pluie de regrets

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Le ciel est gris.
Le ciel est pluie.
Ce soir, j'avais enfilé un pull, et j'étais sortie.
Le froid me prit d'assaut mais j'étais déterminée.
Les trottoirs étaient battus par les silloneurs de bars, les travailleurs de nuit et les jeunes en quête d'aventures nocturnes.
La lumière blafarde des lampadaires éclairant les visages, déformaient les silhouettes pas à pas.
J'ai croisé pas mal de mec bourrés en boîte, et quelques filles en recherche d'attention massive.
J'ai tout vu ici, allant de la simple fête à la véritable orgie.
Pourtant jamais de ma vie je n'avais croisé d'aussi beaux yeux que ce soir là.

C'était le regard chocolat le plus doux, le plus puissant, le plus pétillant que j'avais jamais vu.

Je me souviens m'être approché du bar, avoir commander un vodka-redbull et jeter un oeil en direction de ces yeux.
Il avait un visage d'ange.
Une douceur dans le regard, dans le rictus qu'il me lançait.
Ses cheveux brillaient sous les stromboscopes du club.
Ses mains tenaient un verre et il était debout, seul, adossé au mur.
Quand mon verre est arrivé, je l'ai saisi et je me suis avancée vers ce jeune homme.
Ses yeux ne cessaient de briller, et j'étais à présent sûre que son sourire brillait toujours, si ce n'est plus.

Cette soirée là, j'ai eu le droit à un feu d'artifice de passion.
J'ai posé les mille questions qui résonnaient dans ma tête.
Il y répondait toujours en riant, comme si il n'y avait pas de vie plus belle que la sienne.
Nos corps qui se sont mélangés ne sauront pas oublier. Moi si.

Lui m'a supplié de rester.
Il m'a supplié de ses yeux chocolat qui fondaient sur moi à chaque coup de rein quelques heures auparavant.
Mais mes yeux gris acier ont fermé les portes de mon coeur et je me suis vue ajouter un nouveau coup d'un soir à ma liste.

Je me rappelle avoir été au café la semaine d'après.
Ma cafetière m'avait lâché et je voulais boire un bon café.
Je me souviens avoir attrapé le journal au coin du bar.
L'équipe de foot du coin avait perdu la veille,
deux politiciens répondaient aux questions des journalistes.
En tournant le journal,
je tombais sur la rubrique des faits divers.

Je me souviens m'être levée, avoir renversé mon café, balancé le journal et être partie en courant.

Le regard chocolat s'était éteint la veille.
Son sublime corps était refroidi.
Sa jolie bouille, tombée d'un pont.
Un suicide.
Dire que je l'avais entre mes cuisses.
Dire que j'aurais pu le sauver.

OS [orelsan]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant