2 Il faut se méfier d'eux aussi...

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Anastasias'étira. Elle avait le dos en compote à cause du sol terreux. Sesjambes étaient tendues de sa longue course du jour passé et ellecommençait clairement à sentir le chacal malgré le peu de vêtementqu'elle portait. Ses sous-vêtements tiraient de plus en plus sur legris. Un gris... très très sale ! Lumière s'étira à côtéd'elle avant de partir en courant, quittant la sécurité du buissonet la vue de la jeune femme. Elle ressentit un léger pincement aucœur, se sentant abandonnée. Même si son compagnon n'était pastrès joli... eh bien, il lui tenait compagnie, justement !Soupirant et s'étirant une dernière fois, elle se glissa à quatrepattes hors de sa cachette pour se retrouver finalement nez à nezavec l'animal. Lumière tenait fièrement une grosse baie violetteentre ses pattes avant et la posa devant elle. Souriante, la jeunefemme lui fit une petite grattouille sur la tête avant de prendre lefruit et de le manger. Un petit déjeuner léger, mais agréable.C'était mieux que rien. Lumière alla chercher un autre fruit et lemangea par petites bouchées, assis près de sa maîtresse. Alors unanimal sauvage de cet étrange endroit pouvait donc être dompté ?Pouvait-elle également dompter les gros poulets ? Ou encore cegrand lézard qui avait failli l'attaquer ? Avait-elle plus dechance de survivre avec ce genre de compagnon de route ?Certainement. Mais comment procéder ? Elle se voyait malbalancer une baie à ce dinosaure plein de dents ! Il necomprendrait certainement pas ce qu'elle lui voulait et continueraità la voir, elle, comme un bon steak sur pattes !

Maintenant,très relativement rassasiée, elle devait boire plus convenablement,faire un vrai repas et surtout se trouver un abri plus confortablepour la prochaine nuit et les suivantes... Combien de tempsallait-elle passer ici ? Combien de temps avant d'êtresecourue ? Il fallait déjà que quelqu'un sache qu'elle setrouvait ici, sur cette île, elle ne savait même pas où. Encoreune fois elle se demanda comment elle avait pu passer de sa douche deson petit appartement parisien à une plage de sable blanc ! Elle avait beau se triturer les méninges, elle ne voyait aucuneexplication. Aucune.

Prenantson courage à deux mains, Lumière à nouveau sur les épaules,Anastasia reprit sa route. Elle ramassa en chemin une grande branchecassée, ainsi qu'un morceau de silex trouvé entre deux rochers.Elle attacha le tout avec un bout de liane qu'elle coupa avec lesilex. Une fois assemblée, pierre et bois lui offraient une longuelance. De quoi se défendre un minimum tout en restant à distancerespectable. Peut-être même chasser.

Lajeune femme s'arrêta soudainement, pieds nus dans la terre, enregardant son arme qu'elle tenait d'une main ferme, interloquée.Mais comment avait-elle eu l'idée de construire ce truc ? Ellesavait à peine changer une ampoule ! Comment avait-elle su oùtrouver les éléments et comment les assembler ? Et surtoutd'où lui venait cette idée ? Une bonne idée certes, mais pasvraiment de son style de vie habituel... En y réfléchissant, enfaisant le point entre ses idées et son imagination étrangementproductive, elle visualisa une cabane, un cube de paille et de boisavec une porte peu gracieuse, mais efficace. Ce simple cube,était-elle vraiment capable de le faire ? De construireelle-même sa maison comme à l'époque de La petite maison dans laprairie ? Ça lui semblait fou. Plus fou qu'un dinosaure ?Peut-être pas...

Anastasiapoursuivit son chemin. Elle semblait se rapprocher de la plage, sanseffectuer pour autant le même trajet que la dernière fois,lorsqu'elle avait cherché la sécurité des arbres. En route, ellemangea d'autres fruits, encore des prunes violettes, mais aussi despetites baies jaunes. Elle hésita devant des baies noires, mais unepetite voix intérieure lui dit de ne pas y toucher.

Salance lui servait, pour le moment, pour marcher. Si elle atteignait ànouveau la mer, peut-être pourrait-elle pêcher avec ? Ouattaquer un gros oiseau ? Elle devait tenter sa chance. De toutefaçon rien ne lui disait que la forêt était moins dangereuse quela plage.

Lumièreétait sage sur l'épaule d'Anastasia. Il semblait pouvoir rester làdes heures et des heures comme un brave... euh... rat ? Un grosrat avec des poils piquants à souhait !

Mêmes'ils restaient tendus et un peu douloureux, les muscles de la jeunefemme se faisaient à l'effort et à la marche, ils n'avaient pastellement le choix de toute façon ! Après avoir traversé desarbres et encore des arbres. Ainsi que quelques fougères, buissonset arbres, la jeune femme découvrit une nouvelle plage devant sesyeux. Elle resta sous le couvert végétal avant de se lancer vers cenouvel élément. Elle voulait être sûre de ne pas avoir demauvaise surprise et rencontre !

C'estce moment que choisit Lumière pour se réveiller de sa longuesieste. Il s'agita un peu, nez au vent, avant de pousser un petitcri. Puis encore un autre en trépignant un peu sur ses épaules.Quelque chose n'allait pas. S'accroupissant pour être moins visible,la jeune femme observa attentivement autour d'elle. Son instinct luidemanda de rester aussi silencieuse que possible, ce qu'elle fit,respirant à peine.

Là,en face !

Serelevant péniblement entre deux rochers, un homme ! En caleçonblanc... Les cheveux en bataille, le visage plein de sable. Il sefrottait l'avant-bras et la jeune femme ne put s'empêcher de toucherle petit losange en métal toujours planté dans sa peau. Cet hommesemblait avoir le même, mais il était trop loin pour qu'elle ensoit certaine. Elle l'observa encore un instant avant d'en êtresûre : ce type était aussi paumé qu'elle ! Il venait delui arriver la même chose ! Souriant face à la malchance decet homme qui allait lui permettre de ne plus être seule (pardonLumière !), elle se redressa pour le rejoindre avant des'accroupir à nouveau. Le cri de détresse de Lumière à sonoreille lui glaça le sang. Des frissons remontèrent le long de sondos lorsqu'elle comprit pourquoi. Sur la gauche, chevauchantfièrement, deux hommes approchaient. Ils n'étaient pas nus, maishabillés de cuir et de pièce d'armures comme dans un filmfantastique. Ils avaient fière allure et le savaient à la façonbien droite dont ils se tenaient sur leurs bêtes. Quelles bêtes !Ces fameux lézards du premier jour ! L'un à crête brune,l'autre rouge. Harnachés comme des chevaux et montés de mêmefaçon. Alors c'était possible ?! On pouvait dompter et mêmemonter ces créatures ! 

- Bordel ! Souffla la jeune femme sans même s'en rendre compte. Elle était impressionnée !

L'hommenu qui les voyait approcher aussi, à en juger son visage crispé etson dos légèrement courbé. Les hommes aux dinosaures stoppèrentleurs montures qui se bouffèrent le nez un instant avant que l'hommesur l'animal à la crête rouge leur ordonne de se tenir tranquille.Sa bête poussa un cri, mais obéit. Les étrangers avaient comme despeintures de guerre sur leurs vêtements et un visage sévère.Anastasia se coucha au sol par instinct : elle ne voulait pasêtre vue, ça ne sentait pas bon pour le nouveau, elle en étaitcertaine...

- Ces terres appartiennent à la tribu de Nerva ! Cria littéralement l'homme qui semblait être le chef. Les nouveaux ne sont plus autorisés chez nous, ils sont inutiles... Dommage pour toi, tu aurais pu tomber sur une autre tribu plus conciliante...

- Mais, je...

Troptard. Le malheureux ne put finir sa phrase. Le dinosaure de l'hommelui ayant donné sa sentence lui sauta dessus et le tua violemment,lui laissant tout juste le temps de hurler.

Mainsur la bouche pour ne pas crier également, Anastasia serecroquevilla sur le sol et alors que son visage se recouvrait delarmes, pria pour ne pas être repérée.

Elleen était sûre maintenant. Elle voulait survivre.


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