnifique aujourd’hui, et les deux soleils illuminent la grande villa blanche juste devant moi. La dame qui m’appelle se tient sur le pas de la porte. Des deux coté, de jolies haies bien taillées servent de perchoir à des oiseaux dont les ailes ne se composent pas de plume mais d’une membrane scintillante bleu qui se dégradent vers le vert à la façon des colibris. De leur tête sortent deux petites cornes tirées vers l’arrière et leur dos se prolonge d’une longue queue qui vire au gris. Je suis dans le jardin devant la maison et joue dans la mousse, remplaçant l’herbe, avec mon ami dont je ne distingue pas le visage.

« Aller Jason ! Il n’est pas bien vu, surtout pour des personnes de notre rang, de se faire attendre de la sorte ! »

Je soupir et marche vers elle en faisant un clin d’œil à mon ami. Celui-ci sourit puis tourne la tête comme si de rien n’était. Une fois arrivé à la porte, je me retourne puis sans une hésitation commence à courir, le plus vite possible en direction de la sortit du jardin accompagné par l’autre garçon de mon âge. J’entends la dame crier nos noms mais je ne m’arrête seulement une fois arrivé dans la rue, là où nous pouvons nous cacher. On rit tel des enfants de six ans commençant déjà à défier l’autorité.

C'est là que tout devient flou …

Il fait sombre, l'obscurité envahi la pièce... Mais je suis habitué à cette endroit ou je vis désormais depuis des années, mais cela n'empêche pas qu'il ne me paraisse toujours aussi hostile. Ces nombreuses années ont  tout de même affectées ma mémoire, tout est flou dans ma tête, je ne me souviens plus que de quelques vagues souvenirs de mon enfance qui me paraisse maintenant si lointain... Le reste n'étant que douleur et tristesse ... Le rêve que je viens de faire hante mes nuits, et fini toujours par me réveiller, au même moment. Tel un flash-back incomplet.

C'est à cet instant que j’entends des pas approcher, ces pas...Je les reconnaîtrais entre mille...Puis la porte s'ouvre laissant entrer quelques rayons de lumière m'aveuglant. C'est là que je vois cette silhouette si familière, qui depuis toujours me terrifie. Celle de Daddy. Nous ne connaissons pas son nom mais nous n'avons jamais essayés de lui demander. Il se plante devant moi et se met à rire de mon minable état. Comme toujours il prend un malin plaisir à me rabaisser, à me faire sentir mal à l'aise, mais depuis le temps je commence à m'y habituer. Ensuite, il s'approche encore un peu plus de moi, me laissant apercevoir son si caractéristique sourire satanique.

Kilian est  derrière moi, pétrifié de peur. Je ne suis pas le seul a souffrir le martyre dans cette cave sombre. Kilian lui aussi souffre avec moi. Nous partageons notre souffrance et le peu d'espoir qu'il nous reste à attendre qu'un jour, nous puissions quitter cet endroit sordide. Kilian... cet ami de toujours, a constamment été là pour moi. Je ne me souviens plus depuis combien de temps je le connais, mais je sais qu'il ne m'a jamais abandonné. Et qu'il ne m'abandonnera jamais. 

Nous sommes en hiver. Je le sais parce que l'été nous passons la plupart de notre temps dehors, dans le potager ou dans le bois autour de la maison. Une maison perdu dans la foret... Daddy vit dans l’auto-suffisance, uniquement grâce à son potager, à la chasse et à un cour d'eau potable passant, parait -il, à plus ou moins un kilomètre de notre habitation. Mais jamais Kilian et moi n'avons dépassé un rayon de 40 mètres autour de cette prison. Et toujours avec une chaine, lourde, à la cheville raccordée à un organeau solidement fixé au mur de celle-ci. Au printemps nous nous attelons à la tache qu'est le potager. Retourner la terre, semer les graines et arracher les mauvaises herbes pendant le printemps et l'été. Ce terrain cultivé mesure 30 mètres de long et 20 de large. Donc le travail est long et fatigant. Daddy nous reconduit jusqu'à dans la cave à peu prés trois heures avant le couché du soleil et nous jette des livres. Il nous force à les étudier, et c'est pour cette raison que nous ne sommes pas ignorants, mais plutôt assez cultivés. Principalement sur l'art du potager, mais aussi des plantes sauvages comestibles, se qui nous permet de manger à notre fin tout l'hiver, même sans jardin. Du moins Daddy mange à sa fin... Quand on a bien travaillé il nous jette quelques pommes de terre avec du pain rassi. Rares sont les jours où nous avons le privilège de manger de la viande, qui est un met de chois étant donné le peu d'animaux que Daddy arrive à tuer dans cette forêt.

Les sans mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant