Mon Cœur dans les Étoiles

Epilogue

ADAM

Le soleil commençait à peine à se coucher. Allongé sur une plage de sable blanc, je regardais la mer dire au revoir au jour. Voilà deux ans que j'avais découvert le Nouveau Monde, comme l'appelait Mason, et je ne m'y habituais pas. J'y avais vu tant de nouvelles choses... Tiana avait passé ces deux années à m'emmener à travers les villes. Elle voulait tout découvrir, tout expérimenter. Elle voulait goûter à la liberté. Je ne pouvais pas lui en vouloir, mais de mon côté, cette liberté dont j'avais rêvé depuis si longtemps avait un goût amer. Sans Sky, cette liberté ne signifiait plus rien à mes yeux.

Deux ans sans elle. Deux ans sans la tenir dans mes bras. Son sourire me manquait. Son regard me manquait.

J'aurais voulu qu'elle soit auprès de moi. J'aurais voulu qu'elle se baigne dans la mer, sous les caresses du soleil couchant... ou les miennes.

- Tu es sûr de vouloir faire ça ?

Je sursautai en entendant la voix d'Elias, et me retournai. Il était derrière moi, un bras sur les épaules de Tiana. Je ne m'y habituais toujours pas. Voilà maintenant un an qu'ils étaient ensemble. Au début, ça avait été difficile. D'abord parce que nous avions tous conscience qu'Elias avait aimée Sky, et que s'il ne s'était jamais mis avec elle, c'était par respect pour moi, et parce qu'il savait qu'elle m'aimait encore. Mais nous avions changé. Elias et Tiana aussi. Tiana était devenue plus calme, plus sage. Elle ne s'était jamais vraiment remise de ce qu'il s'était passé au Palais. Elias, lui était devenu moins hautain et renfermé. Je me doutais que Tiana n'y était pas pour rien. Quoi qu'il en soit, cette histoire avec Sky était lointaine aujourd'hui, et ils étaient fous amoureux l'un de l'autre. Et moi, j'étais fou amoureux d'elle.

Je hochai la tête, en direction de mon ami, incapable de répondre.

Je me tournai vers Tiana. Les cernes sous ses yeux étaient témoins de son deuil. Elle ne s'était jamais vraiment remise de la mort de Sky. Mon cœur non plus.

- Il est temps de la laisser partir... murmura-t-elle, et de rentrer à la maison.

Rentrer à la maison. Cette pensée fit battre mon cœur un peu plus vite. En réalité, je n'avais pas de maison. Ma maison était là où était Sky. Pour toujours.

Nous avions passé ces deux années à détruire tout ce qu'il restait de la ville d'Ashes. Tous les habitants s'étaient unis à nous, et nous avions, un à un, détruit chaque bâtiment. Aujourd'hui, il ne restait plus que des ruines et du sable.

Tiana m'embrassa sur la joue, et me laissa monter dans l'hélicoptère. Un homme m'accueillit, un sourire aux lèvres. Je le saluai, et une fois que nous fumes installés, le pilote démarra.

J'observai le ciel par la fenêtre. Par cette soirée d'été, le bleu commençait à se noircir, laissant bientôt place à la nuit. Au loin, le soleil se couchait dans une marre de sang. Les nuages encore volumineux, renvoyaient sa lumière dorée. C'était un spectacle magnifique. Un spectacle comme elle l'aurait aimé.

Après une demi-heure de trajet, l'homme à mes côtés me fit signe qu'il était temps. Je hochai la tête, attrapai la sacoche à mes côtés, et le laissai me guider pour les préparatifs. Quand nous fumes tous les deux accrochés, il ouvrit la porte de l'hélicoptère. Un vent violent me percuta. J'entendis la voix de l'homme me demander si j'étais prêt. Je hochai la tête, et il sauta dans le vide.

Pendant un instant, je crus que j'allais mourir. Et bizarrement, cette pensée me rassura. Mais l'homme derrière moi ouvrit le parachute, et notre allure se stabilisa.

- Tu peux le faire maintenant ! me cria-t-il.

J'acquiesçai, et attrapai la sacoche pour l'ouvrir. Une montagne de cendres y étaient dispersés. Ses cendres. Mais aussi celles de sa mère, de son père. Et celles de Matt.

Je les attrapai, et les dispersai dans le ciel. Elles s'envolèrent autour de moi. Je recommençai l'opération jusqu'à ce que le sac soit vide. Quand elles eurent toutes disparu dans le ciel, je murmurai en levant les yeux vers le soleil couchant :

- Tu as réussi. Tu l'as conquis ce fichu ciel, mon ange.

Et je laissai la larme que je retenais couler sur ma joue.