XII

2.4K 116 11
                                    

PDV MAX

Je crois n'avoir jamais été aussi comblée de toute ma vie. Tout à l'heure j'avais reçu un texto surprise de mon petit frère, il était arrivé en ville. Il avait 18 ans et donc sa famille d'accueil ne pouvait plus le garder et il avait décidé de me rejoindre en sachant d'ores et déjà que je serais d'accord pour cohabiter quelques temps. J'étais ravie de revoir mon petit frère, surtout qu'il avait échappé au calvaire de mes parents et qu'ainsi il était toujours joyeux et sa vie était plutôt réussie. Bien qu'il ait été placé très tôt et qu'il ait parfois assisté aux accès de colère sur moi par mes parents, j'ai toujours bataillé pour le tenir en dehors de ça. Malheureusement les parents d'Adele n'avaient pu obtenir sa garde, cependant il venait tout le temps à la maison quand j'étais plus jeune et ça me faisait un bien fou de le revoir près de moi aujourd'hui.

On avait rejoint les gars dans un grec pas loin du stud', on attendait les retardataires pour commencer à manger quand Moh et Ken firent enfin leur apparition. J'étais partie en trombe tout à l'heure juste après avoir reçu le texto et je n'avais pas pu les féliciter mais leur son était vachement réussi, enfin du peu que je l'avais entendu. J'avais de suite saisi que Ken parlait de nos ébats de l'autre jour mais tant qu'il ne citait pas mon nom, cela ne me dérangeait pas tant que ça. Bien sûr, ça m'énervait d'être réduite à des paroles de chanson, j'avais un peu l'impression d'être exposée nue mais ce n'était pas la fin du monde, personne ne ferait le rapprochement.

Mon petit frère, Gab', passa son bras autour de mes épaules et me chuchota à l'oreille :

La dernière fois que j'ai mangé kebab avec toi, tu m'avais kidnappé en sortant des cours.
- Kidnappé ? Tu avais fui le lycée et j'avais dû venir te chercher. Je t'y avais emmené sous la contrainte sinon tu balançais à Sonia que je fumais.
- Je ne me souvenais pas de ce détail. »

J'explosais de rire, ça me faisait tellement de bien de l'avoir près de moi. Je relevais la tête et croisait le regard de Ken, qui avait l'air assez contrarié. Je ne faisais plus gaffe aux sautes d'humeur de Ken alors je levais les yeux au ciel et continuais de parler aux gars. Sneaz et Ken s'assirent avec nous et commandèrent à leur tour. Tout le monde était de bonne humeur, sauf Ken.

Vous voulez une anecdote gênante sur Max ? » lança mon frère.

Ils répondirent tous en chœur et j'essayais de l'en dissuader mais c'était peine perdue. Quand il était lancé, c'était impossible de l'arrêter.

Quand Max était gosse, à l'école ils faisaient des peintures avec les doigts... commença-t-il

Je gémissais. Oh non pas cette histoire-là...

Gaaaaab ! S'il te plaît. Pas celle là ! le coupais-je
- Chut ! Je disais donc, la tâche était simple, il suffisait de plonger sa main dans la peinture et de poser sa paume sur une fresque au mur pour sceller l'empreinte. J'avais réussi à intégrer la classe de ma soeur parce que j'étais super intelligent.
- C'est faux, c'était le premier jour et il a fait une crise parce qu'il avait peur d'être seul. rectifiais-je
- Arrête d'interrompre Gabin. me gronda Idriss
- Je reprends. Il y avait une étagère sur laquelle était posés les seaux de peintures. Tous les enfants avaient accès à cette étagère, plutôt basse, mais Max était l'enfant la plus petite de la classe, et elle ne l'atteignait pas. Elle devait donc demander de l'aide aux professeurs à chaque fois qu'elle voulait plonger sa main dedans. Mais vous connaissez Max, elle déteste dépendre de quelqu'un, aussi têtue qu'elle est, elle s'était mise en tête de ne pas demander de l'aide. Elle plongea donc la main dans le sceau qui pencha et se renversa sur elle, lui recouvrant entièrement le visage. Au lieu de s'essuyer et de pleurer comme tout le monde l'aurait fait. Elle est allée taper sa tête contre le mur pour faire l'empreinte. Elle a eu une bosse. Personne n'a jamais compris pourquoi elle s'était tapé la tête contre les murs et résultat sur la fresque on voit des traces de front et de nez. La peinture sur son visage et dans ses cheveux a mis trois jours à partir ». finit d'expliquer Gabin

Les gars ont tous explosé de rire à partir du moment où il a dit que le seau s'était renversé sur moi. Depuis ils ne font que se bidonner et je fais semblant d'être vexée en me retenant de rire moi aussi. Je remarque que Ken semble plus détendu, il rigole lui aussi. Je finis finalement par rigoler à mon tour. Qu'est ce que cette histoire était stupide. Tout le monde se calma rapidement et on finissait de manger dans la bonne humeur.

Bon je me suis retenu depuis tout à l'heure, mais qu'est ce que ma soeur fout avec des rappeurs ? lâcha Gab
- C'est des potes du copain d'Adèle ». dis-je la bouche pleine

Il se rembrunit. Mon frère était amoureux d'Adele depuis qu'il était petit. Malheureusement, la différence de 5 ans entre mon frère et Adèle avait fait en sorte qu'elle ne s'intéresse jamais à lui autrement que sous le titre de petit frère de sa meilleure amie. Mon frère avait donc subi les conquêtes d'Adèle, les fois où elle avait eu le cœur brisé, sa rencontre avec Doums, son emménagement et son amour pour lui, et malgré tout ça, il était resté à ses côtés comme un bon ami. Je l'admirais pour ça, je ne pourrais pas regarder la personne que j'aime construire sa vie avec une autre que moi.

Une fois le repas fini. Je payais pour mon frère et moi et je sortais avec tout le monde. Une fois dehors, je sortais mon paquet de la poche de mon jean et j'allumais une clope. J'avais enfilé un jean et un col roulé noir, j'avais mes converses aux pieds et mes cheveux détachés.

Je regardais l'heure, il était déjà tard. Idriss proposa qu'on finisse la soirée chez lui et tout le monde accepta. Moi je refusais en disant que Gab avait besoin de se reposer puisqu'il venait d'arriver, et je passais pour une conne quand il lança : « Bah rentre, moi j'ai grave envie d'y aller. » J'acceptais donc à mon tour d'y aller. Idriss appela quelques autres personnes et nous entamions le chemin vers le studio (les gars devaient récupérer leurs voitures).

OUVRE LA PORTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant