Catherine

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C'est toujours le même rêve: une route, la nuit avec pour seule lumière les phares de la voiture. Pas plus de contexte que ça et seule la clarté du double cône de lumière qui ne se reflète que sur les bandes blanche défilant à vive allure. Rien, rien d'autre n'apparaît: un noir sans fond de part et d'autre et devant le véhicule. Elle ne voit même pas ses mains sur le volant, ni les inévitables lumières de l'habitacle. Il y a la sensation du moteur, le ronronnement sourd, le bruit des roues sur l'asphalte, la sensation de vitesse; rien d'autre. Ça, simplement, en continu et les chiens qui aboient. Catherine se réveille, la lumière d'une lune basse raye la pièce presque horizontalement, elle est sur une table dans un angle contre un mur de pierre. Diego, le mâle ronfle sous elle entre les jambes du meuble de bois massif. Les femelles ne sont pas là, ce sont elles qui ont dû faire du bruit. Elle pose un pied au sol, les tomettes sont fraîche malgré la chaleur de cette nuit d'été.

Apres les collines et les gorges elle a décider d'aller vers l'ouest, voir l'océan. Hier c'était les torrents et les truites et un improbable château perché sur une falaise au-dessus, aujourd'hui une maison de maître dont le toit est en parti effondré. Elle quittera bientôt les terrains encaissés pour les plaines boisées et les forêts de pins du littoral. Il n'y a pas d'autre raison pour ça que le désir de voir la mer, changer de terrain. Deux des chiennes se faufilent par une des portes intérieures donnant sur la partie écroulée: Ouna et Luna il ne manque que Béa, la doyenne. Catherine s'approcha de la porte donnant sur l'extérieur, avant de poser une main sur la poignée, de l'autre elle se saisie de la courte lance de chasse au sanglier en aluminium qu'elle avait mis contre le chambranle. Elle prends son souffle, et dans le plus grand silence actionne la poignée:

Par l'étroite ouverture un filet d'air chaud vient lui caresser le visage, la façade est plein sud, ses pierres ont été chauffées toute la journée par le soleil; sans un bruit une forme blanche se rapproche et pousse la porte de sa truffe pour s'y glisser, Béa se retourne pour regarder Catherine. Celle ci passe la tête dans l'ouverture et respirant le plus doucement possible observe la nuit. Un souffle, un pas lourd, le mouvement d'une masse sombre: un ours. La lune éclaire brièvement une bande de poil clair sur le dos de celui ci. C'est un ours blanc, son pelage est noir de crasse sauf là ou il a été rincée par la pluie. Elle referme la porte en silence et caresse la tête de la chienne. C'était aussi pour ça qu'elle quittait les cascades en été, trop d'ours et de grand prédateurs.

Les zoo et autre réserves animalières avaient été vidés à l'an trois de la quarantaine en même temps que les fermes d'élevage avaient été fermées et leur bétail relâché dans la nature pour éviter les charniers dans les exploitations dont les propriétaires avaient succombé au virus. Des centaines de volontaires avaient dé-clôturés pendant des mois les pâturages et embobiné grillages, fils de fer et barbelés, avec l'épidémie et la fermeture des frontières, les carences en matière premières importés s'étaient vite fait sentir et des millions s'étaient retrouvés sans emploi avant même que les usines ne ferme faute de travailleurs. Les nombreux prédateurs exotique avaient vite découvert cette manne de viande sur pied peu farouche qu'était devenus le bétail. Le premier hiver avait éliminés les espèces les moins adaptables, mais certaines avaient surpris par leur endurance et leur capacité à faire de ce nouvel environnement et terrain de chasse leur territoire. Les Lions du Serengeti par exemple tenaient la dragée haute aux tigres de Sibérie et autre puma, lynx et panthère. Pour d'autre races plus opportunistes ce fut une question de trouver un équilibre entre territoire désiré et celui de leurs voisins: hyène, chacals, loups et autres chiens sauvage. Une petite famille d'éléphants d'Asie avait prospéré dans le delta du Rhône entre troupeaux de buffle, taureaux et chevaux sauvage. Les ours, opportunistes par essence avaient prospéré comme aucun sur les carcasses fumantes du bétail et les tombereaux de nourriture abandonnés faute de consommateur.

De temps a autre les drones la retrouvait et bourdonnait avec insistance pendant des heures. L'un d'entre eux avait même commencer a diffuser un message enregistré et avait hérité d'un carreau d'arbalète dans sa jolie bulle de Plexiglas. Ils avaient même lancé un drone rampant a ses trousses mais les chiens ne cessant d'aboyer après, elle avait débranché la batterie et laissé la machine là ou elle était. En effet, il y avait des petites boites avec milles invectives sur l'appareil. De l'eau, ce qui l'avait fait rire, des appareils de communication et des victuailles, certainement un type ration d'urgence et l'idée de manger ça lui avait donnée la nausée. Catherine avait aussi vue les messages autoritaires lui ordonnant de lire ceci ou de faire cela et ça aussi avait été contre productifs. 'depuis le temps que je me démerde, je ne vais pas commencer a faire ce qu'un boulet, a 600km, me dit de faire.' elle avait pensé et elle s'était détournée et avait continué son chemin après que Diego, maintenant que la machine ne bougeait plus, lui ai pissé dessus. Apres ça ils l'avaient laissée tranquille, plus ou moins, les drones volaient a distance et ne semblaient apparaitre que tout les trois ou quatre jours. Une fois dans la plaine de l'Adour la canopée lui redonnerait une forme d'intimité elle avait décidée, la riche plaine alluviale, arrosées par des pluies généreuses et un climat doux avait fait merveille pour les plantes et des dernières collines la surplombant elle voyait a perte de vue une mer d'arbres sans interruptions, le soleil matinal brillait derrière elle et des centaines de milliers d'oiseaux remplissaient le ciel. Il y eu un bruit a mi-chemin entre l'aboiement et le meuglement et un bruit de cavalcade sur sa gauche suivit immédiatement d'un grand bruissement d'aile quand un nuage de petits oiseaux pris son vol en panique, pour retourner se poser l'instant suivant. Elle pris la direction inverse, de toute façon il y avait un village dans cette direction là aussi et elle trouverai bien une maison pour y passer la nuit.  

Le Grand SommeilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant