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— Vous voyez ? insista Yagor en secouant la tête du garde entre ses mains. Voici ce que l'on appelle un acte méprisable.

Il jeta la tête au sol. Celle-ci roula pendant quelques secondes, répandant une traînée poisseuse de sang sur son chemin.

— Quoi qu'ait fait cet homme, poursuivit-il en soulevant ce qui restait du pauvre garde, il était soldat. C'était un de nos camarades.

Il fit passer sa main dans ses longs cheveux bruns et soupira.

— Réfléchir puis agir : c'est primordial. Bien sûr, parfois, des mesures draconiennes s'imposent. Qui est pour la torture ici ?

Il jeta un regard interrogateur au groupe de gardes. Bien sûr, personne ne lui répondit. Lucian en profita pour s'assurer que la visière de son casque était bien baissée.

— Non ? Personne ? Tiens, toi là !

Yagor lâcha le cadavre et pointa du doigt un garde moustachu. Celui-ci sursauta à l'instant où il comprit que le jeune homme s'adressait à lui.

— Qu'aurais-tu fait à ma place ?

— J-Je...

Le garde hésita en caressant sa longue moustache, tremblant. Yagor s'approcha de lui.

—Tu l'aurais invité à prendre le thé ? ajouta-t-il en souriant.

— Je... Bah je...

— Allez ! Dis-moi.

— Peut-être... Je ne sais...

À cet instant précis, Yagor saisit le couteau qui pendait à son ceinturon et l'enfonça dans l'œil droit du garde. Celui-ci n'eut pas le temps de hurler car, entre temps, l'homme avait déjà tranché sa gorge avec un second couteau.

— Vous voyez, dit-il en léchant le sang qui avait giclé sur son visage, c'est bien ça le problème : je suis trop impulsif.

Il retira son couteau de l'œil du garde à moustache. Le pauvre soldat s'écroula immédiatement sur le sol. Son sang vint se mêler à celui du cadavre de son camarade décapité. Lucian déglutit.

— Capitaine de la Garde ? Moi ? Ha ! Un piteux exemple pour les soldats, oui.

Il posa son pied sur le corps du garde moustachu.

— Oui, vraiment méprisable.

— Heu... Capitaine ?

La voix venait d'un garde de petite taille, à droite de Lucian.

— Pourquoi est-ce que vous nous avez demandé de venir ici ? demanda-t-il en se mouchant le nez. On n'a pas fait une bêtise quand même ?

Lucian fut étonné de voir le petit homme rester aussi calme. Il est soit extrêmement courageux, soit complètement inconscient, pensa-t-il.

Yagor haussa un sourcil.

— Ici ? répéta-t-il. Dans le donjon tu veux dire ?

— Ouais. Vous savez, Capitaine, l'humidité n'est pas bonne pour ma santé. J'ai peur d'attraper un truc si on reste encore longtemps. C'était bien obligatoire ? Atchoum ! cria-t-il soudain en répandant de la morve par terre. P-Pardon.

Un garde, à gauche de Lucian, toussa de nervosité. Lucian, quant à lui, ferma les yeux. Va pour l'inconscient. Yagor s'approcha du petit soldat et posa sa main sur son épaule. À la surprise générale, il se mit à rire.

Le donjon qui se mord la queueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant