VIII

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Del

Les Humains sont faibles. Tellement faibles, croyant à des Dieux les ayant abandonnés il y a des décennies de cela.
Notre Dieu, lui, ne nous abandonnera pas. Pas tant qu'il ne sera pas déçu de nous, ses sujets.

-... Tué lentement. Tu m'écoutes ? M'interrogea le petit bout de femme se tenant à mes côtés.
-Oui Esther, je t'écoute. Mentis-je.
-Non, tu ne m'écoutais pas ! Qu'ai-je dit dans ce cas ? Me lança-t-elle sur un air de défis, les poings sur les hanches face à moi.

Je soupirais. Bien évidemment que je ne l'écoutais pas. Elle parle trop et tout le temps. Il est relativement compliqué de trier les informations intéressantes des inintéressantes dans ce flot de paroles.

Esther et moi nous étions rencontrés il y a deux ou trois ans de cela. Je l'avais entr'aperçu un matin assise dans un coin du Bosquet.
Lorsque je m'étais rapproché, un sourire de démence étirait ses lèvres alors qu'elle était en train de torturer des insectes. Elle faisait partit de ces Sylvaris qui ne s'étaient pas éveillés afin de servir le bien comme l'Arbre Clair nous l'avait recommandé dans notre Rêve.
Quelques temps plus tard, elle rejoignait notre cause.

Elle s'était embellie avec le temps. L'âge lui avait adouci les traits. Etrangement nous nous ressemblions beaucoup.

Esther n'était pas très grande mais relativement bien formée pour une Sylvari, qui pour la majorité étaient fines comme des brindilles. Sa peau très sombre et ses grands yeux noirs lui donnaient un air de démon.
Sa chevelure feuillue, d'un vert foncé lui aussi, était retenue en deux couettes à l'arrière de son crâne. Des oreilles pointues siégeaient de part et d'autre de sa tête. Ses lèvres pulpeuses étaient entourées de luisances vertes claires. Ses luisances parcourant son corps s'illuminaient la nuit venue laissant apparaître des sortes de tatouages et ce chez tous les Sylvari.

-Pourquoi tu me regardes ainsi ? Demanda-t-elle mal à l'aise, triturant ses doigts.

Elle  s'était attachée à moi très rapidement et au fur et à mesure, son  attachement s'était transformé en un tout autre sentiment. Je pouvais le sentir. D'une certaine façon, j'étais désolé pour elle, car pour moi Esther restait mon apprenti assassin et ce que je pouvais ressentir pour elle ne dépasserait pas le stade de l'amitié. Il est cependant vrai que je n'hésiterais pas à me servir de ses sentiments le cas échéant.

-Del ! Cria-t-elle soudainement, me faisant sursauter.
-Quoi ? Râlais-je sur le même ton.
-Je ne sais pas si tu t'en souviens et je pense qu'il vaudrait mieux pour toi mais elle nous attend !

J'avais complètement oublié que l'on avait été convié à une audience avec notre dirigeante.

Nous étions finalement arrivés à la grande salle de ce palais situé dans un coin reculé de la Jungle de Maguuma : la Caverne Dorée.
Autrefois un somptueux hall de guilde, il avait cependant été abandonné dans un état plus que négligé. Une chose est sure, personne ne viendrait nous dénicher ici.

Esther poussa les portes me devançant, et s'avança rapidement dans la magnifique pièce.

Des tapisseries à l'effigie de notre Dieu jonchaient les murs. De grands luminaires illuminaient toute la pièce ne laissant aucune parcelle d'ombre s'infiltrer.
Une rangée de tapis molletonnés conduisaient tout droit à un gigantesque trône siégeant au centre de la grande salle.
La végétation parcourant les murs, le sol et le plafond laissait croire que ce lieu était abandonné depuis des années.

-Olya, se précipita Esther en s'agenouillant, veuillez excuser notre retard.

Je l'imitais sans rien dire.
-N'aurais-tu pas oublié quelque chose jeune Sylvari ? L'interrogea Olya avec un sourire carnassier.

À côté de moi, Esther déglutit avec difficulté.

L'an mauditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant