Chapitre 38

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  Moi : Comment ça ?

Farès : J'ai jamais dit que j'allais arrêter, Sofia.

Ok. D'accord. C'est du foutage de gueule pur et simple là, c'est pas possible !

Moi : T'es en train de me dire que tu veux continuer à faire ça ? Toute ta vie ?

Il répond pas et baisse la tête. Je me lève du lit, je commence vraiment à me dire que j'ai été conne sur ce coup. Vraiment conne.

Moi : T'as jamais eu l'intention d'arrêter, pas vrai ?

Il garde la tête baissée et évite mon regard. Moi je le fixe, les larmes aux yeux... Je viens de lui donner mon premier baiser. Je viens de donner mon premier baiser à un salaud de première !

Moi : Tu continueras toujours ton business de merde. Même si ça veut dire qu'on pourra jamais être ensemble.

Là il me regarde et se lève d'un coup.

Farès : Dis pas ça. Qui t'a dit qu'on pouvait pas être ensemble ? C'est toi qui fais des histoires pour rien là.

Putain c'est le pompon là ! C'est moi la fautive là ?

Moi : C'est moi qui fais des histoires ? Tu crois vraiment que je peux me poser avec toi alors que je sais très bien que ce qui t'attend, si tu continues, c'est la prison ou la tombe ? Tu crois que c'est la vie que je veux pour moi et mon homme ? Il est HORS DE QUESTION que je me lie à tout ce haram dans lequel tu baignes !!

Farès : POURQUOI TU GÂCHES TOUT LÀ ??! Et fais pas la victime, tu savais à quoi t'attendre alors arrête ton cinéma.

Mon cinéma ? Yeeeh je me retiens pour pas lui arracher les yeux de suite à ce petit con !

Moi : Je rêve. T'es qu'une ordure, Farès. Une belle et grosse ordure ! J'aurais aimé ne jamais croiser ton chemin. T'ES UN PUTAIN DE CONNARD ! MERDEEEE !!

Je sors de la chambre, je sens mon cœur qui bat à fond, je suis furax de chez furax. Peu importe qui ou quoi croise mon chemin, je le défonce direct là, je suis dans un état de dingue. Je me suis donnée à un mec qui pourra jamais être mon mari... Putain mais je suis une vraie keh (pute) zebi !

J'arrive dans le salon, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Moussa, Adel et Ismaël entrent. Moussa porte Ismaël qui dort. Ils me regardent avec de grands yeux.

Adel : Euh.. Sofia, ça va ?

Moussa s'éclipse pour emmener Ismaël dans sa chambre. J'entends des pas derrière moi.

Farès : Tu vas où là ?

Je me retourne pour lui faire face.

Moi : Je me barre. J'en ai marre. J'en ai marre de toi, de tout !

Farès : TU PEUX TE CALMER 5 MINUTES OU PAS ?!

Moi : NON ! Je me calme pas ! T'es qu'un putain d'enfoiré ! Je te hais, je te hais !

Je vais pour me diriger vers la porte d'entrée mais il m'attrape et me retourne vers lui.

Farès : Tu crois aller où comme ça là ?! T'as vu comment t'es habillée ?

Moi : T'es sérieux Farès ? Tout ce qui t'importe c'est mes fringues ? Si je me balade à poil, ça te fait quoi hein ? Si je fais la pute, qu'est-ce que ça peut te foutre ?! Je suis RIEN pour toi, non ?

Farès : Tu vas te calmer tout de suite, je rigole pas Sofia.

Moi : ET MOI ALORS ?? J'AI L'AIR DE ME MARRER LÀ ?!

Farès : PARLE BIEN PUTAIN !

Je m'avance vers lui, j'ai les larmes. Je le regarde dans le blanc des yeux.

Moi : Et dire que j'y ai cru... Oui, je l'avoue. J'ai été naïve sur ce coup à penser que tu pouvais... être... peu importe. Tu changeras jamais et ça veut dire qu'on pourra jamais être ensemble. J'ai été stupide. Tu sais quoi ? Je t'en veux même pas, c'est à moi que j'en veux. Jamais j'aurais dû... espérer.

Je me retourne pour m'en aller mais je l'entends m'appeler. Là ça va barder sérieux ! Je me retourne et je commence à crier en sentant mes larmes couler. J'en ai marre de tout retenir.

Moi : TAIS-TOI ! Je veux plus t'entendre ! Tout ce que tu me disais... Putain Farès, tu m'as fait croire au rêve bleu tah (de) les mille et une nuits là ! Tu m'as fait croire qu'on pouvait être ensemble bordel !

Là il s'avance et me prend le visage pour essayer de m'embrasser mais je lui mets une gifle.

Moi : Tu crois quoi là hein ? Tu crois qu'un baiser va tout arranger ? Tu t'es cru où ? À Hollywood ?

Farès : Complique pas tout, on peut être ensemble.

Moi : Je complique rien du tout ! Et non on peut pas être ensemble, pas comme ça ! Tu crois que je vais présenter un homme comme ça à mes parents ? Un homme comme toi ? Non, moi je veux un homme un vrai, un homme dont je serais fière et qui me dégoûtera pas !

Farès : Ah ouais ? Pourtant tout à l'heure j'avais pas l'impression de te dégoûter, au contraire, un seul baiser et t'étais prête à...

Il s'arrête et se passe une main dans les cheveux. J'y crois pas, il vient juste de me traiter de fille facile là ou quoi ?

Moi : Finis ta phrase.

Farès : Putain, c'est mal sorti là.

Moi : FINIS-LA !

Il dit rien et commence à inspirer et expirer rapidement, en serrant les poings.

Farès : M'énerve pas là, je te jure arrête tout de suite.

Moi : Dis-le Farès, dis-le ce que tu penses de moi. Que je suis une PUTE !

Là il pousse un cri et fonce vers moi mais Adel se met devant lui et le retient.

Adel : Wow, stop là, arrêtez wesh !

Je fixe Farès, j'ai envie de laisser d'autres larmes couler mais elles veulent plus, j'ai épuisé mon stock je crois bien.

Moi : T'as pas besoin de le dire, je le vois dans tes yeux.

Il me répond en serrant les dents, il est prêt à foncer dans quelque chose là.

Farès : Alors tu dois être aveugle.

Je souris tristement.

Moi : Oh oui, ça je l'ai été. Depuis le début, j'ai cru en un mirage. Tu m'as bien eue, bravo.

Farès : Sofia, tu vas la f...

Moi : T'inquiète pas Farès, tu vas plus m'entendre, t'en fais pas. Je me casse, t'entendras plus parler de moi. Je vais faire ma vie ailleurs et avec quelqu'un d'autre.

Il se prépare encore à me foncer dessus mais Adel le tient bien. Je profite du fait qu'Adel le tienne pour m'approcher de lui et le narguer.

Moi : Oui, regarde-moi bien parce que c'est tout ce que tu feras avec moi Farès : me regarder. Tandis que celui qui m'attend, l'homme pieu, sincère et bon qui m'est destiné, lui il aura tout et il me donnera tout. Et je vais aimer ça, chaque putain de seconde.

Je me retourne et sors, j'entends des cris et des choses se casser avant de refermer la porte. Je marche un peu et m'arrête pour me poser contre un mur de la maison. J'arrête pas de m'insulter dans ma tête d'avoir été aussi stupide ! Je me déteste sur ce coup.

? : Ça va ?

Je lève les yeux et vois Moussa se diriger vers moi.

Moi : Non, mais ça va aller. Euh... tu peux m'emmener quelque part ?

Moussa : Bah... ouais mais d'abord tu te changes parce que je vais nulle part avec toi comme ça.

Il me reluque de haut en bas en se frottant la tête d'un air gêné. Je sais même pas à quelle keh est cette robe de nuit pfff. Je lui souris.

Moi : J'ai pas d'affaires.

Moussa : Les vêtements que tu portais quand on t'a trouvée, on les a lavés. Je vais les chercher et je les ramène si tu veux ?

Moi : Ouais, pas question que je re-rentre à l'intérieur.

Il hoche la tête et part me chercher mes affaires.

***

Je suis devant la chambre 47.

Moussa : T'es sûre de vouloir faire ça ?

Moi : Oui, t'inquiète pas tout va bien se passer.

Moussa : Je suis juste devant la porte si t'as besoin, tu cries, ok ?

Moi : Moussa, il est dans le coma, il va rien me faire.

Moussa : Y'a que Allah qui sait.

J'entre dans la chambre. Celle où Jamel est allongé, dans le coma. Je m'attendais à voir des fils lui sortirent de partout mais en fait non ça va. Je m'avance vers le lit. Je le regarde et j'aimerais, j'aimerais trouver les mots mais... j'ai plus rien à dire. Je veux pas m'excuser, je veux pas dire adieu, je veux juste avancer et laisser ça derrière moi.

Je retire mon alliance que j'avais toujours au doigt et je la pose sur la petite table à côté de lui. Je me baisse pour lui déposer un baiser sur le front et je m'en vais. Ce chapitre de ma vie est terminé, je veux plus revenir dessus.

Je sors et souris à Moussa.

Moussa : Ça y est ?

Moi : Oui, c'est fini. J'ai fait ce que j'avais à faire.

Il hoche la tête et on sort de cet hôpital. Direction chez mes parents.

***

Moussa vient de partir, je suis seule devant la porte de la maison de mes parents. Je frappe à la porte après plus de dix minutes d'hésitation.
Comme toujours, c'est ma mère qui ouvre.

Ma mère : Ah ma chérie ! Qu'est-ce que tu fais là ?

Elle me sourit mais je ne lui rends pas son sourire.

Ma mère : Ma puce ? Ça va ?

Moi : Je sais tout, maman. Je me souviens de tout.

Elle porte la main à sa bouche et ses yeux se remplissent de larmes.

? : Qui c'est ?

Mon père fait son apparition dans l'entrée.

Mon père : Sofia ? Benthi, tu vas bien ?

Moi : Il faut qu'on parle.

***

Moi : Maman, arrête stp. C'est pas de ta faute.

Ma mère : Mais c'est moi ! C'est moi qui ait dit à ton père et à ton frère de ne rien te dire !

Ma mère et moi, on est assises à la table du salon, mon père est debout.

Moi : Tu voulais me protéger, j'aurais sûrement fait la même chose. Arrête de culpabiliser, je t'en prie maman.

Elle ravale ses larmes et essuie celles qui ont coulées avec un mouchoir déjà bien humide. Mon père fait les cent pas dans le salon en serrant son poing. Je leur ai tout raconté. Les coups de Jamel et le divorce. Bien sûr, je n'ai rien rapporté de l'intervention de mes trois sauveurs.

Mon père : Je vais le tuer ! Je le retrouve et il est mort ! Qu'Allah l'aide si jamais il recroise mon chemin, je l'égorge, Sofia ! Je l'égorge !

Moi : Calme-toi baba. Il est dans le coma, je t'ai dit. Et puis, je veux plus en parler. Je suis divorcée maintenant, je vais reconstruire ma vie sur des bases saines.

Ils me regardent, intrigués.

Ma mère : Comment ça, chérie ?

Moi : Je vais déménager.

Ma mère écarquille les yeux comme si j'avais soudain la tête qui gonflait et mon père reste de marbre à me regarder.

Mon père : Tu vas aller où ?

Moi : Je trouverais bien.

Ma mère : Ma chérie, si c'est à cause de moi, je...

Moi : Non, maman. Je t'ai déjà dit que je comprenais tes raisons. Je ne t'en veux pas, crois-moi. J'ai juste besoin de partir, loin de...

Mon père : De ta famille ?

Moi : De tout. J'ai besoin de me recentrer sur moi, de me retrouver. Je me suis perdue en chemin et j'ai l'impression de faire du sur-place depuis, faut que je prenne un nouveau départ. Nouveau sur tous les points.

Ma mère me sourit même si ses yeux sont plein de larmes et elle me serre la main de la sienne. Mon père me regarde longuement.

Mon père : Si c'est ce dont tu as besoin, ma fille.

Moi : Vous inquiétez pas, j'ai pas encore trouver de logement de toute façon.

***

3 SEMAINES PLUS TARD...

Je descends les marches à toute vitesse. Je manque de me fouler la cheville au passage.

? : Encore en retard, ma jolie ?

Moi : Comme toujours, Jaja.

Je sors de l'immeuble et cours pour pas arriver en retard au boulot.
Eh oui, voilà ma nouvelle vie toute neuve ! Ça fait une semaine que je travaille chez.. Macdo. Oui je sais, ça fait cliché mais c'est l'emploi le plus facile à dégoter que j'ai pu trouver et le plus rapide aussi.

Je n'habite plus chez mes parents. Je vis dans un petit immeuble dans Paris, dans un studio que je ne paie pas. Enfin pas pour l'instant. J'ai eu la chance de rencontrer Janine (mais je l'appelle Jaja), elle est la gérante de l'immeuble dans lequel je vis. Elle connaît ma situation et m'a proposée de me laisser les 3 premiers mois de loyer gratuits.

Elle a la cinquantaine, et a 4 garçons qui ont tous quitté le foyer. Son mari et elle ont divorcé il y a des années et il est mort d'un cancer il y a peu. Elle vit seule dans son petit appart' au rez-de-chaussée de ce petit immeuble.

On s'entend bien, des fois elle me propose de venir chez elle pour se faire une soirée films. C'est un peu mon ange gardien, elle veille sur moi comme une mère sur son enfant.

J'habite pas loin du Macdo donc ça va, je peux y aller à pieds. J'arrive enfin devant l'enseigne, je pousse la porte et entre.

Le manager : Sofia ! En cuisine, MAINTENANT !

Moi : Oui, oui je sais.

Bon je vais me changer et je vais en cuisine. Là je vois une nouvelle. Miskina (la pauvre) elle a l'air perdue. C'était moi dans cette situation y'a quelques jours, je m'avance vers elle.

Moi : Ça va ?

Elle me regarde, l'air effrayé, puis elle se regarde et regarde autour d'elle. Je souris à sa réaction.

Moi : Stresse pas, y'a rien qui cloche, je te rassure tout de suite. T'es nouvelle, hein ?

Je lui tends la main, enfin mon gant.

Elle : Euh...

Elle pose ce qu'elle tient dans les mains et me serre la main.

Elle : Oui, oui. Je dois avouer que je suis un peu angoissée. C'est mon premier boulot.

Moi : C'est vrai ? Moi c'est mon deuxième. T'inquiète, ça va bien se passer. Bon, tout le monde est pas super sympa mais je trouve ça pas mal.

Elle me sourit, elle a un magnifique sourire sérieux.

Moi : Je m'appelle Sofia et toi ?

Elle : Y... Euh... Shana.

Je la regarde en fronçant les sourcils.

Moi : T'es sûre ? Pourtant, t'as hésité.

Elle évite mon regard et baisse les yeux vers le sol comme si j'avais touché un point sensible. Je m'approche d'elle pour chuchoter.

Moi : T'es recherchée par les flics, c'est ça ?

Elle me regarde avec de gros yeux.

Elle : Non, c'est pas... Écoute Sofia, je... je peux pas...

Je l'arrête en levant la main en l'air.

Moi : T'inquiète pas va. Si tu veux pas en parler, je comprends tout à fait. Puis, tu me connais pas, c'est normal.

Je lui souris pour la rassurer.

Moi : En tout cas, Shana te va bien.

Elle me ressort son beau sourire et je pars à mon poste.

***

La journée se passe bien. En milieu d'après-midi, je suis en train de préparer des pains pour cheeseburgers quand je vois le gars qui s'occupe des steaks en faire tomber un parterre et le remettre sur la plaque chauffante.

Starfallah ! C'est quoi ça ??

Moi : Dites-moi que je rêve.

Je le regarde faire pour voir s'il va vraiment foutre cette viande dans un sandwich et c'est ce qu'il fait. Une fois le sandwich terminé, il allait le mettre dans une boîte mais je lui bloque le passage.

Moi : Tu fais quoi là ?

Lui : Des sandwichs, ça se voit pas ?

Il essaie de passer mais je le laisse pas faire.

Moi : Tu vas nulle part avec ce sandwich.

Il commence à rire et à me taper sur les nerfs en même temps.

Lui : Ah ouais ? Allez, bouge de là, j'ai pas ton temps, je fais mon taff.

Il essaie encore une fois de passer mais là, je le pousse et il recule de quelques pas.

Moi : Ton taff ? Tu te fous de ma gueule là ? T'as fait tomber ce steak parterre et tu l'as remis sur le grill comme si de rien n'était. Je crois pas que ce soit ÇA ton taff, mon grand.

Lui : Bon, écoute, le client attend sa commande là, je...

Moi : Bah il va attendre ! Tu vas remettre un steak à cuir, tu vas y faire gaffe et tu vas le mettre dans un tout nouveau sandwich.

Lui : Non mais...

Moi : Je te jure que t'as pas envie de t'embrouiller avec moi. Surtout pas en ce moment où je suis vraiment, VRAIMENT pas dans ma meilleure période, alors tu vas faire ce que je te dis et vite. Je le répéterai pas. Et la prochaine fois que je suis témoin d'un truc pareil, j'en parle direct au manager et je te fais bouffer le steak, compris ?

Il me regarde en avalant sa salive et hoche la tête sans rien dire.

Moi : Bien. Maintenant tu vas bouger ton cul, faire un nouveau sandwich en vitesse parce que, comme tu l'as dit, le client attend sa commande.

Il soupire, ouvre la poubelle pas loin et jette le sandwich dedans. Il sort de nouvelles tranches de pain et de fromages. Purée, mais c'est grave ! Imaginez le sandwich aurait été servi et ça serait tombé sur une femme enceinte ? Le bébé il aurait mangé de la merde sur le sol ça veut dire ?

Tfouu ça me dégoûte ce genre de comportement. En plus, c'est pas une erreur d'inattention ou quoi, on n'est pas en plein coup de feu ou un truc du genre, non c'est calme et tout et lui il se permet de faire ça ? Il a de la chance que je tienne assez à ce job pour pas lui en mettre une belle dans sa face là tout de suite.

? : Wouah, t'as été géniale.

Je me retourne et vois Shana à côté de moi en train de me regarder en souriant de toutes ses dents.

Moi : Non, normal quoi. C'est fou de faire des trucs comme ça.

Shana : C'est vrai, t'as raison. Imagine, une femme enceinte ou un enfant serait tombé sur ce sandwich ?

Je la regarde avec un petit sourire. C'est exactement la pensée que j'ai eue sur le coup.

Le manager : Sofia, quelqu'un te demande à la file 4.

Moi : Oui tout de suite

je m'avance vers la file ... et je m'arrête de marcher .Oh bordel

Jalil : Sofia

J'ai envie de m'avancer pour lui en mettre une, oui je sais j'ai envie d'en mettre une à tous les gars que je croise ces temps-ci, me demandez pas pourquoi. Mais je me retiens, c'est l'endroit où je travaille et je suis professionnelle donc j'enfouis tout à l'intérieur.

Je m'avance vers lui.

Moi : Bonsoir, vous voulez quoi ?

Jalil : Sofia, j'ai appris ce qui s'est passé, je suis...

Moi : J'ai dit : vous voulez quoi ?

Mon ton est ferme et froid, j'espère qu'il a compris que je veux plus rien avoir à faire avec lui.

Jalil : Te parler.

Moi : Désolée, on est en rupture de stocks pour ce produit. Autre chose, peut-être ?

Jalil : Sofia, j'ai besoin de te parler.

Moi : Suivant !

Je l'ignore et salue le client suivant. J'ai vraiment pas du tout envie de me prendre la tête avec un gars, j'en ai trop marre de me rendre malade pour des gens qui en valent pas la peine. Oui, ce qui s'est passé avec Farès m'a beaucoup affecté. Mais bon, je passe à autre chose. Je suis sûre que pour lui tout va bien, il doit se taper ses kehs ou ses fiancées, qui sait ?

En tout cas, je suis beaucoup mieux loin de lui. Je suis pas au top mais je suis plus dans ses embrouilles de merde et franchement ça me fait de sacrées vacances !

***

A la fin de mon service, je demande à Shana si elle veut manger un truc avec moi dans ce nouveau resto indien qui vient d'ouvrir pas loin. Je me suis renseignée, c'est hallal. Ça fait 3 jours que je passe devant en bavant à essayer de trouver un peu de temps libre pour y aller.

Shana : Non, euh... je suis un peu à court en fait...

J'éclate de rire.

Moi : T'es sérieuse ? Allez, ramène-toi, c'est moi qui paye.

Elle me sourit et accepte. On sort du Macdo et... Oh misère, mais il comprend pas ou quoi ?

Jalil : Sofia, il faut...

Moi : Il faut rien du tout, merde ! Dégage, dégage d'ici ! Mais qu'est-ce que tu viens te ramener dans ma vie comme ça ? Vous avez tous cru ma vie c'était Franprix ou quoi ? La boutique a fait faillite, débarrassez le plancher et foutez-moi la paix.

Je veux partir mais il me bloque le passage.

Jalil : J'ai pas arrêté de penser à toi.

Moi : Ouais bah c'est bien, maintenant laisse-moi.

Jalil : Sofia, je rigole pas. Je suis sérieux. Si j'avais su ce qui t'était arrivé...

Moi : Quoi ? T'aurais fait quoi ? Aujourd'hui je vais bien, ok ? Je suis plus dans vos histoires de merde et je tiens à garder les choses comme ça alors rentre chez toi.

Je veux passer mais il me prend par le bras et me tire vers lui. Il me colle contre lui et je dois avouer que son contact est pas désagréable...

Jalil : Nous deux, on a quelque chose. Je sais que c'est toujours là.

Moi : Lâche-moi.

Il me lâche. Bon sang, ça fait longtemps que j'avais pas vu ses yeux... Et de si près en plus.

Jalil : Je suis pas du genre à lâcher prise, Sofia. Tu me connais, quand j'ai une idée en tête, je vais jusqu'au bout.

Je le laisse parler tout seul et marche dans la rue. J'entends un bruit de moteur qui démarre à fond... puis des bruits de talons qui me suivent. Je me rends compte que j'avais oublié la présence de Shana.

Moi : Désolée que t'aies dû assister à ça.

Shana : C'est rien.

On continue de marcher en silence jusqu'au resto. Arrivées là-bas, on se pose tranquille à une table. Shana miskina, y'a un des serveurs qui arrête pas de lui faire de l'œil, elle est toute rouge la pauvre.

Moi : J'en connais un qui a flashé sur toi.

Elle se cache avec sa main pour pas qu'il la regarde.

Shana : Arrête, il fait flipper, il a la tête d'un pervers.

Moi : Mdr ! Faut le comprendre aussi, t'es une très belle femme.

Je mens pas, jugez par vous-même :

Shana : En tout cas, je suis pas la seule sur qui on ait flashé.

Elle me dit ça avec un petit sourire malin. J'esquive le sujet.

Moi : Je vois pas de quoi tu parles.

Shana : Ouais , c'est ça ouais. Laisse-moi te rafraîchir la mémoire : un beau mec, grand, bien fait, brun aux yeux noirs qui te fait une déclaration en plein milieu de la rue...

Moi : Ok, je t'arrête tout de suite, c'était pas une déclaration du tout. Et même si ça l'était, j'ai renoncé aux gars y'a un moment déjà.

Shana : Aïe, rupture douloureuse ?

Moi : Pour la rupture je suis pas sûre vu qu'on était pas vraiment ensemble mais pour la partie douloureuse je peux t'assurer qu'elle était bien là.

On reste assises à attendre nos plats pendant un moment, sans plus rien se dire. On écoute la musique indienne qui passe à la radio posée sur le comptoir de la caisse.

Shana : Ok, j'en peux plus. Dis-moi ce qui s'est passé stp.

Je souris en voyant son regard de petit chien battu.

Moi : C'est simple, je me suis faite avoir.

Shana : Par le gars de tout à l'heure ?

Moi : Non, un autre. J'ai cru qu'il pourrait changer mais en fait non. Il en avait même pas envie.

Shana : Comment il s'appelle ?

Moi : Farès.

A ce nom, elle fronce les sourcils comme si elle se sentait pas bien.

Moi : Ça va ?

Shana : Oui, oui. Continue, vas-y.

Moi : Qu'est-ce que je peux te dire ? Il est dans le business, je veux pas de ça, il a pas voulu lâcher, il a fait son choix, c'est tout.

Shana : Et.. euh... ce Farès... com... comment il est ?

Moi : Grand, brun, yeux vert-marron, la vingtaine, marocain-espagnol, bronzé, musclé, bref le beau gosse typique quoi. Enfin, peut-être pas si typique que ça, mais voilà.

Elle me regarde les yeux écarquillés et la bouche ouverte.

Moi : Shana ? Ça va là ?

Elle secoue la tête et s'éclaircit la gorge.

Shana : Ouais, ouais, je... hum... j'ai faim, c'est tout.

Elle se serre un verre d'eau du pichet qu'on nous a amené.

Shana : Donc, il... il est dans la business ?

Moi : Ouais. Dans ses affaires illégales. Pfff je me demande pourquoi j'ai espéré quelque chose d'un type comme lui, en plus un chef.

Là, elle recrache toute l'eau qu'elle était en train de boire.

Shana : Ch... chef ?

Je la regarde d'un air inquiet. Elle a pas l'air dans son assiette là.

Moi : T'es sûre que ça va ?

Shana : Oui, oui bien sûr.

Le serveur nous amène notre repas et on commence à manger.

***

Le lendemain midi, je finis ma journée plus tôt. Shana aussi, on a presque les mêmes horaires. Je sors du Macdo et la voit en train d'attendre le bus sous la pluie. Elle a même pas de capuche et l'abribus est complètement défoncé.

Bon, j'avoue qu'elle me fait pitié quand même. Je décide d'aller la voir.

Moi : Alors, t'habites où ?

Shana : En banlieue, j'attends le bus.

Moi : C'est vrai ? J'avais pas remarqué.

Et là, elle se rend compte que sa remarque est conne et elle se met à rire, je fais pareil.

Moi : Allez, viens chez moi, j'habite tout près. Au moins, le temps que la pluie se calme.

Elle regarde la route, toujours pas de bus. Puis elle me regarde et soupire.

Shana : Je suis désolée pour hier. T'as dû me trouver super bizarre.

Moi : Je vais pas te cacher que j'ai trouvé quelques unes de tes réaction étranges, sans oublier le fait que tu veuilles pas donner ton vrai nom mais j'accepte. Je comprends peut-être pas mais j'accepte. Je suis pas du genre à juger, tu sais.

Là, elle me sourit.

Shana : Farès est vraiment trop con pour t'avoir laissé partir.

Moi : Ouais je sais, il est vraiment con ce gars.

On rigole et on prend le chemin de chez moi. Arrivées à mon immeuble, on entre à l'intérieur et on reste au moins 5 bonnes minutes sur le paillasson de l'entrée pour laisser couler toute l'eau qui nous est tombée dessus. J'entends la porte de l'appartement de Jaja s'ouvrir.

Jaja : Ah te voilà ! Je commençais à m'inquiéter avec cette averse dehors.

Moi : Me voilà. Saine et sauve.

Jaja : Et tu as amenée une amie avec toi à ce que je vois.

Jaja lui sourit avec l'air si accueillant qu'elle affiche en toutes circonstances. Je m'avance pour faire les présentations.

Moi : Voilà Janine alias Jaja, la gérante de cet immeuble. Jaja, c'est Shan...

Shana : Yousra. C'est Yousra.

Shana, enfin Yousra, me regarde avec un petit sourire et je le lui rends. Il commence à y'avoir de la confiance entre nous et je pourrais sérieusement avoir besoin d'une amie. Elle a l'air d'être la candidate idéale pour le poste !

Jaja : Enchantée, ma petite. Au fait Sofia, ça tient toujours pour demain soir, la soirée DVD ?

Moi : Oui Jaja, tu sais bien que je résiste pas à un bon film dans ton bon vieux canapé bien confortable.

Je jette un coup d'œil à Yousra.

Moi : Et peut-être qu'on pourrait inviter Yousra, non ?

Yousra : Euh... je veux pas déranger, je...

Jaja : Oh ne dis pas de bêtises, voyons. Bien sûr que tu vas venir. Plus on est de fous, plus on rit ! Ne vous inquiétez pas, je prépare les chips, le pop-corn et les mouchoirs.

Moi : Ah Jaja, t'es la meilleure.

Jaja : Ça tu l'as dit !

Jaja retourne chez elle en riant. Je monte chez moi, Yousra me suit.
Je sais pas pourquoi mais j'ai l'impression de la connaître. Elle a des yeux... Bref, je dois sûrement me faire un film, mais j'ai le sentiment de l'avoir déjà vue quelque part...  

Chronique de Sofia : Kidnappée, mon destin est lié au sien {Réecriture}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant