Prologue

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Elleétait dans le noir complet, comme dans du coton. Elle avaitégalement chaud, très chaud. La jeune femme crispa ses doigts,rencontrant une matière molle et granuleuse. SABLE. Lui dit soncerveau, même si trop lentement à son goût. Du sable ? Non,c'était impossible. Les dernières images dont elle se rappelaitétaient sa douche dans son appartement en plein centre-ville. Il n'yavait certainement pas de sable dans sa salle de bain ! Du vieuxcarrelage moisi oui, mais pas de sable !

Elledevait ouvrir les yeux, elle le sentait tandis que le stress montaitde plus en plus en elle. Elle avait peur. Non, elle étaitterrifiée !

Luifaisait-on une mauvaise blague ? Avait-elle été enlevée ?Elle ne savait pas, mais en tout cas, la situation lui échappait etn'était pas normale. Tremblante malgré elle, la jeune femme ouvritles yeux. Elle cligna longuement des paupières sous un soleil ardentqui lui piquait les rétines. Ses yeux la brûlèrent un instant,emplis de larmes, puis la sensation passa et elle put regarderpleinement autour d'elle. Du sable, effectivement. Du sable beigeclair à perte de vue. Derrière elle, la mer ou un océan, bleu,immense, se joignant à l'horizon de même couleur. En face, dans lelointain, des arbres. Quelques étranges fougères poussaient de-cide-là dans le sable, offrant un peu de vert réconfortant.

Réconfortée,elle ne l'était pas ! La situation était pire qu'elle nel'avait craint ! Et pourtant, elle n'avait encore rien vu.Levant sa main gauche pour la placer en visière devant ses yeux,elle vit briller sur son poignet un losange métallique. Choquée,elle le gratta instantanément, mais rien ne se produisit. Çabrillait légèrement et c'était clairement incrusté dans sa chair.BORDEL ! Elle était maintenant furieuse ! Si c'était uneblague, elle était cruelle et loin d'être amusante ! Vraimentpas amusante lorsqu'elle se comprit nue, ou presque. Elle ne portaitqu'une simple culotte de toile avec une brassière assortie. D'unblanc sale et déjà tachés par le sable. Le reste de son corps neportait rien, absolument rien ! Elle était pudique, c'étaitbien sa chance...

Ellegratta une nouvelle fois son poignet par réflexe, s'étonnant de neressentir aucune douleur. On lui avait implanté un objet dans lebras, mais ce dernier n'était ni en sang, ni douloureux.

Lajeune femme attendit encore un instant. Sans trop savoir pourquoi.Qu'espérait-elle ? Des secours ? Oui... Mais elle dut serendre à l'évidence après de très longues heures d'absences, iln'y avait rien ni personne ici.

Personne ?C'était quoi ce truc qui se dandinait sur la plage un peu plusloin ? Soupirant, peu rassurée et guettant un dernier instantderrière elle, elle se décida à bouger. Ses pieds nus entraientlentement et prudemment dans le sable chaud, la sensation étaitplutôt agréable en vue des circonstances. Elle aurait quand mêmepréférée un voyage aux Bahamas que cette très mauvaise blague !

Elley était. Ce qui se dandinait sur la plage en remuant des fessesétait un gros poulet. Un énorme poulet aux plumes violettes etgrises. Elle s'approcha, mais il l'ignora en poussant des petitsgloussements. Il semblait progresser de façon aléatoire, les plumesébouriffées, confiant. Ce poulet était vraiment énorme ! Illui arrivait presque à la taille lorsqu'il avait la tête biendressée. Dans ses yeux en boutons dorés où on pouvait lire...euh... le vide... il présentait peu d'intérêt. La jeune femmen'avait jamais vu d'oiseau aussi gros, mais en même temps, en piaf,elle n'y connaissait pas grand-chose !

- Salut, je m'appelle Anastasia, s'amusa-t-elle moqueuse, main droite en avant comme si elle attendait une bonne poignée de main.

L'animalgloussa et poursuivit sa route. Ils n'étaient pas très causantsdans le coin ! Bon, il était temps de réfléchir à la suitedes événements. Que devait-elle faire ? Comment devait-elleréagir ? Dans Koh-Lanta, ils seraient déjà en train dechercher de l'eau et de construire une cabane. Oui, mais dansKoh-Lanta ils ont des caméramans avec eux et ont demandé à êtrelà !

Réfléchir,ne pas s'énerver, ne pas s'angoisser plus encore... Facile à dire !

Elleprit une grande inspiration, yeux fermés, puis expira bruyamment,avant de se tourner vers le gros poulet qui était maintenant dansson dos.

- Tu ne saurais pas où je peux trouver de l'eau potable, je suppose ?

Unhurlement du volatile lui bloqua la respiration. Contractée,choquée, elle vit un énorme lézard, toutes griffes dehors, sauterdans un cri perçant sur le pauvre animal, l'immobilisant et luitenant le cou avec sa gueule puissante. Ses écailles verdâtresluisaient au soleil et des plumes noires lui couraient le long dudos. Mais elle n'avait pas le temps de s'émerveiller devant sataille et sa beauté ! Une alarme lui hurlant : DANGERDANGER ! S'alluma dans sa tête et elle prit ses jambes à soncou, courant droit vers les arbres lointains où elle espéraittrouver enfin protection et sécurité.

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