XVIII

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Gaya

La soudaine sensation de brûlure au fond de ma gorge me réveilla net. L'envie de vomir me prit et seulement de la bile me sortit du gosier, m'étouffant presque par la même occasion.

Lorsque je sortis du lit dans lequel j'étais, qui ma foi était fort confortable, la pavé froid glaça mes pieds nus.
Ce détail me paniqua. Nous n'avions pas de pavé chez nous, seulement un vieux plancher craquant à chaque pas que nous lui infligions, Neven et moi.

-Neven, réveille-toi nous ne sommes pas chez nous chuchotais-je afin de ne pas réveiller les habitants de ce lieu inconnu.

Dans la pénombre de la pièce, je n'y voyais pas plus loin que le bout de mon nez et c'est à tâtons que je cherchais Neven à mes côtés.

-Neven, repris-je, ou es-tu ? Il faut que l'on rentre à la maison nous ne sommes pas chez nous !

Soudain, la lumière jaillit comme par la volonté des Six et éclaira, bien que faiblement, la pièce.

Les torches accrochaient au mur laissaient apparaître un halo de lumière autour d'elles, me laissant apercevoir l'éclat doré des murs.

Mais leur intensité trop faibles laissaient des recoins de la pièce dans l'obscurité la plus totale. Je ne suis même pas sûre que si quelqu'un s'y cachait je pourrais le distinguer.

Tournant la tête vers la place à côté de moi, Neven n'y étais pas.

-Neven ? Appelais-je à haute et intelligible voix. Mais ou était-il ? Ou étais-je ? Il devait se faire un sang d'encre. Je devais le rejoindre à la maison ou il allait s'inquieter et...

-Pourquoi paniques-tu ma belle ? Demanda une voix féminine me faisant sursauter.
-Q-Qui es-tu ? Bégayais-je paniquée en scrutant la pièce dans ses moindres recoins.
-Enfin Gaya, ou sont passés tes bonnes manières ? Demanda la femme en sortant de l'ombre. Je l'avais dis !

Jamais de ma vie je n'avais vu pareil Sylvari. À la fois fascinée par sa beauté et son étrangeté certaine.
Son corps svelte laissait désormais apparaître les luisances vertes claires qui le parsemaient. Sa peau aussi sombre que le charbon, ses grands yeux noirs et sa bouche en cœur lui donnaient un air de démon. J'eus l'impression qu'elle était en capacité de sonder mon âme à tout moment.

-Je me prénomme Esther, reprit-elle me voyant plongée dans un mutisme nouveau.
-Esther, marmonais-je. Esther je ne peux pas rester, cela m'est impossible. Mon homme m'attend sûrement chez nous et je ne souhaite pas le rendre inquiet plus longtemps. Mais ça à tout de même été un plaisir de te rencontrer.

Prise d'une précipitation soudaine, elle se jeta sur moi et prit mes mains dans les siennes.

-Gaya, oh gaya. Pourquoi personne ne t'as mise au courant ? Demanda-t-elle le visage emprunt d'une tristesse sincère et serrant davantage mes mains.
-Qu'y a-t-il ? Esther que se passe-t-il ? Demandais-je en proie à une terreur que je n'avais jamais ressentis de toute ma vie.
-Gaya, ton mari.. Neven ne t'attendra pas chez vous Gaya. Neven est décédé.

Je me défis de son emprise, m'effondrant littéralement au sol. Mon cœur se déchira, se brisa en milles morceaux, et dès lors, je su qu'aucune parole ne pourrait le réparer.

À quoi bon vivre sans ma moitié ? Mon âme criait en moi à la mort, elle pleurait cette injustice dont elle était victime. Pourquoi nous ? Les larmes dévalaient mes joues semblable à un torrent emportant tout sur son maudit passage.
Alors c'était ça ma vie désormais ? La finir seule à jamais ?

-Gaya je suis tellement désolée, pour rien au monde je ne voudrais être à ta place.

Je lui lançais un regard plein de larmes et d'incompréhension.

-Gaya, c'est sans doute son plus proche ami qui a manigancé tout cela, Lothar celui qu'il considérait même comme un frère ! C'est lui qui a tué Neven.
-C'est impossible, murmurais-je mon incompréhension se voyant décuplée. Lotha n'avait aucune raison de commettre ce crime !
-La gloire Gaya ! Vivre dans l'ombre d'un Envoûteur de renom est une chose bien difficile à encaisser. C'est la triste réalité Gaya, je suis confuse de te l'apprendre ainsi.
-Comment as-tu pu le savoir avant moi, sa femme ? Demandais-je toujours refusant de la croire.
-Les nouvelles vont vite Gaya, tu n'es pas sans le savoir. Mais je sens déjà ce nouveau feu qui t'habites. Ce désir de vengeance que tu essayes de réfréner. Laisse le prendre le dessus. Me dit-elle s'agenouillant devant moi et prenant mon visage entre ses mains.

Elle avait raison. J'avais soif de vengeance. Venger mon conjoint pour ce sort que lui avait infliger son meilleur ami.

Un nouvel éclat dû briller dans mes yeux car les lèvres d'Esther s'étirèrent en un rictus malsain.

-Rejoins nous Gaya, rejoins notre cause. Apprend à te battre comme il se doit grâce aux conseils que nous te donnerons. Et venge une bonne fois pour toute ton aimé.

Trop aveuglé par la vengeance, j'acceptais sans réfléchir. Tout ce qui comptais à présent c'était Lothar. L'anéantir. Le faire souffrir comme il a pu faire souffrir Neven.

La gentille et naïve Gaya que j'étais n'existe déjà plus. Laissant la place à une toute nouvelle moi : une Gaya sans aucune pitié pour qui que ce soit.

Devant mon air de démence nouveau, Esther souria à s'en débiter la mâchoire

L'an mauditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant