Mon Cœur dans les Étoiles

Chapitre 5

7 jours plus tôt.

SKY

Den me rendait visite tous les jours. Sa présence me rassurait. Depuis le mariage, je ne me sentais pas à ma place dans le Palais. J'avais l'impression qu'il me manquait une partie de l'histoire pour pouvoir totalement leur faire confiance.

Je n'étais pas retournée dans la salle où le piano trônait. Les sentiments qui m'avaient envahis quand je l'avais vu m'effrayaient. Depuis quelques jours, j'étais plus particulièrement obsédée par Adam. Trop de mystère planait autour de lui. Partout où j'allais, je croyais voir ses yeux gris. Involontairement, et sans que je ne parvienne à en connaitre la raison, chaque pièce de ce Palais me ramenait à lui. Quand je m'asseyais dans la salle à manger pour déjeuner, je voyais ses yeux qui m'observaient. Quand je me promenais dans la roseraie, je les voyais encore une fois. Et quand j'osais m'aventurer près du lac dans la forêt, ils m'obsédaient tellement que je ne parvenais pas à y rester plus de quelques minutes. C'était comme si il faisait partie de moi. Et pourtant, je ne ressentais rien pour lui. Je ne me souvenais même pas de la personne qu'il avait été au Palais. Est-ce qu'il était le bon vivant qui mettait sans cesse la bonne humeur partout où il passait, où celui qu'on ne voyait jamais parce qu'il préférait passer ses journées enfermé loin des autres ? A vrai dire, sa vie m'était indifférente, alors pourquoi cet inconnu pour lequel je ne ressentais rien m'obsédait-il tant ? Quand j'avais posé la question à Den, il m'avait répondu que ça devait être un effet post-traumatique du coma. J'avais eu de la peine à le croire, mais je n'avais pas insisté, car Den aussi m'intriguait. Quand il entrait dans ma chambre, je me sentais subitement triste et nostalgique. Mais quand il partait, je voulais le retenir pour qu'il reste encore avec moi le plus longtemps possible. Mais même si il avait été le couturier de ma robe de mariée, je ne me rappelais pas avoir été proche de lui pendant nos essayages.

Tous cet inconnu me tourmentait. Je sentais qu'une grande partie de ma vie me manquait. Mais plus encore, je sentais que mes émotions m'échappaient. A un moment où j'étais tranquillement en train de bavarder avec Suzanne, je pouvais tout à coup, sans aucune raison apparente, me sentir désespérée, seule ou perdue. Elle ne semblait pas s'en rendre compte, ou du moins elle faisait mine que c'était le cas.

Voilà à quoi rythmait mon quotidien depuis plus de quinze jours. Cet après-midi, une visite officielle aurait lieu. J'étais censée accompagner Henri chez le doyen Erastus, doyen le plus puissant de la ville. Nous étions, d'après lui, déjà allés alors que nous n'étions que fiancés, mais le coma avait effacé ce souvenir là aussi.

Je revêtis la robe légère que Suzanne avait posé sur mon lit, et descendis jusqu'au rez-de-chaussée pour le retrouver. Il m'y attendait déjà, et nous montâmes sans attendre dans la voiture.

- Cette robe vous va très bien, commenta-t-il alors que le chauffeur démarrait.

Je hochai la tête en le souriant pour le remercier, mais mes pensées étaient trop préoccupées par la visite que nous nous apprêtions à faire.

- Verrons-nous d'autres personnes ou seulement le doyen ? demandais-je à Henri.

- Surement quelques serviteurs, mais aucun autre habitant des quartiers riches, ou de sa famille, qui d'ailleurs ne se résume plus qu'à lui-même et sa vieille mère.

- Il n'a jamais eu d'enfants ? Tu m'avais dit que sa femme était la sœur de ta mère.

- Oui, mais elle est décédée en couche, et leurs enfants sont morts il y a quelques années.

- Que s'est-il passé ?

- Un accident de voiture, semble-t-il.

- Vous n'en savez pas plus ? Ils sont de notre famille, non ?