MILA

Chapitre 15 : Parle-moi de toi.

Drago Malefoy venait de pénétrer, non pas sans un regard glacial, dans le bureau du professeur Rogue. Ce dernier lui désigna un tabouret noir en face de lui. Le jeune garçon était collé pour avoir manqué un cours et ne pas avoir rendu de devoirs, mais surtout parce qu'il s'était un peu trop approché de Mila.

- Cessez d'aborder ce regard insolent, Malefoy.

Severus lui tendit ensuite une plume ainsi qu'un long parchemin.

- Vous allez faire votre devoir sur la pierre de lune, et je le ramasserais à la fin de l'heure.
- Mais je n'ai pas de livres ici pour faire mes recherches ! fit Drago, scandalisé.
- La prochaine fois, vous n'oublierez pas de venir dans mon cours à l'heure.

Drago ne renchérit pas. Le poing gauche serré, il écrivit en manquant de casser le bout de la plume le titre du devoir en haut du parchemin.

- C'est quoi votre problème avec Mila ?

Severus se sentit parcouru d'un étrange sentiment. Des personnes commençaient à se douter de quelque chose. Il était le maitre pour cacher des secrets, mais celui-là était plus dur que tous les autres.

- Je n'ai aucun problème avec votre camarade, Malefoy. Au contraire, je pense que vous devriez prendre exemple sur elle.
- D'abord vous la favorisez, ensuite, vous êtes toujours là, là où elle est, et vous me punissez chaque fois que je suis en sa compagnie.

Severus ne laissa rien paraitre. Il trempa sa plume dans son encrier et continu de corriger le devoir d'un de ses premières années.

- Vous avez beaucoup d'imagination. Maintenant, continuer de travailler.

Drago haussa les épaules et se remit à écrire sans rien dire. Severus, ravi qu'il n'ajoute rien reprit donc son propre travail. Lorsqu'il eut fini de corriger sa pile de copie, Rogue observa les cheveux blonds de Drago qu'il trouvait affreux et eu une idée. Il se concentra et pénétra son esprit. Il vit des flashs, Drago à la bibliothèque, puis avec sa fille, puis sa main se posant sur le visage de Mila. Il sortit alors aussitôt de son esprit et vit que Drago le fixait étrangement.

- Qu'est-ce que vous faites ?
- Votre heure est terminée. Dégagez immédiatement.

Il lui arracha son parchemin des mains, et Drago vit qu'il dessinait quelque chose qui ressemblait fort à un zéro sur sa copie.

Le lendemain après-midi, Drago et Mila se rendirent donc au Chaudron Baveur pour y déguster une Bièrraubeurre. Ils étaient contents d'enfin pouvoir s'y rendre ensembles.

- Comment cela se fait-il que Potter et compagnie et toi soient si proches ? Vous vous connaissiez avant la rentrée ?
- Oui, je les ai rencontré la veille.

Soudain, deux mains se posèrent sur les épaules de Mila et la firent sursauter.

- BOUH !

La tête de Ginny Weasley apparut à ses côtés et ne vit pas tout de suite Drago.

- Ginny ! Tu m'as fait peur ! s'écria Mila.
- Haha. Désolé. Les quatrièmes sont en sortis à pré-au-lard, aujourd'hui. Je suis venue avec Dean et comme je t'ai aperçue je suis venue te dire bonjour !

Quand la Gryffondor comprit avec qui Mila se trouvait, tout espoir de sourire s'effaça.

- Désolé, je ne voulais pas te déranger...
- Tu ne me déranges pas Ginny, je suis contente de te voir.

Avant de retourner vers sa table, Ginny lui chuchota à l'oreille :

- Fais attention, Malefoy est un sale type.

Lorsque Ginny s'en alla, Drago souffla, prêt à dire une méchanceté, mais Mila le coupa.
- Si c'est pour l'insulter, abstient-toi.

Il referma la bouche et il haussa les épaules.

- Je ne supporte pas ces gens, c'est comme ça. Je ne sais pas comment tu fais.
- Ginny ne ta rien fait jusqu'à preuve du contraire.
- Ginny est une Weasley !
- Et quel est le problème ? Je suppose qu'il s'agit encore d'une histoire de sang.
- Oui, mais pas seulement, ça va bien au-delà. Les Malefoy et les Weasley se détestent depuis toujours. Des histoires de familles.
- Qui ont un rapport avec le sang, répliqua Mila.
- Oui, avoua Drago.

Mila leva les yeux aux ciels. Elle n'arriverait jamais à comprendre leurs problèmes avec ces histoires de sang. Elle s'apprêta à se lever.

- C'était une erreur de venir..
- Non ! Reste. On ne parle plus de ça.

Mila se rassit, elle était d'accord pour lui laisser une chance.

- Parle-moi de toi, dit-elle afin de changer de discussion.
- Te parler de moi ? Comment ça ? s'étonna Drago en la dévisageant.
- Ben oui, reprit Mila comme s'il s'agissait d'une évidence. En général les gens parlent d'eux afin d'en savoir plus sur leurs... amis.
- Il n'y a rien à savoir sur moi.

Drago était froid. Alors, Mila prit une grande respiration et se lança :

- Je m'appelle Mila et je vis dans un orphelinat moldu depuis mes un an, environ.  On m'a trouvé dans un panier devant la porte le soir du trente-et-un octobre mille-neuf-cent-quatre-vingt-un. Je ne connais ni ma mère, ni mon père, mais j'ai avec moi depuis mon arrivée une photo de ma mère ainsi que ce collier.

Mila souleva son pendentif pour lui montrer.

- Un S, un M, et un L. Juste ces trois lettres. J'ai été laissée rien qu'avec ça. Je le portais à mon arrivé bébé, le collier a toujours été à ma taille, étrangement. En fait, en y réfléchissant, je n'ai dû le quitter qu'une ou deux fois de toute ma vie, mais c'est la seule chose qui me rattache à ce que je suis vraiment.

Mila rangea à nouveau son collier sous son pull.

- À l'orphelinat, les enfants et les adultes moldus ont vite compris que je n'étais pas comme eux. J'étais solitaire, capable de déplacer des objets par la pensée, d'éteindre des lumières ou encore de parler aux animaux, et aux serpents. Je n'ai jamais eu d'amis, j'ai très vite été détestée.

Elle reprit sa respiration et bu une gorgée de Bièrraubeurre.

- Je n'étais qu'un monstre pour eux. Je me suis donc mise à les ignorer, à passer mon temps à lire ou jouer du piano. Mais il y avait des jours où je n'arrivais pas à me retenir. Ils suffisaient qu'ils soient méchants avec moi pour qu'une vitre ne se brise rien que par ma pensée sans que je n'aie besoin de la toucher du petit doigt. Bien-sûr, j'étais toujours la seule à en payer le prix.

Drago se contentait de l'observait en silence et de l'écouter avec attention.

- Bien-sûr, des familles ont essayé de me recueillir, mais ça ne s'est jamais bien passé. A la première chose "anormale" que j'ai fait, j'ai été renvoyée illico à l'orphelinat.

Désormais la voix de la jeune fille tremblait.

- Une famille... enfin le fils de cette famille... j'avais 8 ans et lui 16, il s'est mis à me brutaliser pendant des semaines quand il a découvert ce dont j'étais capable de faire... Un soir, alors qu'on était seuls...

Mila prit une grand inspiration et reprit :

- Il a essayé d'abuser de moi, alors pour me défendre, je l'ai frappé, et je me suis enfuie de cette maison. C'est à partir de ce jour que j'ai su ce que j'étais capable de faire lorsque je suis en colère...

Alors que Drago ne la quittait pas des yeux, Mila se leva et bouscula sa chaise.

- Je...j'ai...j'ai besoin d'aller prendre l'air.

Elle quitta le pub presque en courant. Drago se leva, déposa quelques galions sur la table pour payer leur consommation et sortit rejoindre Mila. Elle était assise sur un banc près du pub. Sans rien lui dire, il s'assit à côté d'elle. Après l'avoir entendu renifler deux fois, il prit la parole :

- Je m'appelle Drago Malefoy. J'ai toujours vécu avec mes parents dans notre manoir. J'ai été élevée sous la valeur des sangs, et c'est pour ça que je suis si convaincue que les sangs-purs, les sangs-impurs et les moldus ne sont pas à la même égalité. Je suis quelqu'un de froid et de fermé, et je l'avoue. En fait, je me suis toujours senti seul... faible... et inférieur aux autres... j'ai toujours envié la popularité de Potter... il a l'air tellement heureux avec tous ses amis, ses fans, tout le monde l'aime et l'admire... et moi je ne suis que moi...

Mila laissa tomber sa tête sur l'épaule de son ami.

- Merci Drago.
- Merci de quoi ?
- De m'avoir écouté et de t'être confié.