Ceci n'est pas un roman d'amour

13• force et courage

Nous sortons de la boulangerie, il est tôt et j'ai accepté d'aller chercher avec lui du pain ce matin chose que je ne fais jamais à la maison. Je l'adore, je l'admire, peut-être même que je l'idolâtre un peu comme mon défunt parrain.

Mon grand-père sort en premier, lui porte le pain, moi les sandwichs moue pour ce midi, le sachet est énorme, je crois qu'il en a pris une trentaine. Ce midi, des amis à notre famille viennent manger. Y a un an environ mon parrain, Berserker, venait aussi. C'est leur rituel du dimanche. Mais la maladie l'a emporté, il n'est plus de ce monde. Il était le plus fort de tous et portait son nom à merveille.

Je pose à peine le pied dans la rue qu'un bras passe autour de mes petites épaules et m'attire contre son propriétaire. Sous la surprise le lâche mon sac en papier qui atterrit au sol s'ouvrant et déversant un peu son contenu.

Face à moi je vois mon grand-père âgé d'une soixantaine d'années se retourner. Il a toujours eu beaucoup de charisme et prestance, c'est pas pour rien qu'il a su pacifier une ville de conflit permanent, il est intelligent et modeste. Il aime me raconter les exploits de ses hommes qui ont suivi ses stratégies et conseils, il me parle souvent de mon parrain, il était le meilleur de ses hommes selon lui, son bras droit et le meilleur ami de ma maman.

- qu'est-ce que tu... commence-t-il

Mais il s'arrête soudainement alors que je sens un cercle froid sur ma tempe gauche. Un frisson qui voudrait parcourir mon dos ne vient pas, je suis moi aussi intelligente. Assez pour savoir du haut de mes 7 ans bientôt 8, que les armes à feu se trouvent très facilement dans cette ville contrairement au reste du pays, que s'en est une.

- lâche cette arme, c'est une enfant innocente...

- non! Tu vas m'écouter ! Crie la voix masculine très jeune derrière moi, tu vas immédiatement mettre fin à tout en te retirant ou je butte cette gamine !

Je vois le regard de mon grand-père ce déchirer, il va mettre fin à tout ce qu'il a construit pour moi. Je veux pas!

Je suis Liline et ce que j'aime plus que tout c'est frapper mon grand frère.

Un petit sourire se dessine sur mes lèvres, notre assaillant est bête. Je plie mes bras et donne simultanément des mes coudes des coups dans son ventre. De surprise, il me lâche. Je cours vers mon grand-père en souriant.

- Liline!

Un coup retentit, je ne ressens rien. On me tire juste vers ma droite du bras. Instinctivement je regarde d'où tout provient et là derrière moi je vois mon grand-père tenter de l'interrompre. Un second tire retentit. Il s'écroule sur moi.

Je n'ai pas vu qui a fait ça. Tout ce que je vois c'est lui. Il amortit ma chute comme il peut, lui aussi semble épuisé. Une vive douleur se fait ressentir dans mon ventre du côté gauche. Le premier tire m'a touché.

Je n'entends pas les personnes dans la rue, crier après des médecins, crier d'appeler une ambulance. Non tout ce que j'entends c'est lui alors que ça voix est si faible:

- Je suis fière de toi, Liline... tu es forte....Liline...

Sa main caresse ma joue tel un cristal près à se briser. Son geste meurent alors que le noir m'engloutit. Tout disparaît.

J'ai perdu mon innocence.