Chapitre 44

2.6K 76 0
                                    


  Farès se lève en la reconnaissant.

Farès : Sale pute.

Moi : Mathilde ?

(Pour ceux qui se souviennent plus c'est qui : rdv partie 7)

Elle me regarde avec un sourire malsain.

Mathilde : Ah c'est toi, je pensais pas te revoir.

Je me lève, je suis choquée mais encore plus que ça, je suis dégoûtée.

Moi : Mais... je comprends plus rien.

Mathilde : Y'a rien à comprendre.

Moi : Tu es avec eux.

Elle lève un sourcil et sourit en même temps, elle a l'air différente de la dernière fois que je l'ai vue.

Moi : Pourquoi ?

Mathilde : Pour le fric, tu crois quoi ?

Moi : Et Moussa ?

Je sais même pas s'ils ont rompu ou pas. En tout cas, il m'a jamais reparlé d'elle.
Elle commence à rire.

Mathilde : Moussa ? Ça aurait pu être ma poule aux œufs d'or s'il était pas aussi secret par rapport à ses affaires avec l'autre con-là.

Elle montre Farès de la tête.

Mathilde : J'aurais pu avoir pas mal d'infos très intéressantes mais il lâchait jamais rien. J'ai tout tenté, sans succès.

Farès : Sale keh, je vais te...

Farès s'avance mais elle pointe soudain son arme sur moi. C'est bizarre à dire mais j'ai pas peur. Tant que j'ai Farès avec moi, j'ai... Quoi ?! Mais qu'est-ce que je raconte moi ? Farès c'est du passé, on oublie, on efface tout !

Mathilde : Fais un pas de travers et je la déglingue.

Farès serre les lèvres et recule jusqu'au mur.

Mathilde : Voilà, t'apprends vite.

Moi : T'es qu'une pourriture, t'entraînes ta sœur dans tes affaires de merde !

Maeva est en train de pleurer, agenouillée au sol.

Mathilde : J'ai pas le choix. J'ai loupé un coup, ils sont remontés contre moi. C'est moi ou elle.

Alors là, j'en reviens pas. Je crèverai pour mon petit-frère, pour n'importe lequel de mes proches d'ailleurs. Mais elle elle fait quoi ? Elle livre sa sœur à des gens réputés pour être sans pitié ? Je crois qu'elle vient de gagner la prix de la pire sœur au monde là c'est clair.

Moi : Et tu la leur donnes comme ça ? T'es sa sœur, bon sang ! C'est ton devoir de la protéger !

Elle resserre la main sur son arme qui est toujours tendue vers moi. Elle me regarde avec rage.

Mathilde : Et moi alors ? Qui me protège ? Personne ! Pour sauver mon cul, y'a que moi, alors je fais ce que j'ai à faire et ça s'arrête là.

Moi : Et c'est ça la vie que tu veux avoir ?

Mathilde : Oh, j'avais oublié que mademoiselle était une sainte, elle peut se permettre de juger les gens sans même les connaître.

Moi : Non, tu te trompes. Je te juge pas, je constate juste les faits. Et non je suis pas une sainte, mais je suis pas non plus une sheitana (diablesse) comme toi pour faire ça à un membre de ma famille !

Elle s'approche de moi et me plante le flingue sous la gorge.

Mathilde : Tu ferais mieux de la fermer tout de suite.

Moi : Sinon quoi ? Tu vas me tuer ?

Je vois Farès qui s'avance lentement derrière elle. Mathilde appuie un peu plus sur le revolver.

Mathilde : Un pas de plus et elle est morte.

Farès s'arrête. Elle me sourit d'un air malicieux.

Mathilde : Non, je vais leur laisser ce plaisir.

Elle s'éloigne vers la porte en riant.

Mathilde : Les lions demandent du sang, préparez-vous au massacre.

Puis elle quitte la pièce. Je me rassois et prends Maeva dans mes bras. Voilà Maeva :

Moi : Ça va aller, calme-toi.

***

Après plusieurs heures dans cette pièce, on entend un vacarme de fou.
On se met tous les trois debout.

Maeva : Il se passe quoi ?

Farès : C'est mes hommes qui arrivent.

Moi : Quoi ? Comment t'as fait pour les prévenir ? Ils t'ont pas pris ton portable ?

Farès : Si, mais je les ai prévenus dès que j'ai vu Balkim dans la forêt.

Ah, donc c'est pour ça qu'il avait sorti son téléphone.

La porte s'ouvre d'un coup et je vois...

Moi : Moussa ?

Moussa : Allez, allez, grouillez-vous là, y'a pas le temps.

Farès : Détache-nous.

Moussa s'avance vers nous, sort un couteau de sa poche et coupe le scotch de Farès puis le mien et... il se retrouve en face de Maeva. Il regarde Farès comme s'il attendait son accord avant de la détacher.

Moi : On l'emmène.

Moussa me regarde un instant et la libère. On court vers la porte, je tiens la main de Maeva dans la mienne et la traîne pour qu'elle suit, je la lâche pas. Dès qu'on sort Moussa passe devant nous et nous couvre en nous menant vers la sortie.

? : VOUS ALLEZ NULLE PART !

On se retourne et on voit Mathilde avec son flingue braqué sur nous.
Personne bouge. Moussa lui fait face, il est énervé je le sens à la tension sur son visage.

Mathilde : Salut, chéri.

Maeva : Matty, je t'en prie...

Mathilde pointe son arme sur sa sœur.

Mathilde : M'appelle pas comme ça toi !

On entend un coup de feu. Ce n'est pas Moussa vu qu'il a son revolver baissé. Mathilde tombe à genoux, puis s'effondre à terre.
On voit un des hommes de Farès plus loin dans le couloir, c'est lui qui a tiré. N'empêche que s'il l'avait pas fait, elle l'aurait sans doute fait et un de nous serait tombé.

Du sang sort de sa bouche, elle cherche à reprendre son arme avec sa main mais... la mort l'emporte avant. Je ressens plus de dégoût pour elle, j'ai juste pitié. Elle aurait pu finir autrement, mais c'est ses choix, son destin qui l'ont amenée à finir ainsi.

Maeva : NOOOON !

Maeva veut aller la rejoindre, mais je la retiens fort contre moi.

Moi : Arrête, c'est fini, on n'a pas le temps, faut qu'on y aille !

On se met à courir, on sort et on arrive près d'un 4x4 noir, on monte dedans. Moussa se met au volant puis je vois Adel qui suit. Dès qu'on démarre, des hommes de Farès montent dans les voitures garées pas loin de là et démarrent aussi.

Le trajet se fait en silence, je garde Maeva dans mes bras, la pauvre elle tremble et pleure contre moi. Je vois Moussa la regarder d'un air bizarre à travers le rétro, il doit sûrement se demander pourquoi elle pleure comme ça.

Moi : C'était sa sœur. Mathilde.

Il baisse les yeux et reporte son regard sur la route, il la regarde de temps en temps dans le rétro.

La trajet se fait en silence.

***

Adel : Donc c'est la sœur de Mathilde ?

Moi : C'est ça.

Arrivés chez Farès, j'ai emmené Maeva dans une chambre, je lui ai lavé le visage, je l'ai changée avec des affaires qui traînaient dans la penderie. La pauvre, elle restait là à regarder dans le vide, elle pleurait même pas, elle était comme une poupée entre mes mains. On dirait qu'elle était dans une sorte de coma conscient.

Je l'ai installée sur le lit, et je suis restée près d'elle jusqu'à ce qu'elle s'endorme. Cette fille me touche, elle a traversé beaucoup en peu de temps. Elle me rappelle celle que j'étais lors de mon premier kidnapping. Oui, celle que j'ÉTAIS. Parce que j'ai beaucoup changé, et maintenant je sens que c'est mon devoir de prendre soin d'elle.

Voilà maintenant qu'on est tous les quatre dans le salon, Farès, Adel, Moussa et moi. Adel n'a pas pu venir nous sauver parce qu'il s'est blessé à la main et qu'il n'aurait pas été utile en pleine action.

Moi : Et vous, vous faites quoi là ?

Je m'adresse à Moussa et Adel.

Moussa : Comment ça ?

Moi : Je pensais que vous aviez arrêté tout ça.

Adel : Oui, mais Farès c'est notre pote avant d'être notre boss. On tuerait pour lui, tout comme il le ferait pour nous.

Farès hoche la tête en signe de reconnaissance.

Farès : Merci, mes frères.

Moussa : Remballe ton merci.

Adel : Ouais, c'est normal t'inquiète.

Moussa : Bon, maintenant on fait quoi de la fille ?

Moi : Elle a un prénom, elle s'appelle Maeva.

Les trois me regardent bizarrement parce que j'ai parlé d'un ton sec.

Farès : Je sais pas, on peut pas la laisse comme ça...

Adel : Mais on peut pas la garder non plus.

Je les écoute débattre, puis y'a une idée qui me vient en tête.

Moi : Je la prends.

Ils se tournent tous vers moi.

Moussa : Quoi ?

Adel : Qu'est-ce que tu racontes ?

Moi : Je la prends avec moi. L'appartement que j'ai maintenant est assez grand pour nous deux. Une de nous dormira dans le lit et l'autre dans le canapé, bref on s'en sortira. C'est décidé, je la prends.

Moussa : Non mais c'est pas d'un poisson rouge qu'on parle là.

Moi : Je sais ça. Pas question que je la laisse tomber. Elle est traumatisée par tout ce qui s'est passé, elle a besoin de quelqu'un auprès d'elle. Et, à part sa famille, je veux bien...

? : J'ai pas de famille.

Tout le monde lève les yeux et moi je me retourne. Elle est là, devant moi.

Maeva : J'ai plus de parents, ils étaient enfants uniques donc j'ai personne. Avant cette histoire, je vivais avec ma tante mais elle a plus toutes ces cases, elle me prend pour la voisine la plupart du temps. Puis, j'ai plus de sœur non plus donc voilà...

Elle baisse la tête et je ma lève pour la serrer dans mes bras. Elle me serre si fort, non c'est décidé, elle reste avec moi.

Je me tourne vers les garçons.

Moi : Elle vient vivre avec moi, fin de la discussion.

Farès : Et comment tu vas vous faire vivre hein ?

Moi : J'ai un travail, je gagne assez. Puis j'ai pas de loyer à payer donc ça me fait plus d'argent pour moi.

Farès : Comment ça tu travailles ? Et c'est quoi cette histoire de loyer ?

Moi : Ça te regarde pas. Bon, quelqu'un nous ramène maintenant ?

***

Moi : Voilà, et ça c'est la salle de bains.

Ça y est je sus chez Jaja, enfin chez moi. J'ai encore du mal à considérer que c'est MON appart' mais c'est qu'une question d'habitude. Il fait déjà nuit, on est rentrées y'a pas longtemps. J'ai fini de faire visiter à Maeva.

Maeva : C'est chouette.

Moi : Oui, je trouve aussi.

On repart au salon et elle s'installe sur le canapé.

Moi : Tu veux boire quelque chose ? Ou peut-être manger ?

Maeva : Non, c'est bon, ça va aller.

Moi : Comme tu veux.

J'ai le sourire et je fais mon possible pour qu'elle soit à l'aise mais... ça bloque. Elle est seule, dans un environnement qu'elle connaît pas, avec quelqu'un qu'elle ne connaît pas, juste après avoir vécu des choses dignes d'un film d'action.

Je m'assois à côté d'elle sur le canapé.

Moi : Tu sais, je comprends parfaitement que tu te sentes pas à l'aise. Je serais dans le même cas que toi à ta place.

Maeva : Ça m'étonnerait.

Moi : Pourquoi tu dis ça ?

Maeva : T'as l'air de tellement bien... gérer tout ça. T'a tant de contrôle. Je sais pas comment tu fais.

Moi : C'est l'habitude. Crois-moi, j'en suis pas à mon premier enlèvement.

Elle lève les yeux vers moi, l'air choquée. Je souris et décide de l'emmener faire un petit tour.

Moi : Allez viens, je vais te montrer quelque chose. Prends une veste dans mon armoire, je t'attends là.

***

Maeva : C'est quoi ici ?

Moi : Une salle de danse. Elle est ouverte tous les jours pour des cours.

Maeva : Même le soir ? Pourtant il est tard.

Moi : Non, elle est fermée. C'est justement pour ça qu'on est là.

Elle commence à regarder autour d'elle avec angoisse.

Maeva : Et si on nous voit ?

Moi : Bah je pense qu'on finit au poste.

Ses yeux s'écarquillent, je commence à rigoler.

Moi : T'inquiète pas, je viens tout le temps, je me suis pas encore fait attraper.

Maeva : Pas ENCORE ? Qu'est-ce que c'est rassurant !

Je vais allumer le poste et trouve une station qui passe des anciens tubes.

Maeva : Euh... Sofia, pourquoi on est là ?

Moi : Pour se défouler. D'ailleurs, je tiens à officiellement rebaptiser cette salle, ce n'est plus une salle de danse, c'est un défouloir. Si tu te sens pas bien, viens ici et danse, lâche prise. Oublie tout ce qui t'entoure de bien et de mal, laisse-toi aller. Vas-y.

Maeva : Je fais quoi ?

Moi : Bah défoule-toi.

Maeva : Comme ça, là maintenant ?

Moi : C'est le principe.

Je mets le son à fond. C'est cette chanson qui passe : .

Elle commence à rire.

Maeva : Tu veux que je me défoule sur ça, t'es sérieuse ?

Moi : Bah ouais, regarde.

Je commence à me taper la honte à faire la choré ! Alala heureusement que y'a qu'elle, je crois pas que j'aurais assumé devant quelqu'un d'autre.

Maeva : Haha haha ! C'est pas ça du tout !

Et elle se marre celle-là.

Moi : Ah ouais ? Bah vas-y si tu t'y connais mieux que moi.

Elle commence à danser. Je la vois sourire et rire en dansant, elle tourne et bouge et son visage s'illumine. Le plan a fonctionné, je l'ai fait sourire et oublier tout le monde autour pendant au moins un instant.

J'ai une petite pensée pour Yousra en regardant Maeva. J'ai le sentiment que ma rencontre avec Yousra était essentielle dans ma vie pour que je puisse jouer mon rôle auprès de Maeva comme il le faut.
Comme quoi, rien arrive par hasard. Tout est écrit et chaque détail compte, c'est juste qu'on ne s'en rend pas compte.  

Chronique de Sofia : Kidnappée, mon destin est lié au sien {Réecriture}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant