Chapitre 5

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Cinq jours de marche intensive nous ont suffi pour atteindre la France. 56 km parcouru et des nuits blanches de cauchemars. Mon angoisse s'élevait au fur et à mesure que le pays de la liberté approchait. Un territoire réputé pour son raffinement, ses produits succulents, la beauté de ses paysages, la diversité de ses habitants. Un pays où règne l'égalité entre les espèces. Un des seuls à ne pas subir encore la guerre constante entre les loups et les vampires, où la loi impitoyable des sangs-purs domine celle du restant de la population. 

La forêt est dense et nous protège d'être repérés par le ciel. Le vent éparpille nos odeurs, le sol sec ne permet pas de laisser de trace derrière nous. La nature semble nous soutenir dans notre quête, en cette fin de soirée.

D'après la carte de Florian, seule une rivière sépare la Suisse et la France. A quelques mètres de là, un pont nous permet de relier les deux terres. Nous voilà enfin à le stade final de mon plan. La prochaine étape est de dénicher un petit village avec peu d'habitants, majoritairement humains de préférence. Pour les sangsues et les bêtes à poil, on réussira à s'en passer.

Florian nous indique quel chemin emprunter. Le terrain est plutôt plat, ce qui rend la marche facile et faiblement épuisante. Nous pouvons conserver notre énergie pour faire face à un potentiel assaut. Le stratège nous a déniché la ville parfaite du coin. Je l'écoute, j'ai confiance en mes coéquipiers. Personne ne semble vraiment serein concernant la suite des évènements mais ils demeurent silencieux sur la question. Je les remercie pour cela. Mon angoisse a atteint un pic anormalement élevé.

-Nous y sommes bientôt, restez sur vos gardes, nous informe notre guide.

Il dégaine son sabre fabriqué quelques minutes avant de partir. Nos magies sont prêtes à abattre quiconque se mettra en travers de notre chemin. Nous avançons pas à pas vers notre destination. Chaque bruissement de branche nous fait frissonner. La peur nous maintient éveillés, malgré le manque de sommeil récurant. Mon cœur palpite, un mélange d'angoisse et d'excitation. Une partie de moi souhaite vraiment le revoir. Et elle sait que nous touchons au but. Après des mois de fuite, de combats, j'ai besoin d'une pause de plusieurs semaines. Une hibernation des plus totales. Un lit, des pancakes le matin et une nuit paisible. Ces envies poussent ma détermination à ses limites. Elles me donnent envie de me battre jusqu'au bout. Je réussirai, je le dois, pour eux, pour nous.

-Je le vois!

Nous nous retournons vers Florian, surpris de son intervention.

-Le panneau de Wentzwiller! La ville parfaite que nous recherchons!

Je respire profondément. J'espère sincèrement que mon idée fonctionnera et que mon contact aura tenu parole. Tout repose sur lui désormais.

Nous nous approchons silencieusement du lieu jusqu'à être à cinq-cent mètres de la ville et nous nous cachons dans les broussailles le temps que la nuit tombe. Je dois trouver une cabine téléphonique ou n'importe quel moyen de communication. Autre chose qu'un pigeon voyageur par pitié.

Alors que les étoiles apparaissent une par une dans le ciel et que les habitants rentrent tranquillement chez eux, il est l'heure pour nous d'intervenir. Les lampadaires sont éteints, la ville s'endort. Le calme paisible de la nuit s'empare de la population sereine. Je suis encerclée par mes amis qui, aux aguets, sont prêts à me défendre jusqu'à ce qu'on puisse quitter cet endroit. Nous ne devons pas rester longtemps à découvert sous peine d'être pourchassés par les communautés surnaturelles, bien que pacifistes, environnantes.

-On doit trouver le centre-ville, je murmure, priant pour y trouver une simple cabine téléphonique.

Leur hochement de tête m'indique qu'ils sont prêts à me suivre. On ne peut définitivement plus reculer. Le voile sombre m'empêche de bien distinguer les quartiers et les différentes places. Il y a peu de restaurants, les murs sont ornés de graffitis en français, un seul coiffeur et une pharmacie. Les secteurs sont peu chaleureux, souvent délabrés, les fenêtres des maisons sont cloisonnées, la cité ne respire pas la sûreté. Nous marchons à tâtons.

La réunification du MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant